2017-09-07 20:09:00

Le Pape encourage les jeunes Colombiens à rêver en grand


(RV) «Prenez le risque de rêver en grand !» Depuis le balcon de l'archevêché, le Pape a demandé à près de 22.000 jeunes rassemblés sur la place Bolivar, au cœur de Bogotà, de prendre des risques pour aller de l’avant et construire la paix. Il les encourage à transmettre aux générations plus âgées leur capacité de pardon pour regarder en avant «sans le fardeau de la haine» dans ce pays où la paix reste fragile, un an après les accords signés entre la guérilla des Farcs et les autorités. 

Avant de rencontrer ces jeunes place Bolivar, le Pape s'était rendu du Palais présidentiel à la cathédrale de Bogotà. François a passé un long moment à saluer la foule réunie sur le parvis avant de pénétrer dans la cathédrale. En son sein, 3 000 fidèles attendaient le Pape. Celui-ci s’est recueilli devant une peinture représentant la Vierge de Chiquinquira. Il a ensuite signé le livre d’or de la cathédrale de l’Immaculée Conception, demandant à la Vierge «de ne pas arrêter de guider et de prendre soin de ses enfants colombiens et de les regarder toujours avec ses yeux miséricordieux».

Après sa rencontre avec les jeunes, François s'est adressé aux 130 évêques colombiens.

Deuxième discours du Pape adressé aux jeunes de Colombie

Chers frères et sœurs,

Je vous salue avec grande joie et je vous remercie pour votre bienvenue chaleureuse. « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : “Paix à cette maison”. S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous » (Lc 10, 5-6).

J’entre aujourd’hui dans cette maison qu’est la Colombie en vous disant : la paix soit avec vous ! C’était l’expression qu’utilisait tout juif, et aussi Jésus, pour saluer. J’ai voulu venir jusqu’ici comme pèlerin de paix et d’espérance, et je désire vivre ces moments de rencontre avec joie, rendant grâce à Dieu pour tout le bien qu’il a fait dans cette nation, en chacune de vos vies.

Je viens aussi pour apprendre ; oui, pour apprendre de vous, de votre foi, de votre force devant l’adversité. Vous savez que l’évêque, le prêtre doivent apprendre de leur peuple; c’est pour cette raison que je suis venu apprendre de vous. Je suis évêque mais je viens apprendre. Vous avez vécu des moments difficiles et sombres, mais le Seigneur est près de vous, il est dans le cœur de chaque fils et fille de ce pays. Lui, il n’est pas sélectif, il n’exclut personne et embrasse chacun ; et écoutez, tous nous sommes importants et nécessaires pour lui. Durant ces jours, je voudrais partager avec vous la vérité la plus importante : Dieu nous aime avec un amour de Père et il vous encourage à continuer à chercher et à désirer la paix, cette paix qui est authentique et durable. Dieu nous aime avec son amour de Père. Répétons ensemble : “Dieu nous aime avec son amour de Père”.

Bien. J’avais écris : “Je vois ici beaucoup de jeunes”, mais même les yeux fermés, je sais que seulement les jeunes sont capables de faire autant de bruit! (Les jeunes l’acclament encore plus fort). Vous, les jeunes, je vais vous parler, vous qui êtes venus des quatre coins du pays. C’est toujours pour moi un motif de joie de me retrouver avec les jeunes. Aujourd’hui je vous le dis : S’il vous plait, gardez vive votre joie, parce qu’elle est le signe d’un cœur jeune, d’un cœur qui a rencontré le Seigneur. Personne ne pourra vous l’enlever (cf. Jn 16, 22). Personne! Mais dans le doute, je vous le conseille à nouveau : Ne vous la laissez pas voler ; gardez cette joie qui unifie tout, conscients d’être aimés par le Seigneur. Parce que, comme nous venons de le dire : Dieu nous aime avec son amour de Père. Cela est le principe de la joie. Le feu de l’amour de Jésus-Christ fait déborder cette joie, et il est suffisant pour enflammer le monde entier. Comment n’allez-vous pas pouvoir changer cette société, et comment voulez vous vous y prendre ? N’ayez pas peur de l’avenir ! Osez rêver grand ! C’est à ces grands rêves que je voudrais vous inviter aujourd’hui. S’il vous plait, ne faites pas de petites choses: volez haut et rêver en grand !

 

Vous, les jeunes, vous avez une sensibilité spéciale pour reconnaître la souffrance des autres ; C’est curieux, vous vous en rendez compte immédiatement. Les volontaires du monde entier proviennent de milliers d’entre vous qui sont capables de renoncer à leur temps, à votre confort, à leurs projets centrés sur eux-mêmes pour se laisser émouvoir par les besoins des plus fragiles et se dévouer pour eux. Mais il peut arriver aussi que vous soyez nés dans des environnements où la mort, la souffrance, la division vous ont imprégnés si profondément qu’elles vous ont laissés à moitié étourdis, comme anesthésiés de la douleur. Pour cette raison, je voudrais vous demander de laisser la souffrance de vos frères colombiens vous faire bouger ! Et nous, les plus âgés, aidez-nous à ne pas nous habituer à la souffrance et à l’abandon. Nous avons besoin de vous, aidez-nous à ne pas nous habituer à la douleur et à l’abandon.

