2016-07-19 16:53:00

Venezuela : l'archevêque de Caracas interpelle le gouvernement


(RV) Garantir le droit à l’alimentation de la population, consentir à l’entrée de médicaments venant de l’étranger, chercher une solution à la grave crise sociale et économique qui afflige le peuple vénézuélien : c’est l’appel lancé par les évêques du Venezuela au gouvernement national, au terme de l’Assemblée plénière de l’épiscopat qui s’est tenue ces derniers jours. Notre collègue Alvaro Varga Martino a joint par téléphone le Cardinal Jorge Urosa Savino, archevêque de Caracas :

Au cours de chacune de nos assemblées, nous, évêques vénézuéliens, nous nous prononçons sur la situation du pays, et le faisons depuis plus de 40 ans. Nous sommes confrontés aujourd’hui à une énorme pénurie alimentaire, et en même temps, à un coût élevé des aliments, due à une inflation de 400% par rapport à l’année dernière. La situation est donc extrêmement grave. Nous avons donc invité le gouvernement national à résoudre cette question, et à garantir au peuple vénézuélien le droit à l’alimentation.

Mgr Padròn a récemment affirmé que le pape François et le Saint-Siège suivaient la situation avec beaucoup d’attention, mais que le gouvernement vénézuélien n’écoutait personne…

Oui, c’est vrai, le gouvernement n’écoute ni le Saint-Père, ni l’épiscopat vénézuélien. Depuis longtemps, nous avons présenté les problèmes, les erreurs, les solutions, en faisant montre d’une attitude positive et respectueuse. Mais le gouvernement n’écoute pas. C’est un problème sérieux et un péché, car la situation ne cesse d’empirer.

Les médecins vénézuéliens ont également demandé l’intervention de l’Eglise et du Pape, afin qu’ils demandent au gouvernement de laisser entrer dans le pays les médicaments indispensables…

Oui, malheureusement le gouvernement n’écoute même pas cette requête. Depuis plusieurs mois déjà, l’Eglise demande au gouvernement de laisser entrer dans le pays les produits, -aliments et médicaments-, que plusieurs organisations non gouvernementales, ou organisations de l’Eglise veulent envoyer. Le gouvernement continue de refuser cette autorisation. Tout cela est déplorable, et nous ne comprenons pas quelles sont les raisons du gouvernement.

D’un autre côté, le gouvernement accuse les membres de l’Eglise d’être des putschistes, et deux séminaristes ont été agressés au cours de ces dernières semaines. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?

L’agression de ces séminaristes était un fait divers déplorable, dirons-nous, commise par un groupe de personnes armées, qui cherchaient à interdire une manifestation de l’opposition à Merida ; malheureusement les séminaristes, habillés en civil, passaient par là et se sont faits agresser. Ce qui est vraiment agaçant, c’est que le gouvernement, au lieu de s’occuper de cela, au lieu d’écouter, de considérer ou d’étudier les propositions avancées par les évêques vénézuéliens, attaque ces mêmes évêques avec des arguments absurdes. Au lieu d’étudier les problèmes que nous soulevons, ils nous attaquent et nous qualifient de putschistes. Cela est bien évidemment faux. Nous n’avons jamais, en aucune manière, participé à une quelconque conspiration contre le gouvernement national.

De fait, les divers communiqués de l’épiscopat ont toujours mis en évidence l’attachement de l’Eglise au dialogue…

Cela a toujours été notre attitude. Nous avons demandé au gouvernement national qu’il s’occupe pas seulement de la demande de l’épiscopat, mais aussi de toutes ces nombreuses personnes qui veulent des solutions démocratiques à la crise politique, alimentaire et médicale. Nous avons toujours eu une attitude positive, nous tendons la main, pour aider à résoudre les problèmes du peuple vénézuélien.

Votre dernier message évoque enfin une grande tension sociale…

Oui en effet, cette pénurie a déjà donné lieu à de nombreuses manifestations, de violences, de saccages et pillages de magasins. La population est très angoissée d'autant plus que le gouvernement n’apporte aucune solution. La situation est vraiment critique, nous espérons seulement qu’elle ne se détériore pas plus.

(AVM-MA)








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