(RV) Troisième et dernier jour du voyage du Pape François au Kenya ce vendredi
27 novembre 2015. En début de matinée, le Saint-Père s’est rendu dans le bidonville
de Kangemi, en périphérie de la capitale Nairobi. Un temps fort du premier voyage
en Afrique du “Pape des pauvres”. Dans un discours tenu devant de très nombreux habitants,
François a dénoncé l’injustice qu’ils subissent dans ces quartiers, tout en rappelant
leur richesse.
«Dieu n’oublie jamais les pauvres», a rappelé le Saint-Père dès le début
de son intervention, après un accueil en chants et en danse dans l'église Saint-Joseph
Travailleur de Kangemi. «Le chemin de Jésus commence dans les périphéries, il
part des pauvres et avec les pauvres, et va vers tous» a-t-il lancé devant les
habitants de Kangemi, un bidonville de 100 000 habitants en banlieue de Nairobi. Car,
a poursuivi le Pape dans un message d’espoir, c’est dans les «quartiers populaires»
que l’on trouve des «valeurs qui se fondent sur la vérité que chaque être humain».
Citant les Réflexions sur l’urbanisation et la culture de bidonville écrites
en 2010 par les prêtres argentins, le pontife souligne la sagesse particulière de
ces quartiers, une sagesse «très positive» qui «s’exprime par des valeurs
telles que la solidarité ; donner sa vie pour l’autre ; préférer la naissance à la
mort; donner une sépulture chrétienne aux morts. Offrir une place au malade dans sa
propre maison, partager le pain avec l’affamé». «Ces valeurs, a-t-il ajouté,
ne sont pas cotées en Bourse, ne sont pas objet de spéculation, et n’ont pas de prix
sur le marché.»
L’occasion pour François de dénoncer à nouveau le dieu argent, mais aussi «l’atroce
injustice de la marginalisation urbaine». «Des blessures, a-t-il expliqué,
provoquées par les minorités qui concentrent le pouvoir, la richesse et gaspillent
de façon égoïste» alors que «des majorités toujours croissantes sont obligées
de se réfugier dans des périphéries abandonnées, contaminées, marginalisées.»
Les injustices sont des réalités concrètes
C’est en énumérant des réalités très concrètes que le souverain argentin a poursuivi
: «des loyers exorbitants pour des logements qui se trouvent dans des conditions
inadéquates», «le manque d’accès aux toilettes, aux égouts, aux drainages, à la collecte
des déchets, à l’éclairage, aux routes, mais aussi aux écoles, aux hôpitaux, aux centres
de loisirs et de sport, aux ateliers d’art.» Citant un passage de son encyclique
Laudato Si’, le Pape a rappelé en particulier que «l’accès à l’eau potable
et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel, parce qu’il détermine
la survie des personnes, et par conséquent, il est une condition pour l’exercice des
autres droits humains. Ce monde a une grave dette sociale envers les pauvres qui n’ont
pas accès à l’eau potable, parce que c’est leur nier le droit à la vie, enraciné dans
leur dignité inaliénable» (Laudato Si’, n. 30).
Terre, toit, travail
Seule solution à ces injustices, «revenir sur l’idée d’une intégration urbaine
respectueuse. Ni éradication, ni paternalisme, ni indifférence, ni pur confinement.
Nous avons besoin de villes intégrées et pour tous» a martelé le Saint-Père.
«Le droit aux trois ‘‘T’’ : terre, toit, et travail” est sacré et doit être rendu
effectif, a-t-il poursuivi avec fermeté, ce n’est pas de la philanthropie,
c’est une obligation pour tous.»
Dénonçant avec force «de nouvelles formes de colonialisme» en Afrique, le Pape lance ici un appel. Appel aux politiques qui plient aux pressions et mènent à la «marginalisation». Appel aussi à tous les chrétiens, et aux prêtres. En tant que missionnaires, ils se doivent de lutter contre ces injustices, parce que «les pauvres sont les destinataires privilégiés de l’Évangile» a affirmé enfin celui qu’on appelle le Pape des pauvres.
(BH)
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