2016-08-05 17:22:00

L'Église des Philippines dénonce les exécutions extrajudiciaires


(RV) “Tu ne tueras point” : c’est le titre de la campagne lancée aux Philippines par l’Eglise catholique. Une campagne qui vise à promouvoir le respect de la vie humaine, dans un contexte bien particulier : celui de l’augmentation spectaculaire des exécutions extrajudiciaires au cours de ces derniers mois. Un phénomène auquel ne serait pas étranger le président élu en mai dernier, Rodrigo Duterte.

Cyprien Viet.

Lors de sa campagne tonitruante, Rodrigo Duterte avait promis une guerre sans merci contre les trafiquants de drogue, promettant de les tuer, sans s’embarrasser de quelconques lois sur les Droits de l’Homme. Il ne s’agissait manifestement pas de simples déclarations. Exécutions sans procès, assassinats en pleine rue : rien que pour le mois de juillet, la police affirme avoir tué pas moins de 400 trafiquants. 100 000 autres se seraient rendus par crainte de subir le même sort. De nombreuses ONG s’alarment de ces chiffres terrifiants et du régime de terreur qui sévit actuellement dans le pays… Sans parler de l’impunité totale dont jouissent les forces de police, encouragées par le président lui-même à «tirer pour tuer».

L’Église s’inquiète également de ces dérives. Lancée il y a quelques semaines à Manille, la capitale, la campagne "Tu ne tueras point" vise notamment à réunir les familles des victimes d’exécutions sommaires. Elle invite également les familles à participer à la messe, à prier et à s’unir à la sensibilisation au respect de la dignité humaine.

Dans un communiqué daté du 20 juin dernier, les évêques de l’archipel avaient déjà lancé un appel aux policiers à « conserver leur humanité » face aux criminels. «Il est possible d’ouvrir le feu pour tuer seulement en cas de légitime défense ou pour défendre d’autres personnes» pouvait-on lire dans ce communiqué, mais «tuer un suspect n’est pas moralement justifiable», pas même si celui-ci tente de fuir.

La multiplication de ces exécutions est révélatrice, toujours selon les évêques, de «failles» dans le système judiciaire. Rappelant en outre que le «silence et l’indifférence» contribuaient à l’essor de telles pratiques, le communiqué  affirmait qu’«Il n’y a pas pire insulte au Créateur que d’utiliser ses dons d’intelligence, de discernement et ses fonctions judiciaires à des fins malfaisantes, contraires à l’enseignement de l’Église».

(CV-MA)








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