2017-10-05 15:55:00

Le Pape François appelle à résister à «l'avilissement de l'humanisme»


(RV) L’Académie pontificale pour la Vie est appelée par le Pape François à suivre un «nouvel horizon» qui doit permettre de «résister à l’anesthésie et à l’avilissement de l’humanisme».

Dans un discours adressé ce jeudi 5 octobre 2017 aux membres de l’Académie réunis en salle du Synode à l’occasion de leur assemblée plénière, le Pape a tenté de répondre aux «formidables questions» que pose «la puissance des biotechnologies». Le thème de cette rencontre est «Accompagner la vie. Nouvelles responsabilités à l’ère technologique». Ce qui a amené François à revenir sur trois points.

Il y a d’abord la dénonciation de la «culture centrée de manière obsessionnelle sur la souveraineté de l’homme par rapport à la réalité». Certes, concède François, «il ne s’agit pas de nier ou de réduire la légitimité de l’aspiration individuelle à la qualité de la vie et l’importance des ressources économiques ou des moyens techniques qui peuvent la favoriser». Mais, précise le Pape, «on ne peut pas passer sous silence le matérialisme sans scrupule qui caractérise l’alliance entre l’économie et la technique et qui traite la vie comme une ressource à exploiter ou à écarter en fonction du pouvoir et du profit».

Le Pape ne s’arrête pas là et fustige «ce matérialisme technocratique» qui promeut des «promesses illusoires» qui n’entravent en rien la progression des «territoires de la pauvreté et du conflit, du déchet et de l’abandon, du ressentiment et de la désespérance». Dans ce contexte bien noir, «la foi chrétienne nous pousse à reprendre l’initiative». «Le monde a besoin de croyants qui, avec sérieux et joie, soient créatifs et proposent, humbles et courageux, résolument déterminés à réduire la fracture entre les générations».

A la source de cette initiative que le Pape appelle de ses vœux, il y a bien sûr «la Parole de Dieu». A ce titre, «l’encyclique Laudato Si’ est comme un manifeste de cette reprise du regard de Dieu et de l’homme sur le monde» explique François. L’homme n’est pas seulement «un assemblage de cellules bien organisées et sélectionnées au cours de l’évolution de la vie. L’entière création est comme inscrite dans l’amour spécial de Dieu pour la créature humaine», poursuit le Pape.

Il faut donc relire le récit de la Création pour apprécier «le geste de l’amour de Dieu qui confie à l’alliance entre l’homme et la femme la création et l’histoire».

Cette alliance, elle se retrouve dans «l’union d’amour, personnel et fécond, qui marque la route de la transmission de la vie à travers le mariage et la famille». Cette alliance, poursuit le Pape, est «une invitation à la responsabilité pour le monde, dans la culture et dans la politique, dans le travail et dans l’économie et aussi dans l’Église». Cela sous-tend une entente réciproque entre les hommes et les femmes, «créés ensemble, dans leur différence bénie : ensemble ils ont péché, ensemble, avec la grâce de Dieu, ils retournent au dessein de Dieu pour honorer le soin du monde et de l’histoire qu’il leur a confié».

Le défi posé par les biotechnologies constitue ainsi aux yeux du Pape François «une vraie révolution culturelle». C’est pourquoi, il faut, selon lui, reconnaître les «retards et les manques». Il en est ainsi des «formes de subordination qui ont tristement marqué l’histoire des femmes». Elle doivent être «définitivement abandonnées» assène François. Mais «l’hypothèse avancée récemment de rouvrir la route pour la dignité de la personne en neutralisant radicalement la différence sexuelle et, donc, l’entente de l’homme et de la femme, n’est pas juste», affirme-t-il.

«La manipulation biologique et psychique de la différence sexuelle, que la technologie biomédicale laisse entrevoir comme complétement disponible et au choix de la liberté – alors qu’elle ne l’est pas – risque ainsi de démanteler la source d’énergie qui alimente l’alliance de l’homme et de la femme et la rend créative et féconde». Or, «l’alliance générative de l’homme et de la femme est un principe pour l’humanisme planétaire des hommes et des femmes, non un handicap».

Le Pape est enfin revenu sur l’accompagnement et le soin de la vie tout au long de l’histoire individuelle et sociale des individus. Cela demande «la réhabilitation d’un éthos de la compassion ou de la tendresse pour la génération et la régénération de l’humain dans sa différence». Il faut donc retrouver «la sensibilité pour les divers âges de la vie» explique le Pape. Or ce n’est pas la voie que nous avons emprunté en construisant des villes «toujours plus hostiles aux enfants» et des communautés «toujours plus inhospitalières pour les personnes âgées, avec des murs sans portes ni fenêtres».

C’est là que l’Académie a un rôle à jouer pour faire dialoguer les personnes de différents horizons afin de trouver des solutions et ramener l’attention vers les peuples. 

(CV)








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