2016-10-02 13:44:00

France : l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray a rouvert


(RV) Entretien – En Normandie, dans l'ouest de la France, l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray a rouvert ce dimanche 2 octobre 2016, plus de deux mois après l’assassinat du Père Jacques Hamel, tué alors qu'il célébrait la messe le 26 juillet dernier. A l'issue de la messe présidée par l’archevêque de Rouen, ce dernier a annoncé que le Pape le dispensait du délai de 5 ans pour ouvrir procès en béatification du Père Hamel.

A 15h30 ce dimanche, suivie par une foule de personnes de toutes confessions, la procession est partie du presbytère pour se rendre devant l’église où Mgr Dominique Lebrun, l’archevêque de Rouen, et Hubert Wulfranc, le maire de la ville, ont pris la parole.

La célébration, orientée vers la demande de pardon, la réconciliation et la paix, a été marquée par le rite de réparation. La croix arrachée par les assassins a été remise en place, le cierge pascal brisé remplacé par un autre, l’autel poignardé a de nouveau été revêtu d’une nappe et de cierges. Enfin la statue de la Vierge a retrouvé le chapelet qui lui avait été retiré.

Le père Alexandre Joly est vicaire épiscopal du diocèse de Rouen, directeur du service de la liturgie et curé d’une paroisse voisine. Il revient au micro de Samuel Bleynie sur le sens de ce rite de réparation qui a eu lieu cet après-midi.

 

Voici le texte de l’homélie de Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen :

A vous d’en être les témoins (Lc 24, 48).

Frères et sœurs, je vous propose d’accueillir cette petite phrase comme un trésor. C’est l’une des plus belles paroles de Jésus ressuscité, une parole qui fait confiance, une parole sur laquelle le Père Jacques Hamel a donné sa vie : A vous d’en être les témoins ! C’est une parole de confiance et d’amour : c’est à vous de jouer … c’est à vous de jouer pas n’importe comment, mais comme mes témoins.

Cela fait deux mille ans que la croix est dressée, que la lumière est allumée, et sont transmises par des témoins. Les assassins du Père Jacques ont arraché une croix ; ils ont brisé un grand cierge de Pâques. Mais ils n’ont pas pu arracher du cœur du Père Jacques sa vie donnée ; Ils n’ont pas pu briser son espérance qui, la veille, me dit-on, rayonnait plus que d’habitude.
Ils ont arraché une croix en métal ; ils en ont dressé une autre dans nos cœurs, plus réelle, plus douloureuse, plus forte : la mort de votre prêtre, la mort de votre ami, la mort de votre témoin. Ils ont brisé un cierge en cire ; ils ont alors allumé une lumière plus forte, plus profonde dans notre cœur ! Nous sommes ici pour en témoigner ! Pour les disciples de Jésus il n’y a pas de mort sans espérance de résurrection, sans résurrection : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour ».
Les témoins ce sont bien sûr sœur Danielle, sœur Huguette, sœur Hélène, Jeannine et Guy Coponet ; les témoins ce sont aussi les forces d’intervention, les responsables de la vie publique, les secours. Merci à eux pour leur témoignage.
Les témoins ce sont vous les Stéphanais, ce sont vous les paroissiens dont le père Jacques était si proche. C’est toi qui as été marié et est revenu à la messe à Pâque dernier. C’est toi qui as fait baptiser ton enfant et qui avait promis de revenir. C’est toi à qui le Père Jacques a parlé de Jésus en faisant un dessin au tableau de la salle paroissiale. C’est toi qui aides à l’église fidèlement ou dans les activités paroissiale. C’est toi, son frère dans le sacerdoce qui le retrouvait chaque mois … c’est toi et bien d’autres croyants ou incroyants.
Les témoins, ce sont vous tous si vous le voulez bien. Ne sommes-nous pas témoins des croix du monde, celles des pays exploités et bombardés, celles des familles déchirées, celles de jeunes ni aimés ni éduqués ; celles d’enfants envoyés à la guerre ; celles des chômeurs longue durée, celles migrants rejetés ? Les témoins, ce sont nous tous, si nous le voulons bien.
Et comment ne pas vouloir qu’à la croix succède la lumière, qu’à l’offense succède le pardon, qu’à la souffrance succède la joie, qu’à la haine succède l’amour ? Comment ne pas vouloir qu’à la suspicion entre communautés succèdent le respect et l’amitié ? Comment ne pas vouloir qu’à la guerre succède la paix ? « A vous d’en être les témoins », vous dit Jésus, comme une parole d’or, une parole d’amour.
Comment être témoins ?

