2017-01-02 16:46:00

RDC : L’Eglise a accompli sa mission dans l’accord politique


(RV) Les acteurs politiques congolais sont parvenus à signer un accord de compromis politique, le 31 décembre 2016, à l’issue d’un dialogue menée sous la médiation de l’Eglise Catholique. Commencé le 8 décembre 2016, les négociations directes, qui devaient durer trois jours comme initialement prévu, se sont donc prolongées jusqu’au 31 décembre 2016. Cet accord détermine des compromis pour la gestion du pays pendant la période de transition qui conduit aux élections générales, après la crise née à la suite de la fin du mandat du président Joseph Kabila et à la non-organisation des élections pour sa succession, mais aussi pour renouveler d’autres institutions du pays arrivées fin mandat.

Sentiment général de satisfaction

Pour Mgr Marcel Utembi, archevêque de Kisangani et président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), c’est un sentiment de joie et de satisfaction, après plus de trois semaines des tractations.

Le travail a été fait en collégialité avec les autres évêques, a souligné Mgr Utembi, qui a présenté cet accord comme le « grand cadeau » de Noël et de Nouvel An 2017. Pour l’avenir, l’archevêque de Kisangani souhaite que « les choses aillent pour le mieux ». Il appelle les acteurs politiques et les leaders de la société civile qui ont représenté la Nation congolaise à ce forum national à tout mettre en œuvre pour que les résolutions prises soient transformées en activités, afin de juguler la crise sociopolitique que connait le pays.

Tout ne s’arrête pas avec la signature de l’Accord

Au cas où il y aurait des embuches dans la mise en application de l’accord, les évêques restent disposés à offrir leurs bons offices, a indiqué Mgr Utembi. Tout ne s’arrête pas , a-t-il précisé, avec la signature de ce compromis. La CENCO sera amenée à accompagner les acteurs politiques et les différentes parties prenantes dans la mise en œuvre des résolutions dudit accord.

Le dialogue a réuni les protagonistes politiques. Mais le peuple congolais n’était pas représenté. Comment convaincre le peuple du bien-fondé de l’accord trouvé ? Pour le président de la CENCO, « le peuple attendait cet accord avec impatience ». Des messages reçus par les évêques au cours des négociations et des communications de partout en ont témoigné. Mgr Utembi estime que le peuple est satisfait, dans un premier temps, de voir que l’accord a été finalement trouvé. Le peuple est aussi content de voir qu’on pourra éviter ce qu’on craignait à l’horizon : que la crise dégénère sous diverses formes. Mais les évêques appellent le peuple à la vigilance, afin d’aider les politiciens à respecter leurs engagements et à mettre en application les conclusions de l’accord.

Tournant dans les résolutions des différends inter-congolais

C’est pour la première fois que les congolais parviennent à se mettre d’accord entre eux, sous la médiation interne. Depuis les accords de Sun City, en Afrique du Sud, au début des années 2000, destinés à résoudre l’impasse politique causée par les différentes rebellions commencées sous le règne de Laurent-Désiré Kabila, père de l’actuel président, jusqu’au dialogue de 2016 mené sous la médiation du représentant de l’Union Africaine Edem Kodjo, les tentatives de résoudre les différends entre congolais ont toujours été menées par des médiateurs étrangers.

Mgr Utembi se réjouit donc de voir que les congolais se soient mis d’accord autour des questions de divergences majeures sous la médiation de leurs propres compatriotes. Pour le président de la CENCO, cela est une preuve évidente que les congolais sont capables de résoudre leurs problèmes à l’interne, sans nécessairement recourir aux étrangers. Ainsi l’archevêque de Kisangani invite ses compatriotes à ne pas se sous-estimer, mais à prendre conscience des potentialités et des capacités locales, et à mettre à profit la confiance qu’ils doivent avoir les uns envers les autres surtout pour chercher les solutions dans l’intérêt de la nation.

