2016-02-19 16:50:00

Les adieux d'Alberto Gasbarri, organisateur des voyages pontificaux


(RV) Directeur administratif de Radio Vatican et organisateur des voyages de trois Papes (Jean-Paul II, Benoît XVI et François), Alberto Gasbarri prend sa retraite le 29 février prochain. La tournée du Pape François au Mexique, du 12 au 18 février, était donc la dernière étape d’une longue liste de voyages aux quatre coins du monde, dans des conditions parfois extrêmes.

Au terme de la conférence de presse du Pape François le 18 janvier 2016, un hommage émouvant a été rendu au dottore Gasbarri, fidèle accompagnateur des papes. La doyenne des vaticanistes, Valentina Alazraki, a rappelé qu’à la fin du pontificat de Jean-Paul II, Alberto Gasbarri «était un peu comme un fils : il n’organisait pas seulement les voyages mais il était proche d'un homme qui chaque jour avait de plus en plus de limites physiques, pour qui on a tout inventé - le trône mobile, la plateforme mobile - et nous avons vu avec quel sentiment, avec quelle angoisse, parfois, il était proche de lui et était attentif à ce qu’il ne tombe pas, qu’il soit bien.» Après la période plus calme, d’un point de vue logistique, du pontificat de Benoît XVI, «un ouragan est arrivé», a lancé avec humour la journaliste mexicaine, évoquant le Pape François et sa spontanéité, qui donne beaucoup de fil à retordre à ses accompagnateurs...

«Chaque Pape est un homme : il a ses goûts, il a ses rythmes, il a ses priorités et je crois qu’Alberto Gasbarri a réussi à les interpréter tous les trois, de la meilleure des manières, et toujours avec une gentillesse, un calme, une éducation vraiment extraordinaire. Donc, vraiment cela me rend très triste que tu ne sois pas au prochain voyage !», a conclu la journaliste mexicaine.

Très ému, Alberto Gasbarri a remercié le Pape «pour sa confiance et sa patience». Il s’est livré au récit d’une anecdote survenue lors du voyage du Pape en Centrafrique, en novembre 2015. «Le Saint-Père devait rencontrer les évêques, et je vois qu’il va dans une chapelle où il n’y avait pas les évêques. Je luis dis : "mais, Saint-Père, vous devez rencontrer les évêques". Et lui me répond : "je vais à la chapelle pour prier la Madonne, pour qu’elle me donne beaucoup de patience pour supporter Gasbarri". Voilà, maintenant je l’ai libéré d’une intention de prière !», a lancé Alberto Gasbarri, dans un éclat de rire général. Il a aussi dit sa gratitude pour Benoît XVI, avec qui il a encore «un rapport d’affection et de dévotion», et évoqué la mémoire de Saint Jean-Paul II et du cardinal Roberto Tucci, dont il avait longtemps été l’adjoint.

Le Pape François l’a chaleureusement remercié en faisant remarquer qu’Alberto Gasbarri lui avait donné «de bons conseils», mais qu’il a seulement un défaut : «Il ne sait pas bien calculer les kilomètres !».

Alberto Gasbarri sera remplacé par un prélat colombien, Mgr Mauricio Rueda Beltz actuellement en poste dans la seconde section de la Secrétairerie d’Etat et qui travailla par le passé dans la diplomatie vaticane en Jordanie et aux Etats-Unis.

Le discret «tour-opérateur» du Pape

Le quotidien italien La Stampa avait rendu hommage ce samedi 2 janvier 2016 au «tour-opérateur» du Pape.

Un «physique de gentleman anglais, mais romain de naissance», Alberto Gasbarri a passé la moitié de son temps loin de l’Italie ces dix dernières années. En tant que responsable des voyages pontificaux, il s’occupait personnellement de faire des repérages là où le Saint-Père était attendu, et de traiter avec les autorités de ces pays, chefs de protocole, de la police et des services de renseignements. Cela n’avait pour lui rien d’inhabituel.

Vent ou chaleur tropicale, la Stampa saluait cet homme «impeccable» en toutes circonstances, même lors d’imprévus de dernières minutes. Quand par exemple, en 1988, l’avion de Jean-Paul II en direction du Lesotho a été contraint par la météo de se poser en Afrique du Sud et qu’il dut organiser le transfert de 200 personnes sur 600 km, de Johannesburg jusque Maseru. Ou en 1986 : l’avion du Pape polonais revenant d’Inde a été empêché par la neige d’atterrir à Rome. Il fallut se poser à Naples, et Alberto Gasbarri s’occupa au plus vite de réserver un train pour le Pape et sa suite afin de regagner Rome.

Avec le Pape François, il dut au pied levé organiser une rencontre à Rio entre le nouveau souverain pontife et des milliers d’Argentins. Il seconda le Pape venu de l’autre bout du monde lorsque celui-ci souhaita se rendre à Tacloban, malgré l’arrivée d’un typhon. Depuis l’avion papal, Alberto Gasbarri était en contact radio permanent avec les pilotes militaires, rapportait La Stampa.

S’il est depuis 10 ans le responsable officiel des voyages pontificaux, il s’en occupe depuis bien plus longtemps. Arrivé à 23 ans à Radio Vatican, avec un diplôme d’économie en poche, il a grimpé les échelons jusqu’à devenir le directeur administratif de la radio, et bras droit de son ancien directeur (1973-1985), le jésuite Roberto Tucci créé cardinal en 2001 et décédé en avril 2015.

(CV-MD)








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