2016-06-23 17:05:00

L’exhortation apostolique Amoris Laetitia présentée à l’ONU


(RV) L’exhortation apostolique Amoris Laetitia sur la famille a été présentée aux Nations-Unies à Genève ce jeudi 23 juin par Mgr Vincenzo Paglia, Président du Conseil pontifical pour la Famille. Devant les représentants de l’ONU, le prélat est revenu sur le contenu de ce document très dense qui fait la synthèse des deux Synodes sur la famille convoqués par le Pape François en 2014 et 2015. Un document qui peut tout à fait devenir un outil par l’ONU pour atteindre les dix-sept objectifs de développement durable pour 2015-2030, selon Mgr Paglia.

Mgr Paglia a structuré son propos en plusieurs thèmes. Dans un premier temps, il souligne que la famille est au cœur de l’attention de l’Église. Le Pape clarifie dans ce texte, «la nouvelle relation que l’Église doit avoir avec les familles d’aujourd’hui, dans leur réalité concrète». Malgré de profonds changements qui touchent la famille depuis des décennies, poursuit l’archevêque italien, le Pape continue de poser un regard de «grande sympathie» sur les familles, pour les «aider à vivre la joie de leur vocation et leur mission».

Ce n’est pas une définition de la famille que donne le Pape, prévient-il, mais au contraire il propose d’accepter la réalité que les familles «ne tombent pas du ciel parfaitement formées mais ont besoin de grandir et mûrir constamment dans leur capacité à aimer» comme l’écrit le Pape dans l’exhortation. Face aux nouvelles réalités de la famille aujourd’hui, «le Pape demande à l’Église de la regarder dans une nouvelle lumière» car la famille n’est pas qu’une question d’individus mais de l’histoire réelle du monde», un changement qui doit aussi s’appliquer à l’Église pour qu’elle forme, elle aussi une famille.

Le Pape ne veut aucun malentendu, précise Mgr Paglia devant l’assemblée de l’ONU. «L’Église n’est pas une cour de justice, n’accuse pas, n’enregistre pas les transgressions sans prendre en compte la souffrance», insiste-t-il en expliquant les propos du Saint-Père.

«L'amour de la famille est riche en passion, robuste dans la fécondité»

Dans un second temps, Mgr Paglia a décortiqué la structure du texte. L’exhortation est composée de neuf chapitres et 300 paragraphes. Dans les trois premiers chapitres, le texte «examine la famille de trois points de vue» explique-t-il. D’abord du point de vue de la Bible, qui présente les familles comme «caractérisées par l’amour et les crises». Le second s’appuie sur les familles d’aujourd’hui et leurs défis dans un contexte de «migrations, de déni idéologique des différences entre les sexes, de culture de l’obsolescence programmée, de campagnes en faveur d’une croissance démographique zéro, de pénurie de logements et de chômage, de pornographie et d'abus des mineurs», «du poison» «de l’individualisme dévorant» mais aussi «de soins pour les personnes handicapées, du respect pour les personnes âgées; de déconstruction judiciaire de la famille, de violence contre les femmes

Dans le troisième chapitre, le Pape présente «la vocation de la famille décrite par Jésus et adoptée par l’Église, évoquant l’indissolubilité du mariage et son caractère sacré.» Dans une auto-critique, le Saint-Père dénonce dans l’exhortation, la présentation «bien trop abstraite, une idée théologique presque artificielle du mariage, loin des situations concrètes des familles réelles», appelant à une approche pastorale.

Les chapitre quatre et cinq sont «le cœur de l’Exhortation» poursuit Mgr Paglia, car ils présentent une nouvelle approche unique. «Ils examinent le lien d'amour entre un homme et une femme et la fécondité qui en découle.» Ici, le Pape va plus loin dans le commentaire du Cantique des Cantiques, parlant de l’amour dans la relation maritale de façon concrète, un amour marqué par «l’interaction, la beauté, le sacrifice, la vulnérabilité, la ténacité». Quant aux enfants, fruits de cet amour, le Pape rappellent qu’ils font aussi «partie des plans de Dieu pour l’humanité». Vient ensuite la question du rapport entre les générations, véritable «thermomètre du progrès social», mis en danger aujourd’hui avec «la fragmentation de la famille». Mgr Paglia précise que le Pape insiste dans le texte sur la nécessité de donner une dimension sociale au mariage, «en incluant jeunes et vieux, frères et sœurs,…»

Pour ce qui est de l’éducation, c’est le chapitre sept qui y est consacré. «L’éducation est un des défis les plus importants aujourd’hui, mais aussi l’un des plus négligés», avec l’absence, de plus en plus souvent, du père ou de la mère, qui «démissionne» de leur travail de parents. La question de l’éducation sexuelle, relativement nouvelle dans l’activité pastorale de l’Église est aussi évoquée, précise Mgr Paglia, car elle est importante «à une époque où la sexualité tend à être banalisée et appauvrie».

Dans un troisième temps, le Président du Conseil pontifical pour la Famille se penche enfin sur la famille et le développement humain. Car elle se trouve au «carrefour d’un nouveau développement de notre planète». «Le monde et ses ressources sont liés à l’alliance entre l’homme et la femme, à l’amour passionné et responsable entre les personnes, dans leur diversité» explique-t-il. Et cette relation, la famille, est la garantie d’une «progression de la qualité de vie, d’un développement économique et social, de la transmission de valeurs et de la prévention des crimes.»

La famille est un pilier pour un monde meilleur. Et «avec Amoris Laetitia, François donne un carré de plus à la mosaïque qui permettra de réaliser ce rêve de tous les peuples de la terre, chacun avec sa propre identité, pour devenir une famille et vivre en paix.»

(BH)








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