Vous également, jeunes gens et jeunes filles, qui vivez dans des milieux complexes, avec des réalités différentes, et des situations familiales les plus diverses, vous vous êtes habitués à voir que dans le monde, tout n’est pas tout blanc ou tout noir ; que la vie quotidienne consiste en une large gamme de tonalités grises. C’est vrai! Mais cela peut vous exposer au risque de tomber dans une atmosphère de relativisme, qui met de côté cette capacité qu’ont les jeunes d’entendre la douleur de ceux qui ont souffert.  Vous avez la capacité non seulement de juger, de souligner des erreurs, mais également cette autre capacité magnifique et constructive : celle de comprendre. Comprendre que même derrière une erreur – parce qu’on doit prler clairement : une erreur est une erreur et il ne faut pas le maquiller – et vous êtes à même de le comprendre, que derrière une erreur, il y a une infinité de raisons, de circonstances atténuantes. Combien la Colombie a besoin de vous pour se mettre dans la peau de tous ceux pour lesquels de nombreuses générations n’ont pas pu ou n’ont pas su le faire, ou n’ont pas trouvé les modalités d’une compréhension adéquate !

A vous, les jeunes, il vous est très facile de vous rencontrer. J’ai d’ailleurs une demande. Ici, vous êtes tous rassemblés. Depuis combien de temps êtes-vous ici ? (réponses indistinctes) Vous voyez que vous courageux ? Pour vous, c’est très facile de se rencontrer. Il vous suffit d’un événement comme celui-ci, d’un bon café, d’un bon verre ou quoi que ce soit comme prétexte pour susciter la rencontre. Les jeunes se retrouvent sur la musique, l’art…oui, même une finale, une partie, entre l’Atlético Nacional et l’América de Cali est une occasion pour se réunir ! Pour cette raison, vous pouvez nous enseigner à nous les grands, que la culture de la rencontre ne consiste pas à penser, à vivre ni à réagir tous de la même manière, non ce n’est pas cela: La culture de la rencontre consiste à savoir qu’au-delà de nos différences nous faisons tous partie de quelque chose de grand qui nous unit et nous transcende, nous faisons partie de ce merveilleux pays. Aidez-nous, nous les grands, à entrer et à pas de géant dans cette culture de la rencontre que vous maitrisez si bien.

Votre jeunesse vous rend capables aussi de quelque chose de très difficile dans la vie : pardonner. Pardonner à ceux qui nous ont blessés ; il est remarquable de voir comment vous ne vous laissez pas embobiner par de vieilles histoires, comment vous nous regardez avec étonnement, nous les adultes, répéter des histoires de divisions seulement pour rester prisonniers des rancœurs. Vous nous aidez dans cette tentative de laisser derrière ce qui nous a blessés et vous nous aidez à regarder en avant sans le fardeau de la haine, parce que vous nous faites voir le monde entier qu’il y a devant, toute la Colombie qui veut grandir et continuer à se développer ; cette Colombie qui a besoin de chacun de nous et que, nous les plus âgés, nous vous devons.

Et c’est précisément pour cette capacité à pardonner que vous, les jeunes, affrontez l’énorme défi de nous aider à guérir notre cœur. Vous entendez ce que je vous demande ? aidez-nous à guérir notre cœur. On le dit tous ensemble ? (Ils le répètent) C’est une demande d’aide que je vous lance : transmettez-nous l’espérance jeune qui est toujours prête à donner aux autres une seconde chance. Les environnements d’inquiétude et d’incrédulité enferment l’âme, environnements qui ne trouvent pas d’issue aux problèmes et qui boycottent ceux qui essayent, abiment l’espérance dont toute communauté a besoin pour avancer. Que vos illusions et vos projets donnent de l’oxygène à la Colombie et la remplissent de saines utopies. Jeunes, rêvez, bougez, prenez des risques, regardez la vie avec un sourire nouveau, allez de l’avant, N’ayez pas peur!

C’est seulement ainsi que vous vous résoudrez à découvrir le pays qui se cache derrière les montagnes ; celui qui ne fait pas les titres des journaux et n’apparaît pas parmi les préoccupations quotidiennes parce qu’il est très loin. Ce pays que l’on ne voit pas et qui fait partie de ce corps social qui a besoin de nous : vous les jeunes, êtes capables de découvrir la Colombie profonde. Les cœurs jeunes sont stimulés devant les grands défis : combien de beautés naturelles y-a-t-il à contempler sans avoir besoin de les exploiter ! Que de jeunes comme vous ont besoin de votre main tendue, de votre épaule pour entrevoir un avenir meilleur.

Aujourd’hui j’ai voulu passer ces moments avec vous, je suis sûr que vous avez la capacité nécessaire pour construire – construire! - la nation que nous avons toujours rêvée. Les jeunes sont l’espérance de la Colombie et de l’Eglise ; sur leur chemin et sur leurs pas nous devinons ceux de Jésus, Messager de paix, de celui qui nous porte toujours de bonnes nouvelles.

Je m’adresse maintenant à vous tous. Chers frères et sœurs de ce pays bien-aimé, enfants, jeunes, adultes et personnes âgées, vous qui voulez être porteurs d’espérance ; que les difficultés ne vous oppriment pas, que la violence ne vous abatte pas, que le mal ne vous vainque pas. Nous croyons que Jésus, par son amour et sa miséricorde qui demeurent pour toujours, a vaincu le mal, le péché et la mort. Répétons : Il suffit d’aller à sa rencontre. Allez à la rencontre de Jésus. Je vous invite à l’engagement -  non à l’achèvement – mais à l’engagement. A quoi êtes-vous invités? (La foule crie) Bravo, c’est cela. Prenez soin de vous engager pour la rénovation de la société afin qu’elle soit juste, stable, féconde. De ce lieu, je vous encourage à vous appuyer sur le Seigneur, qui est le seul qui nous soutient et le seul qui nous encourage à contribuer à la réconciliation et à la paix.

Je vous embrasse tous et chacun qui êtes ici, les malades, les plus pauvres, les marginalisés, ceux qui sont dans le besoin, les personnes âgées, ceux qui sont dans leurs maisons… chacun de vous ; vous êtes tous dans mon cœur. Et je demande à Dieu de vous bénir. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci beaucoup







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