2017-01-09 13:11:00

Le Pape rappelle les lignes directrices de la diplomatie du Saint-Siège


(RV) Tour d’horizon des conflits en cours, des situations de crise, rappel de l’importance de la paix, exhortation aux États à s’attaquer aux racines qui minent le chemin vers la paix : le discours du Pape François au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège marque toujours le début d’année au Vatican. Ce lundi 9 janvier 2017, François a rappelé aux ambassadeurs que cent ans après l’année terrible 1917, «la paix est encore seulement un lointain mirage» pour encore trop de personnes.

Alors que le monde est confronté à de nombreux conflits ou crises, le Pape estime qu’il est «important d’adresser une parole d’espérance qui indique aussi une perspective de chemin». Réaffirmant plusieurs principes fondamentaux qu’il a eu l’occasion de développer à de nombreuses reprises, François a commencé en rappelant le rôle fondamental que les religions ont à jouer pour promouvoir la paix.

Xavier Sartre

Avant de rappeler les États à leurs devoirs, le Pape François réaffirme que «chaque expression religieuse» est appelée «à promouvoir la paix». D’où «le besoin urgent de guérir les blessures du passé et de cheminer ensemble vers des buts communs», comme l’ont démontré les différentes rencontres et échanges entre le Pape et les autres Églises chrétiennes. À l’heure où «l’expérience religieuse peut parfois être utilisée comme prétexte de fermetures, de marginalisations et de violences», ce «dialogue est possible et nécessaire». Le Pape renouvelle donc son appel «à toutes les autorités religieuses afin qu’elles soient unies pour rappeler avec force qu’on ne peut jamais tuer au nom de Dieu».

Abordant le terrorisme fondamentaliste, François explique qu’il est le «fruit d’une grave misère spirituelle à laquelle est souvent liée aussi une grande pauvreté sociale». C’est là, qu’en plus de l’engagement des autorités religieuses, interviennent les chefs politiques. C’est à eux que revient de «garantir dans l’espace public, le droit à la liberté religieuse», et de mettre en place «des politiques sociales adaptées en vue de combattre la pauvreté». Ces politiques «ne peuvent pas se séparer d’une valorisation sincère de la famille, comme lieu privilégié de la maturation humaine, et d’importants investissements dans le domaine éducatif et culturel». Les autorités publiques sont ainsi invitées par le Pape «à se faire véritable promoteur et artisan de paix». Mais il faut pour cela qu’elles combattent les injustices.

Un des thèmes qui tient le plus à cœur du Pape est celui des migrants. La miséricorde doit permettre «de construire des sociétés ouvertes et accueillantes envers les étrangers, et en même temps, sûres et en paix à l’intérieur». François insiste sur le fait que les «autorités publiques» doivent «évaluer avec sagesse et prévoyance jusqu’à quel point leur pays est en mesure d’offrir une vie décente aux migrants», «sans porter atteinte au bien commun des citoyens».

En lien avec le dossier des migrants, le Pape rappelle que les «pouvoirs publics ont le devoir d’encourager et de favoriser» le développement, en créant les conditions d’une «distribution plus égale des ressources et en stimulant les opportunités de travail surtout pour les plus jeunes». Car «les enfants et les jeunes sont l’avenir, c’est pour eux que l’on travaille et construit».

Le Pape revient également sur des situations bien particulières : la Syrie tout d’abord. Il souhaite que la communauté internationale donne vie «à des négociations sérieuses» qui mettent définitivement un point final au conflit. Il rappelle que «chacune des parties en cause doit avoir comme prioritaire le respect du droit humanitaire international, en garantissant la protection des civils et l’assistance humanitaire nécessaire à la population». Il souhaite ainsi que «la trêve récemment signée puisse être un signe d’espérance pour tout le peuple syrien, qui en a un profond besoin».

Il renouvelle également son appel pressant afin que «reprenne le dialogue entre Israéliens et Palestiniens pour arriver à une solution stable et durable qui garantisse la coexistence pacifique de deux États à l’intérieur de frontières reconnues internationalement». Concernant la République démocratique du Congo, où l’Église locale est très engagée politiquement, il souhaite que le récent accord signé entre le pouvoir et l’opposition «contribue à faire en sorte que ceux qui ont des responsabilités politiques s’emploient avec diligence à favoriser la réconciliation et le dialogue entre toutes les composantes de la société civile».

François exprime son inquiétude envers l’idéologie, «ennemie de la paix», «qui utilise les difficultés sociales pour attiser le mépris et la haine et qui voit l’autre comme un ennemi à anéantir». «Se déguisant en porteuses de bien pour le peuple», ces nouvelles formes idéologiques «laissent au contraire derrière elles pauvreté, divisions, tensions sociales, souffrance et souvent aussi, la mort». Le Pape renouvelle en outre son appel à l’éradication du «déplorable commerce des armes».

Le Pape rappelle enfin aux ambassadeurs que «l’engagement convaincu du Saint-Siège et de l’Église catholique à écarter les conflits, ou à accompagner les processus de paix, de réconciliation et de recherche de solutions négociées avec les autres, se situe dans la perspective de la miséricorde et de la solidarité». Il salue dans cette perspective les efforts en faveur de la paix qui donnent du courage, citant le rapprochement entre Cuba et les États-Unis ou l’accord de paix signé en Colombie.

François a également un mot pour l’Europe qui traverse «un moment décisif de son histoire, où elle est appelée à retrouver son identité. Ceci exige qu’elle redécouvre ses propres racines afin de pouvoir modeler son avenir. Face aux poussées qui désagrègent, il est toujours plus urgent de mettre à jour l’“idée d’Europe” pour faire naître un nouvel humanisme basé sur la capacité d’intégrer, de dialoguer et de générer, qui a rendu grand celui qu’on appelle Vieux Continent». «Le processus d’unification européenne, rappelle le Pape, a été et continue d’être une occasion unique de stabilité, de paix et de solidarité entre les peuples».

(CV-XS)

 








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