2016-04-27 17:43:00

Afrique du Sud : l'Église s'inquiète de l'instabilité politique


(RV) L’Église sud-africaine tire la sonnette d’alarme face au climat délétère dans le pays. Des élections locales auront lieu au mois d’août dans le pays, marqué par une profonde crise économique et sociale et une défiance grandissante envers les responsables politiques. La commission Justice et Paix de l’épiscopat sud-africain s’inquiète de la rhétorique guerrière de plusieurs leaders et invite à affronter à la racine les maux qui minent le pays.

Hélène Destombes

Les évêques d’Afrique du Sud ne cachent pas leurs préoccupations face au climat politique et social de leur pays. Dans une note publiée le 25 avril, le président de la commission épiscopale Justice et Paix, Mgr Abel Gabuza, met en garde les responsables politiques contre les discours belliqueux qui marquent la campagne électorale du mois d’aout. «Des discours, déplore-t-il, qui peuvent inciter à la violence et risquent de faire basculer le pays dans une guerre civile». Une mise en garde qui faisait directement allusion aux récentes déclarations du leader de l’opposition Julius Malema, qui a menacé de «chasser le gouvernement par les armes».

Le Congrès National Africain (ANC), parti au pouvoir a porté plainte contre Malema pour «trahison». Malema est lui-même un ancien de l’ANC, où il dirigeait la ligue des jeunes du parti. «Nous avons déjà vu les conséquences de la guerre civile dans d’autres pays africains, s’est inquiété Abel Gabuza, avec son lot de pertes humaines, les crises des réfugiés et les dommages irréparables sur l’économie, nous ne voulons pas que notre pays s’engage sur cette voie». Selon la commission Justice et Paix, le gouvernement sud-africain devrait affronter les causes du mécontentement en combattant notamment les inégalités économiques croissantes, le chômage des jeunes, le clientélisme et la course effrénée aux honneurs politiques surtout quand ils sont synonymes d’enrichissement personnel.

Depuis plusieurs mois, l’Afrique du Sud est frappée par une grave crise économique et sociale, qui mine le quotidien des habitants, marqué par des coupures d’eau et d’électricité quasi quotidiennes. Les étudiants protestent régulièrement contre le tarif des frais de scolarité. Mais c’est la répression policière des manifestations qui provoque la colère de nombreux Sud-Africains, fragilisant encore un peu plus la position du président Jacob Zuma. Le 31 mars dernier, l’impopulaire chef de l’état avait été sommé par la Cour Constitutionnelle du pays de rembourser les frais de restauration de sa propriété privée, financée avec l’argent du contribuable.

Ce mercredi, le président a écarté l’idée d’une démission anticipée, malgré la grogne de nombreux Sud-Africains. «Nous avons travaillé dur pour construire ce pays, il ne peut pas être détruit par des anarchistes» a-t-il lancé devant des partisans, faisant allusion au parti de Julius Malema. 

(CV-OB)








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