2016-06-24 13:03:00

Frère Pizzaballa, nouvel administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem


(RV) «Je suis fils de l’obéissance. Il y aura un moment où quelqu’un me dira où aller, comme Jésus le fit avec Pierre. Et ce sera une bonne chose». Après avoir passé la moitié de sa vie, 26 ans, au Proche-Orient, dont 12 ans en charge de la Custodie de Terre sainte, le frère Pierbattista Pizzaballa «se préparait spirituellement» à devoir s’éloigner des gens et d’une terre aimée. Il restera finalement à Jérusalem.

Il a été choisi par le Saint-Siège pour succéder à Mgr Fouad Twal, le patriarche jordanien démissionnant conformément au droit canon pour raison d’âge. Le frère Pizzaballa sera ordonné évêque en septembre 2016. Il n’est pas nommé Patriarche latin de Jérusalem par le Pape. C’est en tant qu’Administrateur apostolique qu’il gérera la plus haute autorité de l’Église catholique latine au Moyen-Orient. Jusqu’à la nomination d’un nouveau patriarche, il devra se faire proche des fidèles en Israël, Palestine, Jordanie et de Chypre.

Dans un communiqué, «les évêques, le clergé et les fidèles du Patriarcat latin, remercient vivement le Patriarche Fouad Twal, et souhaitent la bienvenue au nouvel Administrateur Apostolique, lui adressant leurs meilleurs vœux pour sa mission».

Le Père Pizzaballa, dans une lettre publiée ce vendredi 24 juin, s’est dit «surpris par une telle demande, conscient de (ses) limites personnelles et objectives». «Je peux comprendre vos questions et peut-être aussi votre perplexité», souligne le franciscain s’adressant aux fidèles. «Je reviens à Jérusalem avec le désir de servir avant tout le clergé local et toute la communauté, en demandant à tous compréhension, amitié et collaboration».

Le père Pizzaballa, dans sa lettre aux fidèles, évoquant l’invitation du pape Francois, a également exprimé le souhait que parte de Jérusalem, «de cette terre sainte et blessée la capacité de se rencontrer et de s’accueillir les uns les autres, construisant des ponts et non des murs : entre nous et le Seigneur (…) entre les frères des diverses Églises, entre nous et les frères juifs et musulmans et entre nous et les pauvres qui ont tant besoin de miséricorde et d’espérance.»

Le franciscain qui enseigna l’hébreu biblique pendant plusieurs années à la Faculté franciscaine de Sciences biblique et archéologique à Jérusalem, ne parle pas arabe, mais cela n’a pas été un handicap lorsqu’il fut, jusqu’en avril dernier, le 126ème custode de Terre sainte. À l’issue de son mandat, les fidèles étaient venus nombreux et avec des cadeaux plein les bras à la messe d’action de grâce célébrée le 5 juin 2016 dans le couvent du Saint-Sauveur.

Un ami, un homme de dialogue

En 12 ans, il a su adapter la Custodie aux nouvelles réalités des temps : ses finances, son administration ou ses médias avec la création de la Terra Santa News. Mais surtout et justement, Pierbattista Pizzaballa a montré qu’il était un homme de dialogue, un ami. Au nom de la Custodie, il a entretenu des relations «quotidiennes, étroites pour ne pas dire intimes» avec les responsables des Églises non-catholiques de Terre Sainte.

D’ailleurs, il a été fait Grand Commandeur de l’Ordre des Porteurs de Croix du Saint-Sépulcre, la plus haute décoration décernée par le Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem. Une première justifiée au regard du «un rôle important» du père Pizzaballa dans «l’instauration de la confiance et du respect réciproque entre les différentes communautés religieuses chrétiennes», affirmait le Patriarche Théophile III.

Le Custode émérite a atteint des objectifs que tous considéraient comme inaccessibles, comme le coup d’envoi de la restauration du tombeau du Christ. Dans les sanctuaires auxquels s’applique le Statu Quo, aucune rénovation ne peut être effectuée sans l’accord de tous les copropriétaires.

En 2009, le père Pizzaballa accueillit Benoît XVI à Jérusalem, puis François en 2014. Il assista à son accolade historique avec le patriarche œcuménique de Constantinople devant le Saint-Sépulcre. Reconnaissant, le Saint-Siège lui demanda d’être l’interlocuteur de François et Bartholomée avec les présidents palestinien et israélien pour invoquer la paix sur la Terre sainte depuis le Vatican. Berger, il n’abandonnera pas son troupeau. Il s’est rendu il y a quelques mois en Syrie auprès des franciscains meurtris par la guerre, «une blessure profonde» pour le Moyen-Orient.

