2017-07-13 13:55:00

Venezuela: les évêques appellent armée et gouvernement à la responsabilité


(RV) Les évêques vénézuéliens ont lancé mercredi 12 juillet 2017, au dernier jour de leur assemblée plénière, un message «urgent» aux «catholiques et aux personnes de bonne volonté». Après avoir demandé en début de semaine au président Nicolas Maduro de renoncer à convoquer l’élection d’une assemblée constituante, ils dénoncent de nouveau le risque d’une dérive dictatoriale et appellent chacun à prendre ses responsabilités.

Réaffirmant leur proximité, et celle du Saint-Père, les évêques commencent par rappeler la situation de crise, humanitaire mais aussi démocratique, que connaît le pays. Ils dénoncent la violence, qui «a pris un caractère structurel» et s’exprime à travers la répression «irrationnelle» du gouvernement, les dégâts matériels et les persécutions.

Les évêques ne nient pas les réponses parfois violentes qui contribuent à créer un «climat de tension et d’anarchie» mais les attribuent à la répression du pouvoir. Ils s’alarment des conditions de détention «inhumaines» et de la poursuite de manifestants par des tribunaux militaires «comme s’ils étaient de dangereux criminels»; pendant que des groupes paramilitaires sévissent contre les communautés et les institutions «sous le regard complaisant des autorités».

Vers un «État socialiste, marxiste et militaire»

«Le temps d’un changement d’orientation politique du gouvernement est venu», estime l’épiscopat. Rappelant que «seul le peuple peut convoquer une assemblée nationale constituante», il dénonce le projet du président Nicolas Maduro d’en réunir une.

«Tout porte à croire que ce qui est recherché est d'établir un État socialiste, marxiste et militaire, avec la disparition de l'autonomie des pouvoirs, particulièrement le pouvoir législatif.» Au contraire, les évêques jugent la consultation populaire prévue par l’Assemblée nationale dans trois jours tout à fait «légitime».

Nombreux appels

Le message diffusé par l’épiscopat contient aussi plusieurs appels. Les évêques demandent au gouvernement de retirer son projet d’assemblée constituante, d’abandonner sa politique répressive, de démanteler et de sanctionner les groupes paramilitaires, de libérer les prisonniers politiques et d’ouvrir un canal humanitaire.

Ils souhaitent que l’armée soit «au service de tout le peuple (…) et pas seulement d’un régime, d’un parti ou d’un dirigeant»; que les responsables politiques agissent au service de l’intérêt général et non des leurs; que les institutions éducatives et culturelles contribuent «à créer une conscience politique et ainsi élever le niveau socioculturel de tous les citoyens».

Journée de prière et de jeûne le 21 juillet

Les évêques s’engagent à continuer d’agir en faveur des plus pauvres et des exclus. Ils incitent les fidèles «à éclairer et à abattre tous les murs de la division», à «retisser le tissu social» et à «prendre des mesures pour la réconciliation dans la rencontre fraternelle entre tous». Ils invitent également  tous les «hommes de bonne volonté» à faire de l’option préférentielle pour les pauvres une réalité.

Enfin, l’épiscopat annonce une journée de prière et de jeûne le 21 juillet prochain «afin de demander à Dieu qu’il bénisse les efforts des Vénézuéliens pour la liberté, la justice et la paix».

(SBL, avec Conférence épiscopale vénézuélienne)








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