2017-07-21 17:04:00

Le cardinal Bassetti aborde les défis de l'épiscopat italien


(RV) “Annonce, unité et charité” : ce sont les trois piliers que le cardinal Gualtiero Bassetti indique comme fondamentaux dans son mandat comme président de la conférence épiscopale italienne, à la conduite de laquelle il a été nommé le 24 mai dernier.

Interrogé par Debora Donnini, du service italien de Radio Vatican, l’archevêque de Pérouse revient sur certains thèmes pastoraux et d’actualité, du rapport entre évêques et prêtres à l’affaire Charlie Gard, cet enfant de 11 mois atteint par une rare maladie génétique et objet d’une bataille juridique au Royaume-Uni, dont le sort est suivi avec une grande émotion par l’opinion publique en Italie.

«Le premier point est l’annonce: «Allez dans le monde entier, et proclamez l’Évangile à toute créature.» Le Saint-Père, dans Evangelii Gaudium, nous a indiqué de nouvelles formes d’annonce qui peuvent vraiment nous aider à apporter l’Évangile à tous, aux lointains. L’Évangile est justement cet esprit d’annonce de joie, qui ensuite est aussi le tissu reliant tous les documents du Pape : la joie. Evangelii Gaudium, Amoris Laetitia, Laudato si’ sont toutes des thématiques qui rappellent la joie de notre appartenance chrétienne. Le deuxième point est l’unité, et je me réfère naturellement à l’Église de Dieu qui est en Italie. L’unité ne signifie pas être conformistes ou être unanimes pour tout. L’unité s’exprime à travers le dialogue, la collégialité, une meilleure collégialité avant tout entre les évêques mais aussi avec tout le corps de l’Église. Chercher l’unité dans l’Église signifie êtres humbles, être dociles au souffle de l’Esprit Saint, et se faire guider par Lui. Ensuite, au troisième point, la charité, mais que je voudrais conjuguer avec trois grands thèmes : la travail, la famille et les migrations. Ceci serait un peu mon programme, ou bien l’attitude de fond avec laquelle j’aborde mes premiers pas comme président de la Cei (Conférence épiscopale italienne).

«L’homme a besoin de pain et de la grâce», disait le Serviteur de Dieu et ancien maire de Florence, Giorgio La Pira, une des figures dont vous vous réclamez, tout comme les deux prêtres, don Primo Mazzolari et don Lorenzo Milani, sur les tombes desquels s’est récemment rendu le Pape François pour prier. Quel est le fil rouge qui unit ces trois figures ?

La Pira, Mazzolari et Milani : ces trois figures, bien que très différentes entre elles, sont unies, selon moi, par leur très forte vocation à aller vers les derniers, les pauvres, malgré toutes les difficultés que tout cela comporte, naturellement. Et leur force était justement ici : dans l’engagement total à rester toujours dans l’Église, malgré les incompréhensions et les fermetures.

Le Pape est revenu de nombreuses fois sur le rapport entre l’évêque et les prêtres, en soulignant que l’évêque, dans son diocèse, doit être proche des prêtres, en prendre soin. Comme président de la Cei, ceci sera un thème au centre de votre action pastorale ?

Absolument, oui. Je voudrais que les prêtres aient cette odeur des brebis, c’est-à-dire qu’ils soient proches des gens, qu’ils se salissent les mains en servant les gens. En revenant à la maison, après l’élection comme président de la Cei, je faisais cette réflexion en moi-même : Il y a beaucoup de choses que je dois maintenant déléguer à mon évêque auxiliaire, mais il y a deux choses que, comme évêque, je ne déléguerai jamais à personne : la proximité pour les prêtres et la proximité pour les séminaristes. Présence et proximité. L’évêque ne peut pas s’enfermer dans le palais épiscopal, autrement il cesserait sa mission. Celle des évêques, et je le comprend toujours plus, après 24 ans d’épiscopat, est une mission complexe, mais moi je dis aussi merci au Seigneur pour cet appel, parce que c’est une très belle mission. Je me souviens du jour de mon ordination épiscopale, le 8 septembre 1994, quand le cardinal Silvano Piovanelli, mon évêque, m’a dit : «Souviens-toi qu’être évêque signifie servir pour toute la vie, par amour.»

Parlons de l’affaire Charlie Gard, sur laquelle le Pape est intervenu, mais aussi vous-même, pour défendre le droit des parents à soigner leur enfant. Qu’est-ce que vous pensez de cette affaire ? Il s’agit aussi d’une question anthropologique, sur la valeur de la vie humaine, aussi si elle est malade, et donc un appel à ne pas anesthésier la conscience ?

Les deux choses. Il est clair que la question est strictement anthropologique et surtout on ne doit jamais adoucir, ou pire encore anesthésier la conscience, sur le fait de la vie parce que notre vie est éternelle, elle commence sur cette terre et durera pour toujours. Cela veut aussi sub specie aeternitatis (sous l’aspect de l’éternité). Alors c’est une question anthropologique et aussi spirituelle. Donc, la vie doit être défendue et protégée aussi quand nous sommes en présence d’une maladie que nous pouvons jugée gravissime. Pourquoi la vie doit-elle être défendue et protégée ? Le Pape l’a dit avec une extrême clarté : parce qu’il n’existe aucune vie qui ne soit pas digne d’être vécue. Autrement, nous tombons dans la culture du déchet et ceci est terrible, parce que si quelque chose est écarté, cela veut dire qu’il est inutile. Et alors cela voudrait dire qu’il existe des vies inutiles qui ne sont pas dignes d’être vécues. La vie, au contraire, est toujours un don, une relation. Pensez à quelle forme de relation a été, de fait, la vie de Charlie : tout le monde s’est concentré autour de lui, pas seulement sa grande et noble famille mais des nations entières se sont concentrées autour de ce fait, parce qu’il y a une vie et parce que la vie est relation, capable d’impliquer aussi l’opinion mondiale. La vie n’est donc jamais un fait unilatéral. La vie d’une seule personne sur la terre nous concerne tous.»

(CV-Service italien de Radio Vatican)








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