2016-06-26 10:11:00

Le Pape participe à la Divine Liturgie arménienne


(RV) Ce dimanche 26 juin, le Pape François a participé à la Divine Liturgie selon le rite arménien de St Grégoire l’Illuminateur. Cette célébration très solennelle, qui a duré près de deux heures et demie a été présidée par Sa Sainteté le Catholicos Karékine II, Patriarche suprême de tous les Arméniens. 

La Divine Liturgie s’est déroulée à Etchmiadzin, le «Saint-Siège» de l’Église apostolique arménienne, situé à une quinzaine de kilomètre de Yerevan, la capitale. Fait exceptionnel : elle s’est tenue en plein air, -alors que la tradition religieuse locale prévoit la célébration des cultes à l’intérieur des églises-, sur l’autel de St Tiridate, construit en 2001, à l’occasion du 1 700e anniversaire du baptême de l’Arménie, première nation chrétienne de l’Histoire.

La liturgie, entièrement chantée, s’est divisée en quatre temps : la « préparation », la Liturgie de la Parole (synaxe), le canon du Saint-Sacrifice, la dernière bénédiction et renvoi.

Peu avant le terme de la célébration, et après l'homélie du Catholicos Karékine II, le Pape s’est adressé aux fidèles rassemblés sur la place, sous un chaud soleil estival, pour une allocution centrée sur l’unité œcuménique : « Que l’Eglise Arménienne marche dans la paix et que la communion entre nous soit pleine. Qu’en chacun surgisse un fort élan vers l’unité, une unité qui ne doit être ‘ni soumission de l’un à l’autre, ni absorption, mais plutôt accueil de tous les dons que Dieu a donnés à chacun pour manifester au monde entier le grand mystère du salut réalisé par le Christ Seigneur, par l’Esprit Saint’ ». François a en outre appelé à écouter « la voix des humbles et des pauvres, de tant de victimes de la haine, qui ont souffert et sacrifié leur vie pour la foi », à tendre  « l’oreille aux jeunes générations qui implorent un avenir libéré des divisions du passé », avant de demander au Catholicos Karékine II de le bénir, « ainsi que l’Eglise Catholique, et de bénir (notre) course vers la pleine unité »

Plus tôt dans la journée, au Palais apostolique d’Etchmiadzin, le Pape François a rencontré les 14 évêques de l’Eglise arménienne catholique, ainsi que les 12 prêtres présents dans le pays. La minorité catholique représente moins 8% de la population arménienne ; l’essentiel de cette communauté, estimée à 600 000 membres, vit en diaspora.

 

Voici ci-dessous en intégralité l’allocution du Pape François au cours de la Divine Liturgie :

« Au sommet de cette visite si désirée, et déjà pour moi inoubliable, je désire élever vers le Seigneur ma gratitude, que j’unis au grand hymne de louange et d’action de grâce qui est monté de cet Autel. Votre Sainteté, ces jours-ci, m’avez ouvert les portes de votre maison, et nous avons fait l’expérience combien « il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble » (Ps 133, 1). Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes embrassés fraternellement, nous avons prié ensemble, nous avons partagé les dons, les espérances et les préoccupations de l’Eglise du Christ dont nous percevons à l’unisson les battements du cœur, et que nous croyons et sentons une. « Une seule espérance, […] un seul Corps et un seul Esprit […] ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul Baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous et en tous » (Ep 4, 4-6) : nous pouvons vraiment faire nôtre avec joie ces paroles de l’Apôtre Paul ! C’est justement sous le signe des saints Apôtres que nous nous sommes rencontrés. Les saints Bartholomée et Thaddée, qui ont proclamé pour la première fois  l’Evangile sur ces terres, et les saints Pierre et Paul, qui ont donné la vie pour le Seigneur à Rome, se réjouissent certainement, alors qu’ils règnent au ciel avec le Christ, de voir notre affection et notre aspiration concrète à la pleine communion. De tout cela je remercie le Seigneur, pour vous et avec vous : Park astutsò ! (Gloire à Dieu !)

Dans cette Divine Liturgie, le chant solennel du Trisagion s’est élevé vers le ciel, célébrant la sainteté de Dieu ; que la bénédiction abondante du Très Haut descende sur la terre, par l’intercession de la Mère de Dieu, des grands saints et docteurs, des martyrs, surtout des nombreux martyrs que vous avez canonisés l’année dernière en ce lieu. Que « le Fils unique qui est descendu ici » bénisse notre chemin. Que l’Esprit Saint fasse des croyants un seul cœur et une seule âme : qu’il vienne nous refonder dans l’unité. Pour cela je voudrais de nouveau l’invoquer, en faisant miennes quelques-unes des magnifiques paroles qui ont été introduites dans votre liturgie. Viens, ô Esprit, Toi « qui avec des gémissements incessants es notre intercesseur auprès du Père miséricordieux, Toi qui gardes les saints et purifies les pécheurs » ; répand sur nous ton feu d’amour et d’unité, et « que soient défaits par ce feu les raisons de notre scandale » (Grégoire de Narek, Livre des Lamentations, 33, 5), surtout le manque d’unité entre les disciples du Christ.

Que l’Eglise Arménienne marche dans la paix et que la communion entre nous soit pleine. Qu’en chacun surgisse un fort élan vers l’unité, une unité qui ne doit être « ni soumission de l’un à l’autre, ni absorption, mais plutôt accueil de tous les dons que Dieu a donnés à chacun pour manifester au monde entier le grand mystère du salut réalisé par le Christ Seigneur, par l’Esprit Saint » (Paroles du Saint-Père lors de la Divine Liturgie, Eglise Patriarcale Saint Georges, Istambul, 30 novembre 2014).

Accueillons l’appel des saints, écoutons la voix des humbles et des pauvres, de tant de victimes de la haine, qui ont souffert et sacrifié leur vie pour la foi ; tendons l’oreille aux jeunes générations qui implorent un avenir libéré des divisions du passé. Que, de ce lieu saint, se répande de nouveau une lumière radieuse. Qu’à la lumière de la foi, qui depuis saint Grégoire, votre père selon l’Évangile, a illuminé ces terres, s’unisse la lumière de l’amour qui pardonne et réconcilie.

Comme les Apôtres au matin de Pâques qui ont couru vers le lieu de la résurrection, attirés par l’aube heureuse d’une espérance nouvelle, malgré les doutes et les incertitudes (cf. Jn 20, 3-4), de même nous aussi, en ce saint dimanche, suivons l’appel de Dieu à la pleine communion et hâtons le pas vers elle.

Et maintenant, Sainteté, au nom de Dieu, je vous demande de me bénir, de me bénir ainsi que l’Eglise Catholique, de bénir notre course vers la pleine unité.

(MA)








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