2017-08-22 18:35:00

Philippines: le cardinal Tagle appelle à une nouvelle approche de la lutte contre la drogue


(RV) Le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille, a lancé un appel pressant au gouvernement du président Rodrigo Duterte pour mettre fin à la “guerre de la drogue” qui a mené en un an à la mort de 12 000 personnes, exécutées en dehors de toutes procédures judiciaires.

Dans un message lu dimanche dans toutes les églises des Philippines, le cardinal a exhorté les familles philippines, les agences gouvernementales, les organisations populaires, les écoles, les communautés religieuses, les médecins, la police, les militaires et les anciens toxicomanes «à s’unir, à s’écouter et à entreprendre un chemin commun dans la lutte contre cette plaie».

Le message suit un nouvel homicide, survenu le 16 août, et qui a fortement secoué la communauté catholique philippine. La victime est un étudiant de 17 ans d’une école catholique de Caloocan City, dans la région de la capitale, qui selon la police était armé et a été tué lors d’un affrontement armé. Mais certains témoins affirment que l’étudiant était proche d’un commerce quand les policiers l’ont traîné dans les ruelles, et ensuite lui ont ordonné de courir avant de lui tirer dessus.

«Je vous invite à réfléchir, à prier et à agir», écrit le cardinal Tagle dans son message, en reconnaissant que «la menace de la drogue illégale est réelle et destructrice», mais qu’il faut l’affronter ensemble, alors que malheureusement aujourd’hui elle divise le pays. «Étant donnée la complexité de la question, aucun individu, groupe social ou institution ne peut revendiquer le fait d’avoir l’unique solution juste : nous avons besoin les uns des autres.»

«Pour mieux comprendre la situation, explique l’archevêque de Manille, nous n’avons pas seulement besoin de statistiques mais nous devons connaître les histoires. Les familles détruites par les drogues illégales doivent raconter leurs histoires. Aux familles avec des proches tués durant la guerre de la drogue, spécialement les innocents, il doit leur être consenti de raconter leur histoire.»

Le cardinal Tagle a donc invité les fidèles à une neuvaine de prière, du 21 au 29 août, pour les victimes de cette guerre, pour leurs familles, pour ceux qui cherchent à sortir du tunnel de la drogue, pour la conversion des assassins, et pour vaincre le mal avec le bien. «Sauvons les vies des personnes les plus vulnérables à la toxicodépendance ; les jeunes, les pauvres et les chômeurs. Des paroles de solidarité, sans larmes, et des actes de compassion coûtent peu.»

Il y a quelques jours, rappelle l’agence Sir, Mgr Pablo Virgilio David, l’évêque de Caloocan, a annoncé la création d’une mission populaire dans une zone pauvre où ont été tuées 50 personnes en une seule semaine. Le diocèse, avec les congrégations religieuses, mettra à disposition des maisons et du personnel (avocats, opérateurs sociaux, volontaires), pour aider les familles des victimes. Mgr Socrates Villegas, archevêque de Lingayen, au nord du pays, a demandé à ce que dans toutes les églises de son diocèse, chaque soir durant trois mois, afin de «réveiller une population apeurée», on sonne les cloches durant 15 minutes, en signe de protestation contre le nombre croissant d’homicides de la part de la police dans la lutte contre les narcotrafiquants. 

(CV)








All the contents on this site are copyrighted ©.