2015-12-21 13:03:00

Les "vertus nécessaires" pour travailler à la Curie


(RV) C’est un des moments les plus importants de l’année pour la Curie romaine : les vœux du Pape à ses membres. Il y a un an, le Pape François avait prononcé un discours fort qui avait eu un grand écho dans et hors du Vatican, faisant la liste de quinze maladies pouvant affecter les collaborateurs du Saint-Siège. Il a d’ailleurs rappelé que « certaines de ces maladies se sont manifestées au cours de cette année, causant beaucoup de douleur à tout le corps et blessant beaucoup d’âmes ». Et de prévenir : « la réforme ira de l’avant avec détermination, lucidité et résolution », parce que l’Église se réforme toujours.

Cette année, toutefois, François a montré davantage de mansuétude ce lundi 21 décembre 2015, reconnaissant que « ce serait une grande injustice de ne pas exprimer une vive gratitude et un juste encouragement à toutes les personnes saines et honnêtes qui travaillent avec dévouement, dévotion, fidélité et professionnalisme, offrant à l’Église et au Successeur de Pierre le réconfort de leur solidarité et de leur obéissance ainsi que de leurs prières généreuses ».

Le Pape a donc voulu encourager ses collaborateurs, les invitant à « revenir à l’essentiel » dans le contexte de l’Année de la Miséricorde. Il leur a ainsi proposé « “un catalogue des vertus nécessaires” non-exhaustif, pour qui prête service à la Curie et pour tous ceux qui veulent rendre féconde leur consécration ou leur service à l’Église ». Et il l’a fait sous une forme originale, celle d’une « analyse acrostiche » à partir du mot « misericordia ». A chaque lettre du mot correspondant une parole significative dont le Pape a développé le sens. Xavier Sartre

Le propos est positif, la démarche se veut aimable. Mais tout en reconnaissant les mérites et les qualités de ses collaborateurs, le Pape François ne manque pas de souligner, sous forme de douze conseils, les écueils qui peuvent les guetter. Premier rappel : « le caractère missionnaire est ce qui rend, et montre la curie fructueuse et féconde ; elle est la preuve de la vigueur, de l’efficacité et de l’authenticité de notre action. »

Pas question de travailler à coup de « recommandations » et de « faveurs ». Au contraire, il faut promouvoir « l’aptitude » qui « demande l’effort personnel d’acquérir les qualités nécessaires et requises pour exercer au mieux ses propres tâches et activités, avec l’intelligence et l’intuition ».

Pour nourrir, soutenir « notre conduite » et la protéger de « la fragilité humaine et des tentations quotidiennes », il ne faut pas oublier « la spiritualité », « colonne vertébrale de tout service dans l’Église et dans la vie chrétienne ». A cela, il faut ajouter « l’humanité » qui « est ce qui incarne la véridicité de notre foi. Celui qui renonce à son humanité renonce à tout » prévient le Pape.

Autres vertus : l’exemplarité et la fidélité, essentielles après les derniers scandales qui ont secoué le Vatican. L’« exemplarité pour éviter les scandales qui blessent les âmes et menacent la crédibilité de notre témoignage. Fidélité à notre consécration, à notre vocation », explique le Pape.

Pour éviter « les excès de la bureaucratie et des programmations et planifications », il faut de la « rationalité » et surtout de « l’amabilité », deux « talents nécessaires pour l’équilibre de la personnalité ».

Dans le domaine de l’action, le Pape recommande « l’innocuité qui nous rend prudents dans le jugement, capables de nous abstenir d’actions impulsives et précipitées », et la « détermination » qui consiste à « agir avec une volonté résolue, avec une vision claire et dans l’obéissance à Dieu, et seulement pour la loi suprême de la salus animarum ».

L'honnêteté, la base de toutes les autres qualités

Autres vertus « indissociables de l’existence chrétienne » : la charité et la vérité, car « charité sans vérité devient idéologie d’un “bonnisme” destructeur et la vérité sans charité devient justice aveugle ».

Le Pape n’oublie pas « l’honnêteté » qui « est la rectitude, la cohérence et le fait d’agir avec sincérité absolue avec soi-même et avec Dieu ». « Talent des âmes nobles et délicates » : la déférence, associée par le Pape à l’humilité, « vertu des saints et des personnes remplies de Dieu qui, plus elles acquièrent de l’importance, plus grandit en elles la conscience de n’être rien et de ne rien pouvoir faire sans la grâce de Dieu ».

Dans le contexte de l’Année de la Miséricorde, le Pape n’a pas manqué de rappeler une évidence : « il est inutile d’ouvrir toutes les Portes Saintes de toutes les basiliques du monde si la porte de notre cœur est fermée à l’amour, si nos mains sont fermées à donner, si nos maisons sont fermées à héberger, si nos églises sont fermées à accueillir. L’attention c’est soigner les détails et offrir le meilleur de nous-mêmes, et ne jamais baisser la garde sur nos vices et nos manques. »

Face aux réformes qu’il mène, le Pape semble proposer à ses collaborateurs deux vertus dont il doit avoir bien besoin : « l’impavidité et la promptitude », c’est-à-dire « ne pas se laisser effrayer face aux difficultés », « agir avec audace et détermination et sans tiédeur » et « savoir agir avec liberté et agilité sans s’attacher aux choses matérielles provisoires ».

Enfin, le Pape rappelle deux qualités incontournables dans le contexte actuel : la fiabilité et la sobriété. « Celui qui est fiable est celui qui sait maintenir ses engagements avec sérieux et crédibilité quand il est observé mais surtout quand il se trouve seul ; c’est celui qui répand autour de lui un climat de tranquillité parce qu’il ne trahit jamais la confiance qui lui a été accordée. La sobriété (…) est la capacité de renoncer au superflu et de résister à la logique consumériste dominante. La sobriété est prudence, simplicité, concision, équilibre et tempérance ». « Celui qui est sobre est une personne cohérente et essentielle en tout, parce qu’elle sait réduire, récupérer, recycler, réparer, et vivre avec le sens de la mesure. »

Autant de vertus nécessaires donc que les membres de la Curie romaine pourront méditer en ce temps de Noël. Le Pape, espère ainsi que la miséricorde guide les pas, inspire les réformes, éclaire les décisions de la Curie. En somme, qu’elle soit la colonne vertébrale de son action. Ultime rappel, « la miséricorde n’est pas un sentiment passager, mais elle est la synthèse de la Bonne Nouvelle, elle est le choix de celui qui veut avoir les sentiments du “Cœur de Jésus” de celui qui veut suivre sérieusement le Seigneur qui nous demande : « Soyez miséricordieux comme votre Père ». (MD-XS)

 

 








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