(RV) Énoncer une vérité de Dieu ne doit jamais être dissocié du fait de montrer
de la compréhension pour la faiblesse humaine. C’est ce que Jésus enseigne dans l’Évangile
de ce jour. Lors de sa messe quotidienne dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe,
devant huit couples qui célébraient leurs cinquante ans de mariage, François a commenté
ce vendredi 20 mai 2016, le passage de l’Évangile de Marc lors duquel Jésus parle
avec les pharisiens de l’adultère : « Ce que Dieu a uni, que personne ne le sépare
! » (Mc 10, 1-12). «Le Christ dépasse la vision humaine qui voudrait à réduire
la vision de Dieu à une équation casuistique», affirme François.
Le piège des pharisiens
L’Évangile est plein de pièges. On y trouve notamment celui dans lequel les Pharisiens
et les docteurs de la loi cherchent à faire tomber Jésus pour le prendre à contrepied
et miner l’autorité et le crédit dont il dispose parmi la population. Un de ces pièges
est au cœur de l’Évangile du jour, c’est celui des pharisiens qui lui demande s’il
est légal de répudier son épouse.
Le Pape François le qualifie de «piège» de la «casuistique», tendu
par «un petit groupe de théologiens illuminés» convaincus «d’avoir toute
la science et la sagesse du peuple de Dieu». Un guet-apens dont Jésus se sort,
comme Il l’avait déjà fait par le passé avec les Sadducéens concernant la femme qui
avait eu sept maris, mais qui, à la résurrection, ne sera l’épouse de personne, car dans
le ciel non ne prend «ni mari, ni femme». Dans ce cas, note le Pape, Jésus
se réfère à la «plénitude eschatologique du mariage». Avec les pharisiens,
il se réfère en revanche à la «plénitude de l’harmonie de la Création» : «Dieu
créé l’homme et la femme», ils ne seront qu’une même chair.
Ne jamais brader la vérité
«Ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme
ne le sépare ! : ceci est la vérité sur le mariage et il n’y en a pas d’autre. Que
ce soit dans le cas du lévirat ou dans ce cas, Jésus répond par une vérité éclatante
et contondante – « Ceci est la vérité ! » - et Jésus ne négocie jamais la vérité »,
assure François. Or ce petit groupe de théologiens illuminés négociaient continuellement
la vérité, en la réduisant à de la casuistique.
«Mais Jésus est tellement miséricordieux et grand que jamais, jamais, jamais,
il ne ferme la porte aux pécheurs», poursuit le Pape. Ainsi, il ne se limite
pas à énoncer la vérité de Dieu, mais il demande aussi aux pharisiens ce que Moïse
avait fixé dans la loi. Et quand les pharisiens lui répètent qu’en cas d’adultère,
il est légal d’établir un acte de répudiation. Le Christ réplique que cette norme
a été inscrite en raison de «la dureté de votre cœur». «Jésus distingue
toujours la vérité de la faiblesse humaine, sans faire de détour linguistique»,
explique le Pape.
Vérité et compréhension
«Dans le monde dans lequel nous vivons, avec cette culture du provisoire, cette
réalité de péché, est si forte. Mais Jésus nous dit : il y a la dureté du cœur, il
y a le péché mais nous pouvons faire quelque chose en plus : le pardon, la compréhension,
l’accompagnement, l’intégration, le discernement de tous ces cas… mais la vérité ne
doit jamais être vendue !», rappelle le Pape. «Jésus est capable de dire
cette vérité si grande et dans le même temps de se montrer tellement compréhensif
avec les pécheurs et les faibles».
Donc, Jésus enseigne deux choses : la vérité et la compréhension, «ce que les
théologiens illuminés ne parviennent pas à faire parce qu’ils sont enfermés dans le
piège de l’équation mathématique du ‘on peut ou on ne peut pas’». Ils sont donc
«incapables de grands horizons ou d’amour» pour la faiblesse humaine. Il
suffit de regarder la délicatesse avec laquelle Jésus traite la femme adultère sur
le point d’être lapidée. «Je ne te condamne pas non plus : va, et ne pèche plus»
«Jésus nous enseigne à avoir dans le cœur une grande adhésion à la vérité et aussi
une grande compréhension et une grande capacité d’accompagnement pour tous nos frères
qui se trouvent en difficulté. Ceci est un don que nous enseigne l’Esprit Saint, et
non ces théologiens illuminés qui pour nous enseigner quelque chose ont besoin de
réduire la plénitude de Dieu à une équation casuistique.»
(MD)
All the contents on this site are copyrighted ©. |