2017-02-14 11:22:00

Messe à Sainte-Marthe : vaincre les ressentiments pour sauver la fraternité


(RV) La destruction des familles et des peuples commence par les petites jalousies et envies, il faut s’arrêter au début des ressentiments qui annulent la fraternité : le Pape l’a répété lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, le lundi 13 février 2017.

Une messe offerte pour le père Adolfo Nicolàs, préposé général des jésuites de 2008 à 2016, qui repart cette semaine en mission en Orient. «Que le Seigneur récompense tout le bien fait et vous accompagne dans la nouvelle mission. Merci, père Nicolàs !», a déclaré le Saint-Père, toujours attaché à la famille spirituelle des jésuites. À cette messe ont également participé les cardinaux du C9, réunis au Vatican pour leur 18e réunion.

La fraternité détruite par les petites choses

Au centre de l’homélie du Pape, la première Lecture, tirée du livre de la Genèse, qui parle de Caïn et Abel. Pour la première fois dans la Bible, «on utilise la parole "frère"». C’est l’histoire d’une «fraternité qui devait croître, être belle, et finit par être détruite». Une histoire qui commence «avec une petite jalousie» : Caïn est irrité parce que son sacrifice n’a pas plu à Dieu, et il commence à cultiver ce sentiment en lui. Il pourrait le contrôler mais il ne le fait pas.

«Et Caïn préfère l’instinct, il préfère "cuisiner" en lui ce sentiment, le faire grandir, le laisser croître. Ce péché qu’il fera ensuite, qui est tapi derrière le sentiment. Et il grandit. Il grandit. C’est ainsi que grandissent les inimitiés entre nous : elles commencent avec une petite chose, une jalousie, une envie et ensuite ceci grandit, et nous, nous voyons la vie seulement de ce point de vue, et cette paille devient pour nous une poutre, mais la poutre nous l’avons, nous, elle est là… Et notre vie tourne autour de cela, et cela détruit le lien de fraternité.»

Le ressentiment n’est pas chrétien

Petit à petit on devient «obsédés, persécutés» par ce mal, qui grandit toujours plus : «Et ainsi grandit l’inimité et elle finit mal. Toujours. Moi, je me détache de nom frère, celui-ci n’est pas mon frère, celui-ci est un ennemi, celui-ci doit être détruit, chassé… et ainsi on détruit les gens, ainsi les inimités détruisent les familles, les peuples, tout ! Cette façon de se ronger le foie, toujours obsédé par cela. Ceci est arrivé à Caïn, et à la fin il a mis son frère dehors. Non, il n’y a pas de frère. Il n’y a que moi. C’est ce qui est arrivé au début, cela peut nous arriver à nous tous, mais ce processus doit être arrêté tout de suite, au début, à la première amertume. L’amertume n’est pas chrétienne. La douleur, oui, mais l’amertume, non. Le ressentiment n’est pas chrétien. La douleur,oui, le ressentiment, non. Combien d’inimitiés, combien de fractures…», a regretté le Saint-Père.

Le sang de beaucoup de gens dans le monde crie du sol vers Dieu

Des nouveaux curés de paroisse ont aussi participé à la messe avec le Pape François. Le Pape leur a rappelés que «aussi dans nos presbyteriums, dans nos collèges épiscopaux, ces fractures commencent comme ça ! "Mais pourquoi ils ont donné ce siège à celui-ci et pas à moi ? Et pourquoi ceci ?" Etc… des petites choses, des fractures. On détruit la fraternité.» Et Dieu demande : “Où est Abel, ton frère?”. La réponse est ironique : «Je ne le sais pas : je suis peut-être moi le gardien de mon frère ?»  «Oui, tu es la gardien de ton frère». Et le Seigneur dit : «La voix du sang de ton frère crie vers moi du sol». «Si tu as un sentiment mauvais envers ton frère, tu l’as tué ; si tu insultes ton frère, tu l’as tué dans ton cœur. L’assassinat est un processus qui commence par des petites choses.» 

«Et combien de puissants de la Terre peuvent dire ceci : "Moi ce territoire m’intéresse, ce bout de terre m’intéresse, cet autre… mais si la bombe tombe et tue 200 enfants, ce n’est pas de ma faute, c’est la faute de la bombe. Ce qui m’intéresse, c’est le territoire…" Et tout commence de ce sentiment qui te pousse à te détacher, à dire à l’autre : celui-ci n’est pas mon frère, et cela finit dans la guerre qui tue. Mais tu l’as tué au début. Ceci est le processus du sang, et le sang aujourd’hui de tellement de monde crie vers Dieu du sol. Mais tout est relié ! Ce sang là a un rapport, peut-être une petite goutelette de sang, avec mon envie, ma jalousie que j’ai fait moi sortir, quand j’ai détruit une fraternité.»

Une langue qui détruit le prochain

Que le Seigneur aujourd’hui nous aide à répéter sa demande : «Où est ton frère ?» Qu’il nous aide à penser à ceux qui «détruisent avec la langue» et à «tous ceux qui dans le monde sont traités comme des choses et non pas comme des frères, parce qu’un bout de terre compte plus que le lien de la fraternité», a lancé le Pape au terme de son homélie.

(CV)

 








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