2016-04-30 15:48:00

Méditation pour le 6ème Dimanche de Pâques


Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures du 6ème Dimanche de Pâques

En ce temps de Pâques, les liturgies dominicales nous invitent à suivre la manière dont la bonne nouvelle de la résurrection est accueillie, et fait son chemin dans les cœurs. Elles nous font découvrir également les premiers pas de l’Eglise.

Aujourd’hui, la première lecture, tirée du livre des Actes des Apôtres, nous raconte comment l’Eglise naissante a traité une délicate question : convient-il que tous ceux qui reconnaissent, en Jésus, le Christ, soient circoncis ? En d’autres termes : la pratique juive doit-elle être nécessairement suivie ? Cette question n’est pas traitée à la légère. Elle est posée à Antioche, où se trouvaient Paul et Barnabé, par des fidèles originaires de Judée. Paul et Barnabé décident alors de se rendre à Jérusalem, pour recueillir la décision de ceux en qui ils voient des hommes investis d’une autorité morale (ceux qui sont appelés : les Apôtres et les Anciens). Après réflexion, ces mêmes Apôtres et Anciens décident que Paul et Barnabé rentreront à Antioche en étant accompagnés de deux hommes d’autorité (Jude et Silas) pour transmettre l’option retenue : aucune obligation ne doit peser sauf s’abstenir de manger des aliments offerts aux idoles, du sang ou de la viande non saignée, et s’abstenir des unions illégitimes.

Cette histoire est une belle illustration de la manière dont sont prises, et communiquées, les décisions dans l’Eglise des premiers temps. Cette histoire invite à se méfier des interventions qui sèment le trouble et le désarroi, et qui, en définitive, détournent de l’attention à l’enseignement de Jésus et du désir de suivre le Christ, mort et ressuscité. En Jésus-Christ un chemin est proposé, et tout ce qui risque de faire dévier de cette route est à éviter. Au fil des siècles, l’Eglise adoptera cette ligne de conduite. Une telle manière de procéder suppose d’accepter l’existence des questions qui, effectivement, se posent (et donc de ne pas fuir ces questions), de recueillir les éléments susceptibles de nourrir la réflexion, d’échanger avec d’autres personnes reconnues pour leur sagesse, de discerner là où le Seigneur appelle, enfin de décider et de communiquer soigneusement l’option retenue. Dans son histoire, l’Eglise a parfois vécu un tel processus comme un lourd défi et, au fil des siècles, des brisures sont apparues. Ne nous étonnons pas que, à notre époque également, ce chemin de décision demeure à l’ordre du jour. Méfions-nous de ce qui nous éloigne d’une réelle attention à la personne du Christ, hier et aujourd’hui.

L’extrait de l’Evangile de Jean lu ce dimanche nous indique une direction semblable. Dans cet Evangile, on entend Jésus dire à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui » et (un peu plus loin) « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne ». Jésus ne promet pas à ses disciples une vie de tranquillité ou de béate insouciance. Jésus les invite plutôt à reconnaître les tensions qui, inévitablement, se présenteront, mais à vivre ces difficultés sans quitter le chemin que lui-même ne cesse de leur indiquer. L’histoire de l’Eglise, notre histoire, est faite de cette expérience de discernement.

Puisse l’Eglise avancer ainsi vers cette « cité [qui] n’a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l’illumine, et sa source de lumière, c’est l’Agneau ». Ces paroles, que nous entendons dans l’extrait du livre de l’Apocalypse lu ce dimanche, montrent la voie d’une espérance.

Puissions-nous nous aider mutuellement, en Eglise, à affronter les défis que nous rencontrerons dans notre désir de suivre le Christ, et dans notre détermination à le suivre ensemble !








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