2017-06-18 18:39:00

«L’Eucharistie est le mémorial de l’amour de Dieu»


(RV) Le Pape François a célébré dimanche soir la messe à l’occasion de la fête du Corps et du Sang du Christ, sur l’esplanade de la basilique Saint Jean de Latran à Rome. Pour la première fois depuis le XVe siècle, cette célébration romaine de la Fête-Dieu, se déroulait le dimanche, et non le jeudi, jour officiel de la fête dans le calendrier liturgique. Lors de son homélie, le Pape est revenu sur le thème de la mémoire, qui traverse toute la liturgie en cette solennité de l’Eucharistie.

Le compte-rendu d'Olivier Bonnel

 

Le « pain vivant descendu du ciel » (Jn 6,51) est le sacrement de la mémoire qui nous rappelle, de manière réelle et tangible, l’histoire d’amour de Dieu pour nous, a rappelé le Pape.

« Souviens-toi, dit aujourd’hui la Parole divine à chacun de nous. » Notre histoire personnelle du salut se fonde dans le souvenir de tout ce que le Seigneur a fait pour nous. Se souvenir est essentiel pour la foi, a expliqué le Saint-Père, comme l’eau pour une plante : de même qu’une plante sans eau ne peut rester en vie et donner du fruit, de même la foi, si elle ne se désaltère pas à la mémoire de tout ce que le Seigneur a fait pour nous. Cette mémoire est importante, car elle nous permet de demeurer dans l’amour, de se souvenir, c’est-à-dire de porter dans le cœur, de ne pas oublier celui qui nous aime et que nous sommes appelés à aimer.

Une amoureuse fragilité

Mais cette faculté que le Seigneur nous a donnée est plutôt affaiblie de nos jours a relevé le Pape. « Dans la frénésie dans laquelle nous sommes plongés, beaucoup de personnes et beaucoup de faits semblent glisser sur nous. On tourne les pages rapidement, avides de nouveautés mais pauvres en souvenirs. » Ainsi, en vivant dans l’instant, a mis en garde François, «on risque de rester à la surface, dans le flux des choses qui se succèdent, sans aller en profondeur, sans cette épaisseur qui nous rappelle qui nous sommes et où  nous allons. Alors, la vie extérieure devient morcelée, la vie intérieure, inerte.» 

La solennité du Corps et du Sang du Christ nous rappelle que, dans le morcellement de la vie, le Seigneur vient à notre rencontre dans une amoureuse fragilité, celle de l’Eucharistie. Dieu vient nous visiter en se faisant « humble nourriture qui guérit avec amour notre mémoire, malade de frénésie.»

L’Eucharistie est le mémorial de l’amour de Dieu a expliqué le Pape, mémorial de cet amour qui est notre force, le soutien de notre marche. Le mémorial eucharistique n’est pas un souvenir abstrait, froid, une simple notion, mais la mémoire vivante et consolante de l’amour de Dieu. 

Nous ne sommes pas seuls

Dans l’Eucharistie, a poursuivi François, se trouve tout le goût des paroles et des gestes de Jésus, la saveur de sa Pâque, le parfum de son Esprit. En la recevant, la certitude d’être aimé par lui s’imprime dans notre cœur. L’Eucharistie forme ainsi en nous une mémoire reconnaissante, parce que nous nous reconnaissons enfants aimés du Père et rassasiés par lui, il est une mémoire libre, car l’amour de Jésus, son pardon, guérit les blessures du passé et pacifie le souvenir des torts subis et infligés ; une mémoire patiente, car dans les adversités nous savons que l’Esprit de Jésus demeure en nous. 

L’Eucharistie vient nous rappeler que même sur le chemin le plus accidenté nous ne sommes pas seuls. L’Eucharistie nous rappelle aussi que nous ne sommes pas des individus, mais un corps. De même que le peuple au désert récoltait la manne tombée du ciel et la partageait en famille (cf. Ex 16), de même Jésus, Pain du ciel, nous convoque pour le recevoir ensemble et le partager entre nous. L’Eucharistie n’est pas un sacrement « pour moi », a souligné le Pape, mais le sacrement d’une multitude qui forme un seul corps, comme Saint Paul nous l’a rappelé : « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain » (1Co 10, 17).

L’Eucharistie est enfin le sacrement de l’unité. Celui qui la reçoit ne peut être qu’artisan d’unité, parce que nait en lui, dans son “ADN spirituel”, la construction de l’unité. Le Souverain Pontife a conclu en souhaitant que ce sacrement du Corps et du Sang du Christ «nous guérisse de l’ambition de dominer les autres, de l’avidité de s’emparer pour soi, de fomenter des dissensions et de répandre des critiques ; qu’il suscite la joie de nous aimer sans rivalité, envie et bavardages malveillants.»

A l'issue de la célébration, le Pape, comme le veut la traidtion, a présidé la procession du Saint-Sacrement entre les deux basiliques majeures de Rome, Saint-Jean de Latran et Sainte-Marie Majeure. (OB) 








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