(RV) En conclusion de son séjour en Birmanie, le Pape François a célébré ce jeudi
matin une messe avec les jeunes, en la cathédrale Sainte-Marie de Rangoun. Dans une
atmosphère très joyeuse et très chaleureuse, le Saint-Père a exhorté les jeunes à
contribuer au développement de leur pays en assumant leur foi catholique avec enthousiasme.
«Comme ils sont beaux les pas des messagers qui annoncent une bonne nouvelle !».
C’est sur cette phrase tirée du livre d’Isaïe que François a basé son homélie. «Il
est beau et encourageant de vous voir, parce que vous nous portez « une bonne nouvelle »,
la bonne nouvelle de votre jeunesse, de votre foi et de votre enthousiasme. (…) Vous
êtes une bonne nouvelle parce que vous êtes des signes concrets de la foi de l’Eglise
en Jésus Christ, qui nous apporte une joie et une espérance qui n’auront jamais de
fin.»
Face aux fractures de la société birmane, François a invité les jeunes à résister
à la tentation du découragement : «Je voudrais que les gens sachent que vous,
jeunes hommes et jeunes femmes de Birmanie, vous n’avez pas peur de croire en la bonne
nouvelle de la miséricorde de Dieu, parce qu’elle a un nom et un visage : Jésus Christ»,
a martelé le Saint-Père. «Comme messagers de cette bonne nouvelle, vous êtes prêts
à porter une parole d’espérance à l’Église, à votre pays, au monde. Vous êtes prêts
à porter la bonne nouvelle aux frères et aux sœurs qui souffrent et qui ont besoin
de vos prières et de votre solidarité, mais aussi de votre passion pour les droits
humains, pour la justice et pour la croissance de ce que Jésus donne : l’amour et
la paix.»
François a aussi invité les jeunes à cultiver le silence, la prière, l’intériorité :
«Cultivez la vie intérieure, comme vous feriez dans un jardin ou dans un champ.
Cela demande du temps, demande de la patience. Mais comme un cultivateur sait attendre
la croissance de la moisson, ainsi, si vous savez avoir de la patience, le Seigneur
vous donnera de porter beaucoup de fruit, un fruit que vous pourrez ensuite partager
avec les autres». «Parlez aussi aux saints, à nos amis du ciel qui peuvent
nous inspirer», a-t-il insisté.
Les remerciements du cardinal Bo :
Lors de cette célébration, le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun, a chaleureusement
remercié le Pape, «apôtre de l’espérance», qualifiant sa visite de «miracle».
«Saint-Père, quand vous été élu, vous aviez dit que les cardinaux étaient allés
chercher le nouveau Pape presque au bout du monde. Devenu Pape, vous avez choisi de
bénir les communautés catholiques les plus reculées. Nous sommes profondément touchés
par Votre amour paternel pour cette Église», s’est exclamé le cardinal Bo.
Et pour que cette visite ait des effets durables, l’archevêque de Rangoon a invité
les jeunes à former «une brigade de paix, une armée de paix».
Le texte
intégral de l'homélie:
Alors que ma
visite à votre belle terre approche de sa conclusion, je m’unis à vous afin de remercier
Dieu pour les nombreuses grâces que nous avons reçues en ces jours. En vous regardant,
vous, jeunes du Myanmar, et tous ceux qui nous suivent au dehors de cette cathédrale,
je désire partager une phrase de la première lecture d’aujourd’hui, qui résonne en
moi. Il s’agit du prophète Isaïe, que Saint Paul a repris dans sa lettre à la jeune
communauté chrétienne de Rome. Écoutons encore une fois ces paroles : «comme ils
sont beaux les pas des messagers qui annoncent une bonne nouvelle !» (cf. Rm
10, 15 ; Is 52, 7).
Chers jeunes
du Myanmar, après avoir entendu vos voix et vous avoir écouté chanter aujourd’hui,
je voudrais vous appliquer ces paroles à vous. Oui, vos pas sont beaux, et il est
beau et encourageant de vous voir, parce que vous nous portez « une bonne nouvelle »,
la bonne nouvelle de votre jeunesse, de votre foi et de votre enthousiasme. Bien sûr,
vous êtes une bonne nouvelle parce que vous êtes des signes concrets de la foi de
l’Eglise en Jésus Christ, qui nous apporte une joie et une espérance qui n’auront
jamais de fin.
