2016-05-25 16:13:00

Vatileaks : Chaouqui-gendarmerie, deux versions des faits


(RV) Dans l’après-midi du mardi 24 mai 2016, s’est tenue, près le Tribunal de l’État de la Cité du Vatican, la seizième audience du procès en cours pour la divulgation des informations et documents réservés. Le vice-commissaire de la Gendarmerie vaticane, Gianluca Gauzzi Broccoletti et le gendarme Stefano de Santis ont été entendus ainsi que deux des accusés :Emiliano Fittipaldi et Francesca Chaouqui.

Pas d'avant-première
Le journaliste italien qui travaille pour l’hebdomadaire L’Espresso depuis 2007, Emiliano Fittipaldi, auteur du livre Avarizia, a affirmé que, contrairement à ce qui avait été énoncé par le vice-commissaire de la Gendarmerie vaticane lors de la précédente audience, il n’avait jamais envoyé en amont ses articles à qui que ce soit. Il précise que «les articles, en format papier ou PDF, de L’Espresso sont cependant envoyés dans la journée du jeudi à un nombre consistant de sujets dont des services de revue de presse auxquels, imagine-t-il, Francesca Chaouqui avait souscrit». Son avocat souligne que le journaliste «se serait exposé à de graves mesures de la part de son employeur», en cas d’avant-première.
Francesca Chaouqui se dit victime d’une machination
«Tenez-vous-en aux faits ». La consultante italienne, spécialiste en relations publiques, Francesca Chaouqui a été rappelée à l’ordre par le président du tribunal alors qu’elle venait de se dire victime d’une «machination» depuis sa nomination à la COSEA, la commission chargée par le Pape de travailler à une réforme du système financier et administratif du Vatican. Elle se dit victime de la «volonté politique» de certains membres du Saint-Siège, notamment du Substitut de la Secrétairerie d’État. Selon elle, Mgr Angelo Giovanni Becciu aurait autorisé son arrestation, pour la faire condamner.
L’experte en communication estime qu’il n’y a aucun lien de causalité entre ses mails et les publications des deux journalistes. Francesca Chaouqui est d’ailleurs revenue sur la déposition faite le jour de son arrestation, le 31 octobre 2015. Elle a bien communiqué avec Gianluigi Nuzzi, mais pour lui transmettre un carton d’invitation à une réception qu'elle organisait au Vatican, mais pas de documents confidentiels de la COSEA. Ce qu’a pourtant réaffirmé dans son intervention, le vice-commissaire de la Gendarmerie vaticane, Gianluca Gauzzi Broccoletti, ainsi que le gendarme Stefano de Santis, qui le définit le document, de «cheval de bataille de la COSEA», le «super secret».
Genèse du procès
Le témoignage du gendarme Stefano de Santis fut également central. C’est lui qui a décortiqué les messages, mails et déclaration des accusés pour décrire leurs liens. Le gendarme est revenu sur la genèse du procès. Il n’est pas né avec l’arrestation de Francesca Chaouqui, mais « grâce aux investigations du commandant de la gendarmerie, en relation avec certains articles publiés par la presse italienne». En septembre 2015, une plainte a été déposée pour une possible manipulation de PC. Une série d’ordinateurs est saisie à la Préfecture pour les Affaires économiques du Saint-Siège, dont celui de son secrétaire, Mgr Vallejo Balda, également ex-secrétaire de la COSEA. Parmi une «masse dense de données», des échanges ont été mis en évidence entre Mgr Balda et les deux journalistes. Avant la fin des travaux de la COSEA, le prélat et le journaliste Gianluigi Nuzzi ont été invités au domicile de Francesca Chaouqui, «ce qui alimenta les soupçons au regard du précédent livre écrit par le journaliste»
Le gendarme confirme des rencontres entre le prélat et les journalistes. En revanche, «il n’apparaît pas que les deux journalistes se soient rencontrés».
L’avenir au sein du Vatican, après la période COSEA, était un sujet d’échange récurrent entre Francesca Chaouqui et Mgr Vallejo Balda, assure Stefano de Santis. Elle l’imagine comme secrétaire, «chef de facto», du Secrétariat pour l’Économie. Quant à elle, elle se voit «ne rien faire», sinon organiser «des événements avec beaucoup de dignité». Elle se voit aussi faire partie du Vatican Media center, l’actuel Secrétariat pour les Communications. Pour  y voir plus clair sur le futur de sa femme, le mari de Francesca Chaouqui, Corrado Lanino fait «pression» sur Mgr Vallejo Balda, expliquant au prélat qu’il était «dangereux» de se défaire d'une personne avec «tant de contacts». À la fin, les échanges entre la jeune femme et le prélat montrent que Mgr Balda a tout fait pour prendre des distances avec Francesca Chouaqui qui n’a pas hésité à le qualifier de «larve» dans le dernier message qu’elle lui envoyait sur Whatsapp.

Google ne donnera pas de mot de passe
Un expert a enfin souligné le nombre important d’échanges sur la messagerie Whasapp de Mgr Vallejo Balda, entre le prélat et les deux journalistes. Rien de tel sur le portable de Francesca Chaouqui qui aurait probablement «supprimé» le système de messagerie de son téléphone.
Il souligne que le géant Google a refusé de communiquer le mot de passe du compte Gmail de Mgr Balda, au motif que le Vatican ne fait pas partie de la Communauté européenne.
L’audition des deux accusés, de leurs avocats et des membres de la gendarmerie vaticane a duré quatre heures. La prochaine audience a été fixée au 14 juin prochain. L’autre journaliste accusé dans ce procès, l’Italien Gianluigi Nuzzi, auteur de Via Crucis, sera alors entendu, ainsi que des experts avant le réquisitoire.

(MD)








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