2017-06-15 12:26:00

Le Pape François dénonce le «processus de mort» de la corruption


(RV) La corruption est «le langage le plus commun» des mafias, un «processus de mort» qui «casse» la coexistence entre les personnes, favorise le crime et en définitive détruit celui qui en est fautif. Le Pape le martèle dans la préface d’un livre-entretien du cardinal Peter Turkson avec Vittorio Alberti, publié en Italie sous le titre Corrosione (Corrosion). Ce phénomène est le thème d’un débat international organisé ce jeudi 15 juin par le dicastère pour le Service du Développement humain intégral, en collaboration avec l’Académie pontificale des Sciences sociales.

Le mot «corrompu» évoque étymologiquement l’idée d’un «cœur rompu», «un cœur brisé, taché par quelque chose, ruiné», comme un corps décomposé. Le Pape a invité à réfléchir sur l’un des maux qu’il ne cesse de dénoncer depuis le début de son pontificat.

François évoque dans cette préface le phénomène de la corruption dans ses métastases qui investissent «l’état intérieur» de la personne en même temps que «le fait social». Le point de départ, pour François, ce sont les «trois relations» qui caractérisent la vie humaine : celle avec Dieu, celle avec le prochain, celle avec l’environnement. Quand l’homme est «honnête», il vit de façon responsable «pour le bien commun». Au contraire, l’homme qui se laisse corrompre «subit une chute» et la «conduite anti-sociale» que la corruption induit finit par «dissoudre la validité des rapports». «Les piliers» de la coexistence se brisent, «l’intérêt particulier» est comme un venin qui «contamine toute perspective générale».

«La corruption pue», s’était exclamé le Pape le 21 mars 2015 à Scampia, un quartier de la banlieue de Naples gangréné par la mafia et le trafic de drogue. Il le redit dans cette préface. Le corrompu diffuse «la mauvaise odeur» d’un cœur décomposé, celui à l’origine de l’exploitation, de la dégradation, de l’injustice sociale… Il se situe à la racine de l’esclavage, «de l’incurie de la cité, du bien commun, de la nature».

La corruption, répète François avec force, est «une forme de blasphème». «C’est l’arme, le langage le plus commun aussi des mafias», «un processus de mort qui infuse la culture de mort» de celui qui ordonne le crime. Et aujourd’hui que simplement «imaginer le futur» est une entreprise très difficile, la corruption arrive à miner «l’espérance» qu’une amélioration soit possible. Le Pape, en appréciant l’analyse effectuée par le cardinal Turkson sur le phénomène, met de nouveau en garde l’Église sur la forme de corruption la plus dangereuse, la «mondanité spirituelle, la tiédeur, l’hypocrisie, le triomphalisme, le sens de l’indifférence».

François conclut en rappelant la «beauté absolue» des lieux du Vatican d’où il est en train d’écrire. Il définit la beauté non pas comme un «accessoire cosmétique», mais comme quelque chose qui «met au centre la personne humaine». «Cette beauté, rappelle-t-il, doit s’épouser avec la justice», et la corruption est donc comprise et dénoncée pour la miséricorde prenne le dessus sur «l’avarice», «la curiosité et la créativité sur la fatigue résignée».

Le corrompu «oublie de demander pardon» parce qu’il est fatigué et repus, indifférent et rempli de lui-même. Pour contrer cette tendance, l’Église et les chrétiens, mais aussi les non-chrétiens, a-t-il conclu, peuvent être ensemble des petits flocons de neige, qui au final feront boule de neige et contribueront à fonder «un nouvel humanisme».

(CV)

 

 

 








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