2015-11-25 16:24:00

Devant les autorités, François soutient les aspirations de la jeunesse kenyane


(RV) «Il y a un lien évident entre la protection de la nature et la construction d’un ordre social juste et équitable» : dans son premier discours officiel au Kenya adressé aux autorités du pays et au corps diplomatique dans le cadre des jardins de la State House, la résidence du chef de l’État, Uhuru Kenyatta, le Pape François est revenu sur un thème qui lui tient à cœur. Développé dans son encyclique Laudato Si’, qu’il a citée dans son adresse, le Saint-Père a rappelé aux autorités kenyanes les défis qu’elles devaient affronter pour le bien de cette «nation de jeunes».

La jeunesse, c’est l’une des priorités du Pape François lors de cette première étape en Afrique. «Les jeunes sont les ressources les plus précieuses de toute nation». C’est pourquoi, ce fait rappelé, le Pape a exprimé le désir ardent de «rencontrer beaucoup d’entre eux», de «parler avec eux» et d’ «encourager leurs espérances ainsi que leurs aspirations pour l’avenir».

Or cet avenir pourrait être compromis par «la grave crise environnementale qui menace notre monde» et qui «demande une sensibilité toujours croissante à la relation entre les êtres humains et la nature». «Dans un monde qui continue d’exploiter plutôt que de protéger notre maison commune», les valeurs de transmission de cet héritage naturel qui «sont profondément enracinées dans l’âme africaine», «doivent inspirer les efforts des dirigeants nationaux à promouvoir des modèles responsables de développement économique».

Le Pape établit alors avec clarté le lien existant entre «la construction d’un ordre social juste et équitable» et la protection de la nature, affirmant qu’il «ne peut y avoir aucun renouvellement de notre relation avec la nature sans un renouvellement de l’humanité elle-même». Il appelle donc «tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté à travailler pour la réconciliation et la paix, le pardon et l’apaisement».

Dans un pays qui en 2007-2008 a connu des affrontements meurtriers post-électoraux, le Pape insiste sur le fait que «dans l’œuvre de construction d’un ordre démocratique solide, par le renforcement de la cohésion et de l’intégration, de la tolérance et du respect des autres, la poursuite du bien commun doit être le premier objectif».

«L’expérience montre que la violence, le conflit et le terrorisme se nourrissent de la peur, de la méfiance ainsi que du désespoir provenant de la pauvreté et de la frustration». Le Pape invite ainsi ses interlocuteurs à rendre «un témoignage sincère aux grandes valeurs spirituelles et politiques qui ont inspiré la naissance de la nation».

Dans sa conclusion, le Pape François encourage «les dirigeants de la vie politique, culturelle et économique» du Kenya «à travailler avec intégrité et transparence pour le bien commun, et à promouvoir l’esprit de solidarité à chaque niveau de la société». Il les exhorte à «montrer un vrai souci des besoins des pauvres, des aspirations des jeunes ainsi que d’une juste distribution des ressources naturelles et humaines».

Voici le texte intégral du discours du Pape François :

«Monsieur le Président,

Honorables membres du Gouvernement et dirigeants civils,

Distingués membres du Corps Diplomatique

Mes frères Evêques,

Mesdames et Messieurs,

Je suis très reconnaissant pour votre accueil chaleureux à l’occasion de cette visite, ma première en Afrique. Je vous remercie, Monsieur le Président, pour votre aimable adresse au nom du peuple kényan et je me réjouis de mon séjour au milieu de vous. Le Kenya est une nation jeune et vigoureuse, une société d’une riche diversité qui joue un rôle important dans la région. De plusieurs manières, votre expérience de forger une démocratie est partagée par beaucoup d’autres nations africaines. Comme le Kenya, elles travaillent aussi à bâtir, sur de solides fondations de respect mutuel, de dialogue et de coopération, une société multiethnique vraiment harmonieuse, juste et inclusive.

