2016-04-09 15:34:00

Les évêques d'Afrique du Nord face aux défis de la coexistence


(RV) Malgré les attentats du Bardo, de Sousse et de Tunis, et la tentative récente d’invasion de la région de Ben Guerdane, l’Église en Tunisie regarde avec confiance le chemin que poursuit le pays depuis la révolution de 2011. Ce dossier a été évoqué ces jours derniers à Tanger où les évêques d’Afrique du Nord, réunis au sein de la CERNA (Conférence Episcopale de la Région Nord de l’Afrique), se sont retrouvés pour leur assemblée plénière. Avec l’aide de Caritas, l’archidiocèse de Tunis s’efforce de venir en aide aux migrants et aux détenus chrétiens isolés. 

L’Église de Libye n’était pas représentée : le vicaire apostolique de Tripoli est malade ; quant à son coadjuteur les troubles survenus dans les jours précédant son départ ont rendu son déplacement impossible. C’est donc par écrit qu’il a informé ses confrères sur la manière dont la communauté chrétienne vit ce temps de crise, avec le départ de beaucoup de travailleurs expatriés et la situation précaire des migrants. Quelques communautés religieuses, dont les franciscains, poursuivent courageusement leur service, tandis que plusieurs autres ont été rappelées par leurs responsables dans leurs pays respectifs. Ils prient et agissent modestement à leur niveau, espérant que les parties en présence arriveront à restaurer la paix et la stabilité.

Dans cette région du monde où le nombre des chrétiens est insignifiant et où des situations politiques ou sociales compliquées créent des tensions et divisent les sociétés, l’engagement de l’Église aux côtés de ceux qui souffrent lui vaut parfois des incompréhensions, ont constaté les participants. À propos de la situation des migrants, les évêques du Maghreb ont tenu à dire leur indignation devant les conséquences très lourdes de l’accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie. «Si l’Europe s’affole de ces migrations, elle est loin d’être la seule et la plus touchée», soulignent-ils dans leur communiqué final. Pas un pays d’Afrique qui n’accueille son lot de déplacés, réfugiés et migrants. Certains groupes peuvent espérer islamiser l’Europe, mais selon les évêques, «vivre comme une citadelle agressée n’est pas la meilleure manière de réagir».

La dimension africaine des pays et des Églises du Maghreb a également été abordée. Ces pays accueillent des étudiants depuis de longues années et de plus en plus de migrants. Les fidèles d’Afrique subsaharienne sont de plus en plus nombreux. Le décalage culturel entre les pasteurs et ces nouveaux fidèles constitue un défi. Au cours de cette assemblée, l’Église du Maroc a fait état d’initiatives audacieuses comme la création d’un Ribat, un couvent interreligieux en lien avec le Conseil supérieur des Oulémas. Tandis qu’au Sahara Occidental, le visage de la communauté chrétienne évolue avec le départ d’une partie du personnel de la MINURSO et la présence nouvelle de migrants.

L’Église en Algérie, qui célèbre deux anniversaires importants : le centenaire de la mort de Charles de Foucauld et le vingtième anniversaire de la mort des moines de Tibhirine, est depuis 2015 dans l’attente de la nomination d’un nouvel archevêque à Alger, et de la nomination d’un nonce apostolique. Tout en se réjouissant de la stabilité du pays, elle relève les défis qu’il doit affronter après l’effondrement des prix des hydrocarbures et les mutations de plusieurs pays de la région. La rencontre était présidée par Mgr Paul Desfarges, évêque de Constantine et Hippone et administrateur apostolique d’Alger. La prochaine assemblée de la CERNA se tiendra au Sénégal fin janvier 2017.

(CV-RF)

 








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