2017-09-21 16:24:00

Le Pape François reçoit la commission parlementaire antimafia


(RV) Le Pape François a reçu, ce jeudi 21 septembre 2017, les membres de la commission parlementaire antimafia. Devant les députés et sénateurs qui composent cette entité du Parlement italien, le Saint-Père a salué le travail réalisé en Italie pour lutter contre la mafia et il a rendu hommage à tous ceux, qui au prix de leur vie, ont combattu ce fléau, en particulier les magistrats italiens Livatino, Falcone et Borsellino. Mais le Saint-Père a surtout présenté les axes d’une politique authentique qui fait du combat contre la mafia une priorité.

«Le point de départ», observe le Pape, est toujours «le cœur de l’homme» qui est soumis à «des tentations d'opportunisme, de tromperie et de fraude». Le danger réside dans «le refus de se remettre en discussion», dans «l’autosuffisance» qui conduit à une «banalisation du mal, à confondre vérité et mensonge». En découle une «politique déviante», qui extorque le bien commun et hôte espérance et dignité aux personnes.

Il est donc fondamental, a souligné le Saint-Père, de «s’opposer avec force au grave problème de la corruption qui, dans le mépris de l'intérêt général, représente le terrain fertile dans lequel les mafias s’enracinent et se développent». La corruption, a poursuivi le Pape, a «une nature contagieuse et parasite». «C'est une racine vénéneuse qui altère la saine concurrence et éloigne les investissements». Elle est construite «sur l'idolâtrie de l'argent et la marchandisation de la dignité humaine». «Il faut donc la combattre, a précisé le Saint-Père, avec des mesures non moins incisives que celles envisagées dans la lutte contre les mafias».

Mais cette lutte contre les mafias «ne signifie pas seulement réprimer». Elle signifie aussi «bonifier, transformer, construire». Ce combat sous-tend un engagement à plusieurs niveaux. Au niveau politique, «à travers plus de justice sociale» afin d’éviter que les mafias ne se présentent comme «une alternative sur les territoires où manquent les droits et les opportunités : le travail, l’habitation, l’instruction, la couverture sociale. Au niveau économique, «en supprimant ou en corrigeant les mécanismes qui engendrent partout l'inégalité et la pauvreté».

«Aujourd'hui, a affirmé le Pape, on ne peut plus parler de la lutte contre les mafias sans soulever l'énorme problème d’une finance désormais souveraine sur les règles démocratiques, grâce à laquelle les criminels investissent et multiplient les bénéfices déjà considérables tirés de leur commerce: drogue, armes, traite des êtres humains». À ce double niveau, politique et économique, vient s’ajouter un autre engagement «non moins essentiel» a précisé le Saint-Père : «la construction d'une nouvelle conscience civile, la seule qui puisse amener à une véritable libération des mafias».

Enfin, lutter contre la mafia c’est aussi valoriser et protéger «les témoins de justice» qui «s’exposent à de graves risques en choisissant de dénoncer les violences dont ils ont été témoins». Et le Pape a cité en exemple «ces nombreuses femmes surtout les mères qui sont engagées dans cette démarche refusant les logiques criminelles, et avec le désir de garantir à leurs propres enfants un avenir diffèrent».

L’Italie, a déclaré le Saint-Père «doit être fière d'avoir mis en place une législation contre la mafia impliquant l'État et les citoyens, les administrations et les associations, les laïcs, les catholiques et le monde religieux en général».

Un combat de longue date pour le Pape François

Le Pape François depuis le début de son pontificat, a, à plusieurs reprises, dénoncé la «plaie» que représente la mafia. «Il faut s’opposer et combattre la mafia comme l’expression d’une culture de mort» avait-il déclaré en janvier dernier devant la direction nationale italienne antimafia, soutenant le travail des magistrats mais aussi l’action de «nombreuses paroisses et associations catholiques» sur le terrain.

Membres du clergé, de la magistrature, d’associations engagées contre la corruption ou victimes de ce fléau, étaient réunis en juin dernier à l’initiative du dicastère pour le Développement humain intégral, en collaboration avec l’Académie des sciences sociales, au Vatican. Une réflexion a alors été entamée sur «l’excommunication des mafieux et des organisations criminelles».

 (CV-HD)








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