2016-03-23 18:40:00

L'Église de Singapour progresse dans une société sécularisée


(RV) L’Eglise catholique à Singapour compte environ 360 000 fidèles, auxquels viendront se joindre les 1 127 nouveaux catholiques qui seront baptisés lors de la Vigile pascale, ce 26 mars 2016. À titre de comparaison, il y aura 4 911 baptêmes d’adultes en France pour plus de 40 millions de catholiques, ce qui représente une proportion 25 fois moindre du nombre de catéchumènes, par rapport au nombre total des baptisés. Année après année, la vitalité de l’Église catholique à Singapour continue de s’affirmer comme une caractéristique notable d’une société par ailleurs plutôt séduite par le "money-théisme", selon un jeu de mot formulé par l'agence Églises d'Asie, l'agence de presse des Missions étrangères de Paris.

Ne pas seulement faire du chiffre

Dans le diocèse de Singapour, le chemin vers le baptême n’est pourtant pas une simple formalité. Les adultes doivent suivre un parcours catéchuménal de plus d’un an, le RCIA (Rite of Christian Initiation of Adults). Cela veut dire se retrouver une fois par semaine avec d’autres catéchumènes, encadrés par des laïcs formés et un prêtre. Chaque catéchumène est accompagné par un « sponsor », un catholique qui le suit pendant toute la formation. Il s’agit d’apprendre à connaître la Bible, se familiariser avec les enseignements et les traditions de l'Église catholique, le tout dans une atmosphère de prière, de réflexion et de discernement. Les catéchumènes se retrouvent aussi à la messe chaque week-end et quittent la cérémonie après l’homélie pour un partage d’Évangile. L’année est parsemée de rites, tels que celui de l’appel décisif, juste avant le baptême prévu à Pâques.

Cette année, pour le rite de l’appel célébré lors d’une messe anglophone, Mgr William Goh Seng Chye, l’actuel archevêque de Singapour, a déclaré : «Nous avons 992 catéchumènes au total, ce qui signifie une augmentation de 17 % par rapport à l’année dernière (…). Cependant, nous pouvons mieux faire, nous devons travailler plus dur. Il ne s’agit pas seulement de faire du chiffre, car répandre le message de la Bonne Nouvelle est en fait une œuvre d’amour, une œuvre de miséricorde.»

Devenir catholique à l’âge adulte à Singapour, équivaut la plupart du temps à quitter une religion pour en rejoindre une autre. «Ma mère était la seule catholique de la famille», explique Davinus Thiang, 28 ans. C’est à la suite de son décès qu’il commença à s’interroger sur la foi de sa mère. Il termine son témoignage ainsi : «Bien qu’elle soit bouddhiste, ma fiancée sera présente à mon baptême à Pâques.»

Un paysage religieux qui évolue

Le panorama religieux de Singapour n’est pas figé et tend à évoluer progressivement en fonction des mouvements migratoires, de l’évolution des mentalités et des conversions. Depuis quelques années, on note paradoxalement une nette progression de la religiosité en même temps qu’une très réelle progression du nombre des personnes ne se réclamant d’aucune religion. Si le nombre de chrétiens – et notamment de catholiques – continue à augmenter (ils représentent désormais près de 19 % de la population de la cité-État), le nombre de conversions et de baptêmes a plutôt tendance à se stabiliser. Le Bureau des statistiques de Singapour vient de publier un rapport sur la population dans lequel est souligné, entre autres choses, l’augmentation sensible du nombre de personnes ne s’identifiant à aucune religion (18,5 % en 2015, par rapport à 17 % en 2010).

Progression notable des "sans religion"

Les plus jeunes et ceux qui ont suivi de longues études sont les plus nombreux à ne pas se reconnaître dans une religion (23 % des 15-24 ans et 25,8 % de ceux qui sont passés par l’université). Malgré cette progression des "sans religion", Mathew Mathews, chercheur à l’Institute of Policy Studies, souligne le fait qu’il est «difficile de dire s’ils n’ont vraiment aucune croyance religieuse (…). Ils peuvent adhérer à des croyances, mais simplement ne pas avoir le sentiment de faire partie d’un groupe précis.»

Face à ces évolutions, le gouvernement de Singapour tient à afficher sa neutralité et tente de promouvoir une laïcité ouverte où chaque religion a sa place dans le domaine public, pour autant toutefois qu’elle ne se mêle pas de trop près à la politique et respecte les autres religions. Les agnostiques, athées, humanistes et autres libres penseurs représentant maintenant près du cinquième de la population, des voix se font entendre pour que le gouvernement prenne un peu plus en compte cette partie de la population, notamment sur des sujets tels que la liberté d’expression, l’euthanasie ou encore le mariage homosexuel.

(CV - agence Églises d'Asie)








All the contents on this site are copyrighted ©.