2017-10-01 17:26:00

A l'Université de Bologne, le Pape plaide pour un nouvel humanisme européen


(RV) C’était une étape très attendue de la visite pastorale du Pape François en Emilie-Romagne : la rencontre avec le monde universitaire et académique, à l’Université de Bologne, la plus ancienne d’Europe, laboratoire de l’humanisme et foyer des études juridiques et du Droit, fondée il y a près de 1000 ans. C’est dans ce cadre prestigieux que le Pape s’est adressé aux étudiants et au corps professoral, dans un plaidoyer en faveur d’un nouvel humanisme européen.

Dans ce discours dense, le Pape a voulu proposer trois droits aux étudiants ; des droits à protéger, au travers de  leur parcours universitaire et de leurs études, pour travailler, justement, au déploiement de ce nouvel humanisme européen. Le premier de ces droits : le droit à la culture. Protéger la sagesse en tant que savoir humain et humanisant. «Trop souvent, affirme le Pape, nous sommes conditionnés par des modèles de vie banals et éphémères, qui nous poussent  à poursuivre un succès à bas coût, et nous font croire que les études ne servent à rien». Au contraire, «les études servent à se poser des questions, à ne pas se faire anesthésier par la banalité». Voilà votre devoir a lancé le Pape aux étudiants : «répondre aux refrains paralysants du consumérisme culturel avec des choix dynamiques et forts, avec la connaissance et le partage». Plus que jamais, nous avons besoin de promoteurs de la «vraie culture, celle qui fait grandir l’homme, (...) face à une pseudo culture qui réduit l’homme à un déchet, ou à une technique qui se plie à des objectifs mercantiles.»

 Deuxième droit que propose le Pape : le droit à l’espérance. Le droit à ne pas se laisser «envahir par la rhétorique de peur et de haine, à ne pas se laisser submerger par les phrases des populismes» ou les fausses nouvelles. «Les jeunes ont le droit de grandir sans peur de l’avenir, de savoir qu’il existe des réalités belles et durables, pour lesquelles il vaut la peine de risquer, de croire que l’amour vrai n’est pas celui ‘qui s’utilise et se jette’, que le travail n’est pas un mirage, mais une promesse pour chacun ». «Comme il serait bon que les salles de cours soient des chantiers d’espérance, où l’on travaille à un futur meilleur, où l’on apprenne à devenir responsable de soi et du monde !» s’est exclamé le Pape, pour qui la crise que nous vivons constitue une grande opportunité, un défi à accueillir pour devenir artisans de paix.

Dernier droit proposé par le Pape, le Ius pacis, le droit à la paix, qui est aussi un devoir, inscrit dans le cœur de l’humanité. Et à Bologne, où l’humanisme européen plonge ses racines, le Pape a rappelé le 60e anniversaire du Traité de Rome, acte de naissance à l’Union européenne, fondée pour protéger le droit à la paix. Mais aujourd’hui, «de nombreux intérêts et conflits semblent faire s’évanouir ces grandes visions de paix». Et le Pape de rappeler, il y a 100 ans, le cri de son prédécesseur, Benoît XV, qui dénonça «l’inutile massacre» de la Grande Guerre. «Mais l’Histoire nous apprend que toute guerre est inutile», observe le Pape, et qu’il est besoin d’entreprendre des chemins de non-violence et de justice. «Face à la paix, il ne s’agit pas de rester neutres ou indifférents», a martelé le Saint-Père

«L’Université est née ici pour l’étude du droit, pour la recherche de ce qui défend les personnes, règle la vie commune et protège des logiques du plus fort, de la violence et de l’arbitraire (...). Ne croyez pas celui qui vous dit que lutter pour cela est inutile et que rien ne changera ! Ne vous contentez pas de petits rêves, mais rêvez en grand… Les vrais rêves sont ceux que l’on fait les yeux ouverts. », a-t-il exhorté sous les applaudissements aux étudiants, venus nombreux pour l’écouter.

«Avec vous, je renouvelle le rêve d’un nouvel humanisme européen, d’une Europe mère, qui respecte la vie (…), où les jeunes respirent l’air pur de l’honnêteté, aiment la beauté de la culture et d’une vie simple, non polluée par les besoins infinis du consumérisme ; où se marier et avoir des enfants sont une responsabilité et une grande joie, non un problème du fait du manque d’un travail suffisamment stable», a lancé le Pape, reprenant le discours qu’il avait tenu lors de la remise du prix Charlemagne, au Vatican (6 mai 2016).

«Je rêve d’une Europe universitaire et mère qui, se souvenant de sa culture, qui donne espérance à ses fils et soit instrument de paix pour le monde», a –t-il enfin conclu.

(MA)








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