Message de paix

Si l’accord n’était pas signé, la République démocratique du Congo courait le risque d’un chaos qui aurait eu des conséquences dans la sous-région. Or la paix est un élément essentiel pour relancer le développement de ce pays affecté par la crise dans plusieurs secteurs. A l’occasion de la Journée Mondiale de la Paix célébrée dans l’Eglise le 1er janvier de chaque année, Mgr Utembi a appelé ses compatriotes à promouvoir la paix et à l’entretenir. C’est seulement dans la paix que l’on peut promouvoir le bien-être de l’homme et le développement du pays. Ainsi, les « gouvernants d’aujourd’hui et de demain, ainsi que le peuple congolais sont invités à conjuguer leurs efforts pour promouvoir la paix comme socle des valeurs démocratiques et de développement pour la République Démocratique du Congo », a indiqué le président de la CENCO au micro de Jean-Pierre Bodjoko :

Même son de cloche chez les politiciens

Pour Aubin Minaku, président de l’Assemblée Nationale et Secrétaire Général de la majorité au pouvoir, il y a le même sentiment de joie et de satisfaction. La signature de l’accord, qui est intervenu en cette période de Noël , en cette fin d’année, est un nouveau point de départ pour la République « à l’unisson, dans la paix, la communion d’esprit et a fusion d’action quelle que soit la sensibilité ou l’identité politique de chacun ».

Ensuite il faut travailler d’arrache-pied, vu que l’objectif des négociations était d’atteindre une « inclusivité », a indiqué M. Minaku, qui a justifié la « réserve » de la signature de la Majorité au pouvoir par le fait que certains partis politiques n’ont pas encore signé cet accord qui se veut inclusif. Mais cela ne signifie pas que le processus est bloqué, a-t-il précisé. Au contraire, puisque la mission des bons offices des évêques a été une réussite, il faut continuer, construire davantage avec tout le monde pour mettre en œuvre toutes les recommandations de l’accord.

Aubin Minaku a aussi lancé à ses compatriotes un appel à l’unité et à la communion, « seule voie de sortie de la crise ». « Humblement, en tant que citoyen congolais, j’appelle chaque citoyen congolais, chaque frère, chaque sœur à se départir le plus possible de toutes les pesanteurs du passé, des rancœurs du passé, à construire ensemble, parce que c’est la seule voie pour que nous puissions réellement travailler et atteindre notre objectif, le bien-être de chaque citoyen congolais », a lancé le président de l’Assemblée Nationale de la République démocratique du Congo, dans un entretien accordé à Jean-Pierre Bodjoko :

Pour sa part, Christophe Lutundula, député et membre du « Rassemblement, une plateforme de l’opposition, a souligné sa triple satisfaction : en tant que protagoniste ayant pris part aux travaux, en tant que membre du Rassemblement et particulièrement  du G7 dont il est cofondateur ; satisfaction aussi en tant que chrétien catholique, de voir que l’Eglise a confirmé un leadership moral « incontestable ». M. Lutundula a fait observer qu’une chose était de conclure un accord et une autre de l’appliquer, souhaitant ainsi l’application des clauses de l’accord. Pour lui, à la lumière de la crise et de l’impasse politique que connait son pays, il apparait clairement qu’à la base il y a le non-respect de la Constitution qui prévoit notamment l’alternance au pouvoir pour ce qui est de la présidence de la République. C’est le fait qu’on ne peut pas réviser la Constitution, surtout en ce qui est des articles verrouillés. M. Lutundula estime en outre qu’il manque encore un complément important : la décrispation politique qui consiste à libérer certains politiciens en prison et de permettre à ceux exilés de regagner librement le pays. C’est une décrispation essentielle pour la paix civile et la cohésion nationale. Le député congolais espère que les évêques continueront à travailler à ce sujet. Il appelle le peuple congolais à défendre l’acquis de l’accord en étant vigilants et à s’engager activement pour défendre la démocratie, la liberté, les élections et la République, afin de rester dans la paix. Les congolais ont aussi le droit, selon M. Lutundula, de vivre heureux comme tout autre peuple au monde. Il faudrait pour cela que les dirigeants assument cette responsabilité et que le peuple s’y engage. Il a en sus remercié le Pape François pour son implication dans le processus de pacification de son pays. On peut écouter M. Lutundula au micro de Jean-Pierre Bodjoko :

(SK)








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