2016-08-25 17:54:00

La Birmanie : une réconciliation espérée, mais incertaine


(RV) «Les responsables, groupes armées et partis politiques ont l’obligation morale de poursuivre un chemin de paix». Après un demi-siècle de junte militaire, de nombreux conflits demeurent en Birmanie entre l’armée et des groupes ethniques minoritaires.

«Il est très important que le nouveau gouvernement promeuve une paix durable avec ces groupes», estime l’archevêque de Rangoon. S’il prévient que la construction de la paix demandera du temps, le cardinal Charles Maung Bo se félicite de la volonté affichée du pouvoir de «résoudre cette situation».

La Ligue nationale pour la démocratie au pouvoir depuis novembre organise le 31 aout prochain «la Conférence de Panglong du XXIe siècle». Avec la réconciliation nationale en ligne de mire, cette conférence permettra la tenue de discussions entre le gouvernement, les groupes ethniques armés et l’armée. Elle se tiendra 69 ans après une première édition de cette conférence qui rassembla dans l’État Shan, le 12 février 1947, le chef du gouvernent intérimaire, Aung San, et les représentants de 4 minorités : les shans, les Kachins, les Chins et les Bamars.

L’objectif était alors l'organisation de la lutte pour l'indépendance du pays et la constitution d'une république birmane unifiée. Aujourd’hui, il s’agit de construire une paix durable dans le paix. Geste saluée par l’Église. Mais prévient l’archevêque de Rangoon, «une paix authentique se construit seulement en incluant les principales parties intéressées et non en laissant en dehors de la prochaines conférence de paix». Le cardinal Bo invite chacun à «réaffirmer sa volonté en faveur de la réconciliation».

Un appel lancé alors que l’armée a, dans un premier temps, refusé de s’assoir à la même table que des responsables de groupes refusant de déposer les armes. La nouvelle conférence de Panglong sera «une étape historique» estime le prélat. Selon plusieurs analystes la réconciliation pourrait prendre en Birmanie la forme d’un Etat fédéral. Ban Ki Moon, le secrétaire général de l’ONU,  participera à la conférence.

Par ailleurs, son prédécesseur Kofi Annan a accepté une demande de la Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, qui a fait appel à lui pour diriger un comité qui a pour mission de «trouver des solutions durables aux problèmes complexes et délicates en État Rakhine», région du nord-ouest du pays où vivent les Rohingyas, cette minorité apatride musulmane, victime de purge en 2012. La chef de la diplomatie birmane est critiquée pour son silence quant au sort des Rohingyas, privés d'accès aux hôpitaux, aux écoles et au marché du travail.

Dans un rapport récent, l'ONU s'est inquiétée des violations des droits des Rohingyas en Birmanie : le déni de citoyenneté, le travail forcé et des violences sexuelles, jugeant qu'elles pourraient être considérées comme des "crimes contre l'humanité".

(CV-MD)
 

 

 








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