2016-07-08 12:34:00

Lampedusa, trois années après la visite du Pape François


(RV) Entretien - Le 8 juillet 2013, le Pape François, pour son premier déplacement hors de Rome, se rendait à Lampedusa, la «porte de l’Europe» pour des milliers de migrants. Il y lançait un appel à la solidarité, fustigeant la «mondialisation de l’indifférence». Trois ans plus tard, des dizaines de milliers de personnes continuent de risquer leur vie en Méditerranée.

Entre janvier et juin 2016, 70 000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes, soit un nombre équivalent aux six premiers mois de 2014 et 2015 selon le ministère italien de l'Intérieur. Mais ils sont de moins en moins nombreux à poursuivre leur route vers le nord de l'Europe. Au 30 juin 2016, les centres d’accueil italien hébergeaient 132 000 demandeurs d’asile, conte 29 000 début 2014.

Les conditions d'hébergement restent encore à améliorer pour accueillir, comme enjoignait le Saint-Père, « ceux qui cherchent un monde meilleur ». Les précisions de Samuel Bleynie.

Voici l'interview intégrale de Giovanna di Benedetto, la porte-parole de l’ONG Save the Children.

Comment la situation a-t-elle évoluée depuis 3 ans ?

Il y a trois ans, Lampedusa était le point principal d’accueil en Europe. En octobre il y a eu deux grands naufrages au large de Lampedusa qui ont mené au lancement de l’opération Mare Nostrum et d’autres opérations italiennes et européennes. Depuis, Lampedusa n’est plus ni l’unique, ni le principal centre où arrivent les migrants. Il se trouve désormais en Sicile orientale. Ce sont les ports de Pozzallo, d’Augusta où arrivent les navires militaires, des ONG, qui apportent les migrants sauvés de la mer. Il y en a également dans les Pouilles, en Calabre, en Sardaigne. Il y a donc eu un changement important. Lampedusa reste un lieu symbolique mais n’est plus le principal port d’accostage.

Vous vous occupez des mineurs. Comment a évolué leur situation ?

Ils sont plus nombreux à être arrivés cette année et il faut améliorer le système d’accueil. Les mineurs non accompagnés sont conduits vers des centres de premier accueil. Il faut augmenter leur nombre et qu’il y ait également un ajustement qualitatif sur l’ensemble du territoire national. Il faut faire un pas de plus, les structures existent mais elles sont souvent surpeuplée ou ne remplissent pas les conditions adéquats. Il faut créer des règles, des standards, des procédures qui soient harmonisées dans tout le pays.

Donc ce transfert territorial de Lampedusa à d’autres lieux n’a pas été accompagné d’une amélioration des conditions d’accueil ?

D’un certain côté, si. Les mineurs ne sont plus concentrés sur un même lieu, ils sont désormais répartis sur un territoire plus vaste. Il est arrivé qu’il y ait plus de 1000 migrants dans le centre de Lampedusa, ça ne pouvait pas durer. Aujourd’hui, il y a moins de risque de surpeuplement du centre de Lampedusa. Mais comme le nombre de mineurs a augmenté, il faut ajuster l’accueil. Il y a des avancées. Certaines structures ont des standards d’excellence : des médiateurs culturels, ils impliquent les enfants dans des activités, le personnel est très qualifié. D’autres non.

Les opérations de secours sont-elles efficaces ?

Le nombre de personnes disparues en mer est très haut, plus que l’an dernier. Non pas parce qu’il n’y a pas de secours : l’engagement de la marine militaire italienne, des garde-côtes maltais, des autres pays européens, des navires des ONG… est très important. Le problème, c’est que des centaines et des centaines de personnes montent à bord d’embarcations en bois ou sur des radeaux qui sont très vieux. Ce n’est pas possible d’accomplir le voyage dans de telles conditions : cela explique notamment le nombre de naufrages. Il faut amplifier les opérations de recherche et de sauvetage en mer qui ont permis de sauver des centaines de milliers de vies. Ensuite il faut un support psychologique pour ceux qui arrivent après avoir vécu l’horreur du voyage et parfois celle du naufrage.

(SB-SBL)








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