2016-03-08 13:32:00

Exercices spirituels à Ariccia : l'Église doit faire briller le visage de Dieu


(RV) Que l’Église sache faire un pas de côté, pour que dans son annonce elle fasse toujours briller le visage de Dieu, et non elle-même : c’est le point sur lequel le père Ermes Ronchi a insisté dans la quatrième méditation des exercices spirituels que le religieux est en train de prêcher au Pape François et à la Curie romaine, à la Maison du Divin Maître, à Ariccia. Le point de réflexion de la matinée a été tiré de l’extrait de l’Évangile dans lequel Pierre fait sa profession de foi sur le Christ.

La demande que Jésus fait aux disciples résonne à l’abri du «lieu à l’écart» dans lequel Jésus les a conduits. Pour un moment, il n’y aucun attroupement, aucun vacarme, mais seulement «le silence, la solitude, la prière». Seulement un moment d’intimité «entre eux, et entre eux et Dieu». Et cette question de Jésus : «Qui suis-je, aux dires des hommes ?»

La meilleure affaire de ma vie

Dans le silence analogue de la retraite d’Ariccia, le père Ermes Ronchi a mis le Pape François et ses collaborateurs face à la même sollicitation. Et surtout à ce «mais» que Jésus souligne, qui creuse dans l’âme : «Mais vous, qui dites-vous que je suis». Une façon de dire aux siens, a observé le père Ronchi, de ne pas se contenter de ce que disent les gens, parce que «la foi n’avance pas par ouï-dire».

«La réponse que Jésus cherche, ce ne sont pas des paroles. Lui, il cherche des personnes. Pas des définitions, mais des implications : "Qu’est-ce qui t’est arrivé, quand tu m’as rencontré ?" Jésus est le maître du cœur, Jésus ne donne pas des leçons, il ne suggère pas des réponses, il te conduit avec délicatesse à chercher à l’intérieur de toi. Et moi, je voudrais pouvoir répondre : "te rencontrer a été la meilleure affaire de ma vie ! Tu as été la meilleure chose qui me soit arrivée."»

La foi évolue

«Qui suis-je pour toi?» est une demande d’amoureux, a dit le prédicateur des exercices. Et ce qui frappe, c’est que Jésus n’endoctrine personne. «Il n’y a aucun Credo à composer», a affirmé le père Ronchi. Ce qui intéresse Jésus, c’est de savoir si les siens ont ouvert le cœur. Affirmer, comme le fait Pierre, que le Christ est «le Fils du Dieu vivant» est une vérité qui a du sens si le Christ est «vivant à l’intérieur de nous». «Notre cœur, a souligné le père Ronchi, peut être le berceau ou le tombeau de Dieu».

«Vous voulez vraiment savoir quelque chose de moi, dit Jésus, et en même temps quelque chose de vous ? Je vous donne un rendez-vous : un homme en croix. Un homme qui est déposé en haut. Encore avant, jeudi, le rendez-vous du Christ sera un autre : un homme qui est déposé en bas. Qui prend une serviette et qui se baisse pour laver les pieds aux siens (…). Paul a raison : le christianisme est scandale et folie. Maintenant nous comprenons qui est Jésus : il est un baiser à celui qui le trahit. Il ne rompt personne, il se rompt lui-même. Il ne verse le sang de personne, il verse son propre sang. Il ne sacrifie personne, il se sacrifie lui-même.»

“Projecteurs” sur le Christ

Jusqu’au moment de cette demande faite dans le silence, les disciples n’ont pas encore compris ce qui était sur le point d’arriver à leur Maître. Pour cela Jésus est clair dans la demande qu’il leur fait de ne rien dire à personne. «Un ordre sévère» qui «concerne toute l’Église», a souligné le prédicateur, parce que «parfois nous avons prêché un visage déformé de Dieu». «Nous, les prédicateurs, nous semblons tous égaux», mêmes gestes, mêmes mots, mêmes vêtements. Mais les gens nous demandent : «donne-moi ton expérience de Dieu». Et le Christ, a-t-il poursuivi, «n’est pas ce que je dis de Lui, mais ce que je vis de Lui». «Nous ne sommes pas, nous, des médiateurs entre Dieu et l’humanité, le vrai médiateur, c’est Jésus», a conclu le père Ronchi. Comme Jean-Baptiste, nous devons préparer la voie, et ensuite, «se mettre à l’écart».

«Pensez à la beauté d’une Église qui n’allume pas les projecteurs sur elle-même, mais sur un Autre. Nous en avons, du chemin à faire ! Diminuer. (…) Jésus ne dit pas "prends ma croix", mais la vôtre, chacun la sienne (…). Le rêve de Dieu n’est pas un interminable cortège d’hommes, de femmes et d’enfants, chacun avec sa croix sur les épaules. Mais des gens en chemin vers une vie bonne, heureuse et créative. Une vie qui coûte un prix tenace d’engagement et de persévérance. Mais aussi un prix doux, de lumière : "le troisième jour, Il ressuscitera"».

(CV)

 

 

 

 








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