2017-06-20 12:31:00

Le Pape salue Don Mazzolari, qui voulait une Église pauvre pour et avec les pauvres


(RV) Ce mardi 20 juin 2017, le Pape François s’est rendu en pèlerinage privé à Bozzolo, dans le diocèse de Crémone en Lombardie, et à Barbiana, dans le diocèse de Florence en Toscane. Il a tenu à se recueillir sur les tombes de deux prêtres du 20ème siècle, très connus en Italie pour leur engagement contre le fascisme et auprès des plus pauvres, quitte à provoquer des désaccords avec la hiérarchie de l’Eglise. 

Parti du Vatican en hélicoptère, le Pape est arrivé vers 9h au stade de Bozzolo. Il y a été accueilli par Mgr Antonio Napolioni, l’évêque de Crémone, et par le maire de Bozzolo. À la paroisse Saint-Pierre, le Pape a longuement prié sur la tombe de Don Mazzolari, qui manqua d’être assassiné  pour son opposition active au fascisme ; un prêtre ardent défenseur de l’Église des pauvres, ce qui lui avait valu des désaccords au sein de la hiérarchie catholique. Mais il obtient le soutien des papes Jean XXIII, qui le qualifia de «trompette de l’Esprit en Basse-Padane», puis Paul VI, selon lequel Don Mazzolari «marchait d’un pas si long qu’on avait du mal à suivre!» Après s’être recueilli sur sa tombe, François a prononcé un long discours sur l’actualité du message de Don Mazzolari et sur la figure du prêtre qu’il a incarné.

Enracinée dans la Parole de Dieu, les écrits et discours de Don Mazzolari témoignent «de la clarté de son esprit et de sa force persuasive». Pasteur «exigent et direct», il mettait du sien lorsqu’il entrait –d’ailleurs volontiers– au contact des personnes, les invitant à recevoir la vérité, la miséricorde de Dieu.

Une Église plus incarnée

«Il ne pleurait pas l’Église d’un temps passé mais cherchait à changer l’Église et le monde à travers un amour passionné et une dévotion inconditionnelle». Selon lui l’Église souffrait d’un défaut d’incarnation et il pointait du doigt trois dérives: celle de laisser faire sans s’engager, sans être force de proposition mais en critiquant; celle de «l’activisme séparatiste», qui consiste à édifier des institutions (banques, cercles, coopératives, écoles) catholiques élitistes et entre soi, édifiant ainsi des barrières qui risquent de devenir insurmontables; celle enfin de la tentation du «spiritualisme», lorsque l’on se réfugie dans le religieux pour contourner les difficultés, en découle «un apostolat sans souffle et sans amour».

«Le curé des lointains»

Don Mazzolari assista à l’exode des populations rurales vers les villes et lui aussi était déjà convaincu de l’importance d’une Église en sortie vers les périphéries. Si les personnes ne vont plus à la messe, il faut aller vers elles pour «les aimer, beaucoup» et les aider, même lorsqu’elles ont des besoins non spirituels mais juste humains.

Qualifié de «curé des lointains», Don Mazzolari porta «un regard miséricordieux et évangélique sur chacun, qui l’a poussé à donner de la valeur à une certaine gradualité: le prêtre n’exige pas la perfection mais aide à ce que chacun donne le meilleur de lui-même», a expliqué le Pape. Ces ouvertures lui valurent d’être rappelé à l’ordre mais il affronta ces rappels «en adulte, debout, mais aussi agenouillé embrassant la main de son évêque qu’il continuait d’aimer ».

Une Église pauvre pour et avec les pauvres

À la suite de Don Mazzolari qui a connu la guerre, les totalitarismes, les affrontements fratricides, les fatigues d’une démocratie en gestation, la misère de son peuple, le Pape invite les prêtres à «écouter le monde et ceux qui y opèrent pour prendre le poids de toute demande de sens et d’espérance, sans craindre de traverser des déserts et des zones d’ombres. C’est ainsi que l’on devient une Église pauvre pour et avec les pauvres, l’Église de Jésus».

Les pauvres doivent être aimés pour ce qu’ils sont, sans que l’on fasse des calculs sur leur dos, sans droit d’hypothèque, affirmait le prêtre de Crémone. Le Pape souscrit et salue cet homme qui vécut pauvre, pour que les pauvres, ses frères, retourne à la maison, dans leur paroisse où l’on respire l’air du pauvre, «c’est-à-dire de Jésus Christ».

Le Pape invite chacun à faire trésor de ces enseignements et en particulier les prêtres «qui doivent être capables de marcher devant leur peuple pour indiquer le chemin à suivre (…), en encourageant ceux qui sont restés en arrière».

Suite de la visite

Le Pape s'est ensuite rendu à Barbiana, pour se reccueillir sur la tombe de Don Lorenzo Milani (1923-1967), un prêtre du diocèse de Florence décédé très jeune à 44 ans, est lui surtout connu pour son œuvre dans l’éducation des plus démunis, en tant que fondateur et animateur dans les années 1950 et 1960 de «l’école de Barbiana», une institution très novatrice sur le plan des méthodes pédagogiques. Elle associait les élèves au projet d’éducation, à l’encontre des méthodes autoritaires qui prévalaient jusqu’alors dans l’enseignement catholique.

(SBL-MD)








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