Les chrétiens de Syrie choqués par les attaques à Paris

(RV) Mgr Vincenzo Paglia, le président du Conseil pontifical pour la Famille, s'est rendu en Syrie les 14 et 15 novembre dernier. Il a donné à son retour une interview à nos confrères de l’agence I.MEDIA, confiant le bouleversement des chrétiens syriens après les attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre, soit la veille de sa visite, et décrivant la situation prévalant à Damas.

Sarah Bakaloglou

C’est une communauté chrétienne bouleversée que Mgr Paglia a rencontré à Damas. «Ils se sont sentis impliqués dans cet événement dramatique» explique-t-il. «Il y a eu une solidarité chrétienne» poursuit-il, précisant que tous ont la volonté de vaincre Daech, mais que cela nécessité l’unité de tous.

Au-delà de cette menace islamiste, les chrétiens de Syrie «vivent le drame dans le drame» estime le président du Conseil pontifical pour la famille. «Ils n’ont aucun type de représentation et ils risquent d’être encore plus affaiblis», estime-t-il. Leur objectif premier pour maintenir une présence chrétienne en Syrie qu’ils jugent indispensable, est d’arrêter la guerre. «C’est la condition d’un avenir possible» confie Mgr Paglia.

Car le présent est sombre. «Quatre millions [de Syriens] ont fui hors du pays. Aujourd’hui, deux millions et demi d’enfants ne vont pas à l’école. Les jeunes fuient aussi. L’économie est désastreuse, la classe moyenne abandonne le pays», rappelle Mgr Paglia.

Des bribes d’espoir existent comme il a pu le constater. Il raconte sa rencontre avec une petite fille blessée à l’œil par un éclat qui lui a transmis une lettre pour le Pape. «J’ai pardonné à tous ceux qui m’ont fait du mal» a-t-elle écrit. «Des enfants comme cela sauvent la Syrie. Beaucoup de chrétiens résistent de manière héroïque, fidèles au Seigneur et aussi à leur patrie», estime Mgr Paglia. Un peu d’espoir dans un conflit qui ne semble pas vouloir prendre fin.

Et lors de cette visite, Mgr Paglia a remis aux familles chrétiennes de Damas des exemplaires en arabe de l’Évangile de Luc que le Pape a offert aux familles des cinq continents lors de la Rencontre mondiale des famille de Philadelphie en septembre dernier. Le président du Conseil pontifical pour la famille a expliqué que ce geste et sa présence ont permis à ces chrétiens de «sentir concrètement qu’ils ne sont pas oubliés. Ils ont exprimé leur gratitude pour le Pape, pour ce qu’il a fait pour la Syrie. Ils ont une confiance illimitée en lui.» «Cela touche et fait de la peine de voir le samedi soir, au Mémorial de saint Paul, sept femmes âgées, dans l’obscurité - car à Damas très souvent l’électricité est coupée - qui prient dans un océan musulman, dans un conflit infini, avec des mortiers qui tombent à l’improviste, sans aucune règle», a-t-il enfin confié à nos collègues d’I.MEDIA.

(CV-XS avec I.MEDIA)