Votre nation est également une nation de jeunes. Durant ces jours, je désire ardemment rencontrer beaucoup d’entre eux, parler avec eux et encourager leurs espérances ainsi que leurs aspirations pour l’avenir. Les jeunes sont les ressources les plus précieuses de toute nation. Les protéger, investir en eux et leur tendre une main secourable, sont la meilleure façon dont nous pouvons assurer un avenir digne de la sagesse et des valeurs spirituelles chères à leurs aînés, valeurs qui sont le cœur et l’âme d’un peuple.

Le Kenya a été béni non seulement par son immense beauté, par ses montagnes, ses rivières et ses lacs, ses forêts, ses savanes et semi-déserts, mais aussi par des ressources naturelles abondantes. Les Kenyans apprécient à leur juste valeur ces trésors de Dieu et sont connus pour une culture de sauvegarde qui vous honorent. La grave crise environnementale qui menace notre monde demande une sensibilité toujours croissante à la relation entre les êtres humains et la nature. Nous avons la responsabilité de transmettre la beauté de la nature dans son intégralité aux futures générations, et l’obligation de bien administrer les dons que nous avons reçus. Ces valeurs sont profondément enracinées dans l’âme africaine. Dans un monde qui continue d’exploiter plutôt que de  protéger notre maison commune, elles doivent inspirer les efforts des dirigeants nationaux à promouvoir des modèles responsables de développement économique.

En effet, il y a un lien évident entre la protection de la nature et la construction d’un ordre social juste et équitable. Il ne peut y avoir aucun renouvellement de notre relation avec la nature sans un renouvellement de l’humanité elle-même (cf. Laudato Si’, n. 118). Dans la mesure où nos sociétés connaissent des divisions, qu’elles soient ethniques, religieuses ou économiques, tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté sont appelés à travailler pour la réconciliation et la paix, le pardon et l’apaisement. Dans l’œuvre de construction d’un ordre démocratique solide, par le renforcement de la cohésion et de l’intégration, de la tolérance et du respect des autres, la poursuite du bien commun doit être le premier objectif. L’expérience montre que la violence, le conflit et le terrorisme se nourrissent de la peur, de la méfiance ainsi que du désespoir provenant de la pauvreté et de la frustration. Enfin, la lutte contre ces ennemis de la paix et de la prospérité doit être menée par des hommes et des femmes qui croient fermement et rendent un témoignage sincère aux grandes valeurs spirituelles et politiques qui ont inspiré la naissance de la nation.

Mesdames et Messieurs, la promotion et la préservation de ces grandes valeurs sont confiées de manière spéciale à vous, les dirigeants de la vie politique, culturelle et économique de votre pays. C’est une grande responsabilité, un vrai appel au service du peuple kenyan tout entier. L’Evangile nous dit qu’à ceux à qui il a été beaucoup donné, il sera beaucoup demandé (cf. Lc 12, 48). Dans cet esprit, je vous encourage à travailler avec intégrité et transparence pour le bien commun, et à promouvoir l’esprit de solidarité à chaque niveau de la société. Je vous demande en particulier de montrer un vrai souci des besoins des pauvres, des aspirations des jeunes ainsi que d’une juste distribution des ressources naturelles et humaines dont le Créateur a doté votre pays. Je vous assure des efforts inlassables de la communauté catholique, par ses œuvres éducatives et caritatives, pour offrir sa contribution spécifique dans ces domaines.

Chers amis, on m’a dit qu’ici au Kenya, c’est une tradition pour les jeunes écoliers de planter des arbres pour la postérité. Puissent ce signe éloquent d’espérance dans l’avenir et la confiance dans la croissance que Dieu donne, vous soutenir tous dans vos efforts pour cultiver une société de solidarité, de justice et de paix sur la terre de ce pays et partout dans ce grand Continent africain. Je vous remercie une fois encore pour votre accueil chaleureux et sur vous ainsi que sur vos familles, et sur tout le cher peuple kenyan, j’invoque d’abondantes bénédictions du Seigneur.

Mungu abariki Kenya !

Que Dieu bénisse le Kenya !»

(CV-XS)








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