2016-05-10 16:15:00

Des Bektashis au Vatican


(RV) Le Vatican accueille ces jours-ci une délégation de la Communauté Bektashi d’Albanie. Emmenée par le chef mondial de l’ordre, elle a été reçue mardi matin par le secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, Mgr Ayuso et ce mercredi elle rencontrera le Pape François avant l’audience générale. Dans le passé, déjà, des représentants de ce mouvement ont participé à des événements organisés par le Saint-Siège comme la prière pour la paix dans les Balkans en 1993 à Assise ou encore la Béatification de Mère Teresa de Calcutta en 2003 à Rome. Le Saint-Père les avait rencontrés lors de sa visite apostolique en Albanie en 2014.

Ils se réclament de l’islam mais la majorité des musulmans orthodoxes les considèrent comme hérétiques. Le Bektashisme est une confrérie issue de la mouvance soufie chiite fondée au XIII ème siècle en Anatolie et qui s’est ensuite répandue dans les Balkans surtout en Albanie où les Bektashi restent cependant minoritaires face à un islam essentiellement sunnite. Les Bektashis professent un culte ésotérique peu connu. Le mysticisme a pour eux beaucoup plus d’importance que les préceptes. Leur dogme se concentre sur la perfection spirituelle, la pureté morale, le respect des autres, l’harmonie avec les autres religions. Il prône une vie simple et le rejet des plaisirs mondains.

Persécutés pendant le communisme

Le but est en effet de parvenir à la connaissance de Dieu ; cela suppose pour les Bektashi une lutte individuelle de l’homme contre ses mauvais penchants. Leur mission est un combat d’idées. Les Bektashi s’abstiennent de nombreuses pratiques ordinaires de l’islam sunnite. Ils ne prient que deux fois par jour ; ils ne sont pas obligés de se tourner vers La Mecque ; leurs femmes ne sont pas voilées ; et s’ils ne mangent pas de porc, la consommation d’alcool en revanche n’est pas totalement bannie. Le Bektashisme a intégré de nombreuses cultures, y compris celles des nomades. Certains rites spécifiques semblent même dériver des premiers temps du christianisme : la confession publique suivie de l’absolution, les repas rituels où l’on partage le pain, le vin et le fromage.

Certains font vœu de chasteté, un choix totalement étranger à l’islam, et vivent en communauté.  Au début de l’Empire Ottoman, ils ont contribué à la création du droit administratif commercial et civil. Dans les premières années du XX° siècle, ils se sont battus aux côtés des chrétiens en faveur de l’indépendance de l’Albanie contrairement aux sunnites fidèles au sultan. Ils ont été persécutés pendant le communisme. Aujourd’hui, ils affirment avoir des millions d’adeptes dans 31 pays. Leurs rapports avec l’Eglise catholique sont bons et cordiaux. (OB-RF)








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