2017-06-28 12:58:00

Le Pape exhorte les syndicats à s'engager dans les périphéries


(RV) Le Pape François a reçu ce mercredi 28 juin 2017 dans la salle Paul VI au Vatican les délégués du syndicat italien CISL, la Confédération italienne des syndicats de travailleurs. Lors de cette rencontre, qui précédait la dernière audience générale avant la pause estivale, le Pape est revenu sur la relation entre le travail et la personne, au cœur du congrès du syndicat. Il a rappelé le lien essentiel qui unit chaque homme au travail, soulignant que « la personne s’épanouit dans le travail ». « Le travail est une forme d’amour civil : ce n’est pas un amour romantique ni toujours intentionnel, mais c’est un amour véritable, authentique qui nous fait vivre et qui fait avancer le monde » a-t-il affirmé.

Mais le travail n’est pas tout, et François a rappelé l’importance du loisirs qui nous permet de profiter de notre famille. Il a aussi expliqué que nous ne devions pas toujours travailler, surtout si l’on est un enfant, si l’on est malade ou trop âgé. Le Pape en a profité pour dénoncer le fait qu’il y ait encore aujourd’hui trop d’enfants et d’adolescents qui travaillent et qui n’étudient pas, et le fait que tous ne bénéficient pas d’une juste retraite. « Les retraites dorées sont une offense aussi grave au travail que des retraites trop basses parce qu’elles permettent que les inégalités du temps du travail deviennent pérennes », regrette-t-il.

« Une société qui contraint les personnes âgées à travailler trop longtemps et qui oblige une entière génération de jeunes à ne pas travailler alors qu’ils devraient le faire pour eux et pour tout le monde, est stupide et myope » affirme le Pape. C’est pourquoi il exhorte ses interlocuteurs à nouer un « nouveau pacte social humain » pour le travail, qui réduise les heures de travail à qui approche de la retraite afin de créer du travail pour les jeunes. « Le don du travail est le premier don des pères et des mères aux fils et aux filles, c’est le patrimoine d’une société ».

Mais le Pape François s’est aussi attaché à revenir à la nature intrinsèque des syndicats. Xavier Sartre

« Le syndicat nait et renait toutes les fois que, comme les prophètes de la Bible, il donne la parole à qui ne l’a pas, dénonce le pauvre vendu pour une paire de sandales, démasque les puissants qui piétinent les droits des travailleurs les plus fragiles, défend la cause de l’étranger, des derniers, des déchets ». Le Pape rappelle aux syndicalistes leur dimension prophétique qu’ils oublient trop souvent. Il leur reproche ainsi de devenir, avec le temps, trop semblables aux politiciens, imitant leur langage.

Le Pape rappelle surtout que les syndicats doivent protéger non seulement qui a un travail, mais aussi et surtout qui n’en a pas, « les exclus du travail qui sont aussi exclus des droits et de la démocratie ». Car le capitalisme d’aujourd’hui « a oublié la nature sociale de l’économie, de l’entreprise », regrette le Pape qui, au terme d’économie de marché, préfère celui d’économie sociale de marché. Si la société ne comprend plus le syndicat c’est peut-être « parce qu’elle ne le voit pas assez lutter » « dans les périphéries existentielles, parmi les exclus du travail ». Et de prendre en exemple les 40 % de jeunes de moins de 25 ans qui sont au chômage en Italie.

C’est parmi eux, mais aussi parmi les immigrés, les pauvres et les femmes, considérées encore comme de « seconde classe » que les syndicats doivent agir, sans se laisser corrompre. François les exhorte à agir : « faites quelque chose » s’exclame-t-il. « Habiter dans les périphéries peut être une stratégie d’action » estime-t-il, « une priorité du syndicat d’aujourd’hui et de demain ». « Il n’y a pas une bonne société sans un bon syndicat et il n’y a pas de bon syndicat qui ne renaisse chaque jour dans les périphéries, qui ne transforme les pierres exclues de l’économie en pierres angulaires » affirme-t-il.

Rappelant l’étymologie du mot syndicat, qui veut dire en grec justice ensemble, le Pape a ainsi conclu en disant qu’il « n’y a pas de justice ensemble si elle n’est pas avec les exclus d’aujourd’hui ». (XS)








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