2017-05-05 18:56:00

Porto Rico en état de faillite : l’Église très préoccupée


(RV) C'est la plus grosse faillite d'une entité territoriale jamais déclarée aux Etats-Unis. Située dans les Grandes Antilles, entre l’océan Atlantique et la mer des Caraïbes, l’Etat américain, non incorporé, de Porto Rico a déclaré l’état de faillite pour pouvoir restructurer sa dette de plus de 73 milliards de dollars, sans compter que 49 milliards de dollars d’obligations de retraite ne sont pas non plus financés.

Ce jeudi 4 mai 2017, le gouverneur de Porto Rico Ricardo Rossello a affirmé qu’en lançant la procédure de faillite, le territoire pourrait assurer la prestation des services essentiels à ses 3,5 millions d’habitants, qui vivent pour 45% d’entre eux sous le seuil de pauvreté. Dans l’archipel américain, le taux de chômage dépasse les 12%.

Cette décision, soutenue par l’Archevêque de San Juan de Puerto Rico, Mgr Roberto González, et par le pasteur Heriberto Martínez, Président de la Société biblique de Porto Rico, a été prise deux jours après la levée d’un moratoire sur les remboursements aux créanciers, essentiellement des grandes sociétés financières de Wall Street et des fonds spéculatifs privés.

Des craintes avaient été formulées, y compris dans les rangs de l’Église, sur le maintien des services, notamment sanitaires, à la population. Les habitants étaient alors descendus dans la rue pour protester contre des mesures d'austérité proposées par une commission de supervision mise en place déjà en 2016.

Les origines de la faillite

En 2015, malgré des hausses d’impôts, Porto Rico n’avait pu honorer une échéance de deux milliards de dollars. Pour pallier à cette impossibilité, le congrès américain avait voté la loi “Promesa, Puerto Rico Oversight, Management, and Economic Stability Act” qui permet, sous son article 3, que le territoire américain puisse restructurer sa dette. Un comité de supervision est chargé des négociations et a la main haute sur les finances du territoire américain. C’est celui-ci qui a suggéré une mise en faillite.

Le gouverneur entend rembourser les créanciers de l’île au rythme de près de 800 millions de dollars par an, soit une décote de 80% par rapport au montant du remboursement précédemment accordé. Mais mardi, plusieurs créanciers ont refusé de ne se voir rembourser que la moitié de la valeur d'origine de leurs titres de dettes, préférant se tourner vers les tribunaux fédéraux à San Juan, sur l'île, et de New York pour réclamer le remboursement total.

Les causes de cette faillite sont multiples. Autrefois prospère, le déclin économique a commencé en 2006 avec la fin d'exonérations fiscales massives qui avaient attiré de grandes multinationales et dopé l'activité du territoire. Depuis, la récession économique et la chute des recettes ont fait gonfler la dette, sans cesse.

L’inquiétude du Pape et de l’Église locale

Le 8 juin 2015, en rencontrant la Conférence épiscopale portoricaine, le Pape François était revenu sur les graves problèmes qui frappent le territoire et génèrent de la «préoccupation»: «la difficile situation économique, l’émigration, la violence domestique, le chômage, le trafic de drogue, la corruption». Ces dernières années, l’Église locale a proposé diverses initiatives pour affronter et résoudre l’effondrement économique.

L’archevêque de San Juan, Mgr Roberto González Nieves a répété que les racines de la crise se trouvaient dans le statut politique de Porto Rico. «Avant que notre île se trouve face à la prochaine crise, estimait-il dans le journal The Hill en 2016, nous devons déterminer qui nous voulons être et notre rapport avec les Etats-Unis». 

En 2012, 60% des électeurs ont souhaité que Porto Rico deviennent le 51ème Etat des Etats-Unis. Des procédures en ce sens ont par la suite été lancées. Le Congrès doit maintenant décider s’il accepte ou non ce résultat.

(HD-MD avec AFP)








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