2017-06-22 17:39:00

Pape François : le bon pasteur ne doit pas se complaire dans l'angélisme


(RV) Un pasteur doit être passionné, il doit savoir discerner et doit aussi savoir dénoncer le mal. Le Pape l’a affirmé lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, où il s’est arrêté sur la figure de l’apôtre Paul, pour ensuite se pencher sur l’exemple de Don Lorenzo Milani, prêtre auquel il avait rendu hommage mardi lors d’un déplacement dans le nord de l’Italie. Comme ce curé de Barbiana, a expliqué le Pape, il faut prendre soin du prochain, mais sans angélisme.

«Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis». Le Pape François a pris appui sur l’homélie de la Première Lecture, tirée de la Seconde Lettre de Saint Paul aux Corinthiens, pour s’arrêter sur les caractéristiques que devrait avoir un pasteur. Le Pape a trouvé en saint Paul la figure du «vrai pasteur», qui n’abandonne pas ses brebis comme le ferait «un mercenaire». La première qualité, a-t-il donc indiqué, est d’être «passionné». Passionné «jusqu’au point de dire à ses gens, à son peuple : j’éprouve pour vous une espèce de jalousie divine». Il est «divinement jaloux», a expliqué le Pape.

Cette passion doit devenir «folie» pour son peuple. «Et ceci est ce que nous appelons le "zèle apostolique", a expliqué le Pape. On ne peut pas être un vrai pasteur sans ce feu à l’intérieur.» Une deuxième caractéristique, a-t-il expliqué, c’est que le pasteur doit être «un homme qui sait discerner». «Il sait que dans la vie, il y a la séduction. Le père du mensonge est un séducteur. Le pasteur, non. Le pasteur aime. Il aime. Par contre, le serpent, le père du mensonge, l’envieux est un séducteur. C’est un séducteur qui cherche à éloigner de la fidélité, parce que cette jalousie divine de Paul était pour amener le peuple à un unique époux, pour maintenir le peuple dans la fidélité à son époux. Dans l’histoire du salut, dans l’Écriture nous trouvons souvent l’éloignement à Dieu, les infidélités au Seigneur, l’idolâtrie comme s’il s’agissait d’une infidélité matrimoniale.»

Première caractéristique du pasteur, donc, «qu’il soit passionné, qu’il ait le zèle, qu’il soit zélé». Deuxième caractéristique, «qu’il sache discerner : discerner où sont les dangers, où sont les grâces, où est la vraie route». Ceci, a-t-il souligné, «signifie qu’il accompagne toujours les brebis, dans les beaux moments et aussi dans les mauvais moments, aussi dans les moments de la séduction, avec la patience, il les conduit à la bergerie.»

Et la troisième caractéristique du bon pasteur est «la capacité de dénoncer». Il faut «défendre la fidélité au Christ», et donc savoir condamner, de façon concrète, comme quand des parents disent à un enfant qui se met à ramper et veut mettre le doigt dans la prise électrique : «Non, ça non ! C’est dangereux !», a expliqué le Pape, se remémorant ses propres souvenirs d’enfance.

«Le Bon Pasteur, a-t-il dit encore, sait dénoncer, avec prénom et nom», comme justement le faisait saint Paul. François est donc revenu sur sa visite à Bozzolo et Barbiana, dans ces lieux où avaient œuvré ces «deux courageux pasteurs italiens». Et en parlant de Don Milani, il s’est référé à ce qui était «sa devise» quand il «enseignait à ses élèves» : «"I care." Mais qu’est-ce que cela signifie ? Ils m’ont expliqué : avec ceci, il voulait dire "cela m’importe". Il enseignait le fait que les choses doivent être prises au sérieux, contre la devise à la mode à cette époque qui disait : “cela ne m’importe pas” ("I don't care", ndlr…). Et ainsi, il enseignait aux jeunes à aller de l’avant, à prendre soin de leur vie.»

Il faut donc savoir dénoncer aussi « ce qui va contre ta vie. Et tant de fois, a-t-il dit, «nous perdons cette capacité de condamner, et nous voulons faire avancer les brebis un peu avec cet angélisme (buonisme) qui n’est pas seulement naïf, mais qui fait mal, cet angélisme des compromis, pour attirer l’admiration ou l’amour des fidèles, en laissant faire».

Les pasteurs doivent donc suivre l’exemple de Paul, qui fait preuve de «zèle apostolique» et de discernement, parce qu’il connait la séduction et il sait que le diable séduit. C’est un homme avec une capacité de condamnation «des choses qui font mal aux brebis».

(CV)








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