« Ainsi est-il écrit continue la phrase de Jésus, que la conversion serait proclamée à toutes les nations pour le pardon des péchés ».
La conversion, c’est la grâce que je demande au Seigneur pour moi et pour vous. La conversion est l’âme du témoin !S i j’ose dire, la seule arme du témoins. Se convertir pour devenir un témoin authentique de l’amour. La conversion, ce n’est pas changer de religion comme on change d’idée ou de bulletin de vote, cherchant ma sécurité au détriment des autres.
La conversion, c’est risquer. La conversion c’est accueillir l’amour de Dieu qui éclaire mon intelligence et change mon cœur, qui les fait passer des idées noires à la lumière de l’amour, un amour proclamé à toutes les nations. La conversion, c’est être touché par Dieu qui me pardonne, moi pécheur, un parmi les habitants de toutes les nations, mais que Dieu le père prend dans ses bras et me dit avec douceur : tu es mon enfant, en sachant qu’ainsi il me fait frère ou sœur de tous ses autres enfants.

Devenir témoin, c’est croire en ce pardon donné pas seulement à moi, pas seulement à ceux qui prient comme moi, mais à toutes les nations : vous êtes mes enfants. Pour Dieu le Père, il n’y a pas de limites. Vous êtes tous ses enfants.

Cet après-midi, nous nous tournons vers Dieu avec le poids de notre humanité pécheresse qui fait de nous de faux adultes, pleins de peur et d’angoisse. Chrétiens, tournons nous vers Dieu, à la suite de Jésus venu ramasser nos péchés d’orgueil, de mensonge, de jalousie, d’égoïsme. Il les a prends pour les jeter dans la mort et nous ramener à la vie, à la vie d’enfants de Dieu, à la vie telle que notre vie de cet après-midi où nous nous serrons les uns auprès des autres, peut-être grâce à l’écran géant, la radio ou la télévision.

« Avez-vous peur de mourir ? » dit l’un des assassins. – Non, répond l’une des témoins. Pourquoi ? « Parce que je crois en Dieu et je sais que je serai heureuse ». Tel est notre avenir. Ne le retardons pas.
Les assassins ont donné de multiples coups de couteaux sur l’autel. Je ne sais pas pourquoi. Je sais simplement qu’ils ont visé juste, si j’ose dire … c’est bien l’autel du sacrifice de Jésus dans lequel est consommé notre péché. Frères et sœurs, baptisés, vous le savez, participer à l’eucharistie c’est participer à la mise à mort des péchés et à la résurrection des cœurs et des vies. Quand deux ont trois sont réunis en mon nom, dit Jésus, je suis là au milieu de vous. Ils n’étaient guère que cinq ce matin-là avec le Père Jacques Hamel, autour de Jésus. Jetons nos péchés dans l’amour brûlant du Seigneur. Ne repartez pas cet après-midi sans décider de mettre votre vie du côté de la lumière, du côté de la paix, du côté de la joie, en commençant pas vos voisins et vos proches, quelque soit leur confession.

Frères et sœurs, baptisés catholiques, rejoignez vos communautés. Si vous vous en êtes éloignés, si vous vous jugez plus digne d’être plus près de Jésus, sachez que lui vous attend. allez voir un prêtre, un autre prêtre. Comme le Père Jacques Hamel, il vous dira le pardon de Dieu, il vous le donnera, dans la joie de la miséricorde.

Oui, frères et sœurs, dites à vous-mêmes et à vos proches que vous voulez être des témoins de l’amour infini de Jésus. A chaque fois que vous viendrez rejoindre les disciples de Jésus autour de l’autel, le dernier mot sera votre mission : « Allez dans la paix du Christ ». Dans la paix !

Frères et sœurs : choisissons la paix ! Choisissons le pardon ! Choisissons la vie !
Ensemble !
A vous d’en être les témoins !

(MD-SB)








All the contents on this site are copyrighted ©.