Le pape demande aux catholiques allemands d'être attentifs aux autres

(RV) Les catholiques allemands réunis pour la 100° édition de la Katholikentag. Ce grand rassemblement réunit tous les deux ans, des milliers de personnes de tout le pays. Sous le thème «regardez, voici l’homme», l’évènement s’ouvre ce mercredi 25 mai, et se tiendra jusqu’au 29 mai, à Leipzig. Le Pape François leur a adressé un message vidéo à cette occasion. Marie Duhamel

Ravi de les voir si nombreux réunis à Leipzig pour monter à leurs concitoyens allemands qu’ils vivent la joie de l’Évangile, le Pape les félicitent de leur bon rapport avec les chrétiens d’autres confessions, ainsi que de leur «témoignage authentique du Christ» auprès des personnes dans le besoin.
Dans ce message vidéo, le Pape les encourage à ne pas participer de cette course constante à laquelle se livrent aujourd’hui tant de personnes qui, pressées, négligent tout ce qui les entoure. «Chaque personne désire la communion et la paix. Chacun a besoin d’une cohabitation pacifique». Mais cela n’est possible que si l’on construit une paix intérieure dans notre cœur. Pour François, ce n’est pas l’action, ni le succès visible qui compte, mais cette capacité de s’arrêter. «Il s’agit de se concéder plus de temps pour récupérer une sereine harmonie avec le monde, avec le créé et avec le Créateur» (Laudato si 225). 

Devenir miséricordieux

Dans la contemplation et la prière, croît la «familiarité avec Dieu », et celle-ci nourrit notre capacité de miséricorde. Le Pape invite les participants de la Katholikentag à se confesser, car touchés par la miséricorde de Dieu, ils deviendront, à leur tour, toujours plus miséricordieux. Et cela est nécessaire car, déplore François, combien de fois voyons-nous des hommes maltraités, privés de dignité, de travail, réfugiés. «On voit comme certains jugent la valeur de la vie en invitant, le malade ou le vieux, à mourir vite». «Nous voyons ici Jésus souffrant et martyrisé qui pose son regard sur la méchanceté et la brutalité que les hommes subissent ou font subir». 

Le Pape espère que les personnes présentes à Leipzig donneront toujours plus d’espace dans leur vie à la voix des pauvres et des oppressés. Il les encourage à se soutenir les uns les autres, en partageant leur expérience et leurs idées pour faire connaitre la bonne nouvelle aux hommes. «Implorons le Consolateur divin, l’Esprit Saint, pour qu’il nous donne le courage et la force d’être témoins de cette espérance que Dieu est, pour l’humanité entière »

Le choix de Leipzig

Le choix de Leipzig peut surprendre. Cette ville du Länd de Saxe, qui faisait partie de l’ancienne RDA, ne compte en effet que 4 % de catholiques, et 75 % de sa population se dit «sans religion». C’est une réalité qui «représente bien ce qui se passe en République fédérale», affirme le Comité central des catholiques allemands, dont l’ambition est d’attirer une population locale résolument éloignée de la Foi.

Leipzig, c’est aussi le berceau de Legida, l’alter ego de Pegida, mouvement anti-islam né à Dresde, dont les manifestations contre l’accueil des migrants et des réfugiés se tiennent chaque semaine depuis 1 an et demi. La ville est aussi un bastion de l’extrême droite ; le parti populiste Alternative pour l’Allemagne y a réalisé d’excellents scores, lors des dernières élections, à la mi-mars.

1 000 manifestations

C’est donc dans ce contexte tendu que se tient la Katholikentag. Tables rondes, ateliers, concerts, expositions, messes, soit plus de 1 000 manifestations se dérouleront dans toute la ville, sous haute sécurité. Parmi les sujets de réflexion, de thèmes religieux, mais aussi politiques et sociétaux : la crise migratoire, l’intégration ou encore la xénophobie. Pour le Professeur Thomas Sternberger, le président du Comité central des catholiques allemands, «ce ne sont pas les intérêts de l’Eglise ou ceux des chrétiens qui sont au premier plan mais bien notre responsabilité commune face aux développements politiques et sociétaux et leur impact sur les habitants du monde entier».

(MD-MA avec La Vie.fr)