Ce n’est pas la première fois qu’un franciscain passe directement de la Custodie au Patriarcat. Ce fut déjà le cas en 1949, rapporte La Stampa. Le frère Alberto Gori eut la charge de protéger la communauté catholique de rite latin dans un des moments les plus critiques de son histoire, au lendemain de la première guerre opposant arabes et israéliens, dans la foulée de la naissance de l’État d’Israël.

(BH-MD)

 

Message du Père Pizzaballa, nouvel Administrateur Apostolique, au Diocèse de Jérusalem

Cher frères et sœurs,

Que le Seigneur vous accorde sa paix !

Il m’est demandé de « retourner à Jérusalem » (Luc 24) : comme les Apôtres, après «les événements arrivés à Jérusalem» et leur rencontre avec le Ressuscité, le Seigneur, à travers le Pape, m’a demandé à mon tour de revenir à la Ville Sainte après mon expérience en tant que Custode.

Je ne cache pas que j’ai été surpris par cette demande, connaissant mes limites personnelles et objectives. Vous pouvez ainsi imaginer quelle n’a pas été mon inquiétude et ma préoccupation devant cette tâche qui m’a été confiée. Je peux aussi comprendre toutes les questions que cette annonce suscite en vous, et peut-être aussi votre perplexité.

Cependant, je connais Celui qui m’appelle et m’envoie, et j’ai confiance en Lui. « Ma grâce te suffit » (2 Co 12, 9).

Je reviens à Jérusalem avec le désir de servir avant tout le clergé local et toute la communauté, demandant à tous bienveillance, amitié et coopération.

L’Eglise de Jérusalem : en la solennité de saint Jean-Baptiste, jour où résonnent sur les lèvres et au cœur de l’Église le cantique de Zacharie pour la force du salut qui a surgi dans la maison de David, me voici envoyé devant le Seigneur pour préparer ses chemins là où tout a commencé.

Comme Jean-Baptiste, il nous faut d’abord nous tourner vers Lui et en le regardant, nous reconnaître comme Eglise. Alors seulement pourrons-nous devenir ce baume capable de panser les si nombreuses blessures de cette terre et des peuples qui y vivent.

Préparer la voie, voilà ce qui nous est demandé. Ouvrir les chemins, les parvis, les libérer de tout ce qui nous empêche de Le rencontrer et de rencontrer l’autre. Je sais que je ne suis pas seul : je souhaite et je devrai partager la tâche qui m’a été confiée avec tous ceux qui m’ont précédé – les Patriarches Michel et Fouad, les évêques auxiliaires et émérites, les vicaires patriarcaux, les supérieurs, les abbés, les prêtres, les diacres permanents, les religieux et les religieuses, les communautés nouvelles, les différents mouvements et le saint peuple de Dieu. Une mention spéciale et toute ma prière aux séminaristes du diocèse, que j’espère rencontrer bientôt. Laissez-moi vous assurer également de ma pleine coopération avec l’AOCTS et la CELRA, dans l’esprit du synode.

Une pensée particulière aux jeunes. Ils sont l’avenir de notre Église et nous les regardons avec confiance et espérance. Je pense en particulier à ceux qui sont impliqués dans les diverses institutions du Patriarcat: dans les écoles, dans les paroisses et les universités. Ce sont des lieux importants de rencontre, de partage, et ils méritent toute notre attention. Ces lieux sont tels des sources inestimables qui permettent aux jeunes de construire leur rêve d’avenir ici, mais aussi des structures pour lesquelles il est nécessaire que nous tous, en toute clarté, transparence et solidarité, nous nous engagions afin de les soutenir.

Le salut « s’incarne » dans la rencontre : à la suite de l’invitation du pape François, je souhaiterais que jaillisse de Jérusalem, de cette Terre Sainte et blessée, pour nous et pour toute l’Eglise, cette capacité à se rencontrer et à s’accueillir les uns les autres, à construire des routes et des ponts et non des murs : entre nous et le Seigneur, entre les évêques et les prêtres, entre les prêtres et les laïcs, entre nous et nos frères des différentes Eglises, entre nous et nos frères et amis juifs et musulmans, entre nous et les pauvres, entre nous et tous ceux qui ont besoin de miséricorde et d’espérance. Alors seulement pourrons nous répondre pleinement à la vocation unique et universelle de l’Eglise de Jérusalem, Eglise des Lieux Saints.

« En commençant par Jérusalem » (Luc 24, 47), je voudrais être avec vous et pour vous, celui qui ouvre la route, celui qui promeut la culture de la rencontre, qui partage avec tous et chacun le défi de suivre Jésus dans la joie, pour le bien de l’Eglise et du monde.

Je suis sûr de pouvoir compter sur le soutien de vous tous, sur la prière des oasis contemplatives du diocèse et de tout le Peuple de Dieu. J’en ai infiniment besoin.

Que le Seigneur nous accompagne ensemble sur ce nouveau chemin.

+ Pierbattista








All the contents on this site are copyrighted ©.