Certains se demandent
comment est-il possible de parler de bonnes nouvelles quand beaucoup souffrent autour
de nous. Où sont les bonnes nouvelles quand tant d’injustice, de pauvreté et de misère
jettent une ombre sur nous et sur notre monde ? Mais je voudrais que de ce lieu parte
un message très clair. Je voudrais que les gens sachent que vous, jeunes hommes et
jeunes femmes du Myanmar, vous n’avez pas peur de croire en la bonne nouvelle de la
miséricorde de Dieu, parce qu’elle a un nom et un visage : Jésus Christ. Comme messagers
de cette bonne nouvelle, vous êtes prêts à porter une parole d’espérance à l’Église,
à votre pays, au monde. Vous êtes prêts à porter la bonne nouvelle aux frères et aux
sœurs qui souffrent et qui ont besoin de vos prières et de votre solidarité, mais
aussi de votre passion pour les droits humains, pour la justice et pour la croissance
de ce que Jésus donne : l’amour et la paix.
Mais je voudrais
aussi mettre devant vous un défi. Avez-vous écouté attentivement la première lecture ?
Là saint Paul répète par trois fois la parole sans. C’est une petite parole, qui cependant
nous pousse à penser à notre place dans le projet de Dieu. En effet, Paul pose trois
questions, que je voudrais adresser à chacun de vous personnellement. La première :
«Comment croire en lui, si on ne l’a pas entendu ?» La deuxième : «Comment
entendre si personne ne proclame ?» La troisième : «Comment proclamer sans
être envoyé ?» (cf. Rm 10, 14-15).
J’aimerais que
tous, vous pensiez à fond à ces trois questions. Mais n’ayez pas peur ! Comme un père
(peut-être serait-il mieux de dire un grand-père !) bienveillant, je ne veux pas que
vous soyez seuls à affronter ces questions. Permettez-moi de vous offrir quelques
pensées qui puissent vous conduire sur le chemin de la foi et vous aider à discerner
ce que le Seigneur vous demande.
La première question
de saint Paul est : «Comment croire en lui, si on ne l’a pas entendu ?».
Notre monde est plein de beaucoup de bruits et de distractions qui peuvent étouffer
la voix de Dieu. Pour que d’autres soient appelés à en entendre parler et à croire
en Lui, ils ont besoin de le trouver dans des personnes qui soient authentiques, des
personnes qui sachent comment écouter. C’est certainement ce que vous voulez être.
Mais seul le Seigneur peut vous aider à être authentiques. Pour cela, parlez-lui dans
la prière. Apprenez à écouter sa voix, en lui parlant tranquillement du plus profond
de votre cœur.
Mais parlez aussi
aux saints, à nos amis du ciel qui peuvent nous inspirer. Comme saint André, que nous
fêtons aujourd’hui. Il était un simple pécheur et il est devenu un grand martyr, un
témoin de l’amour de Jésus. Mais avant de devenir un martyr, il a fait ses erreurs
et il a eu besoin d’être patient, d’apprendre graduellement comment être un vrai disciple
du Christ. Vous aussi, n’ayez pas peur d’apprendre de vos erreurs ! Que les saints
puissent vous guider vers Jésus, en vous enseignant à mettre vos vies entre ses mains.
Vous savez que Jésus est plein de miséricorde. Donc partagez avec Lui tout ce que
vous avez dans le cœur : les peurs et les préoccupations, les rêves et les espérances.
Cultivez la vie intérieure, comme vous feriez dans un jardin ou dans un champ. Cela
demande du temps, demande de la patience. Mais comme un cultivateur sait attendre
la croissance de la moisson, ainsi, si vous savez avoir de la patience, le Seigneur
vous donnera de porter beaucoup de fruit, un fruit que vous pourrez ensuite partager
avec les autres.
La seconde question
de Paul est : «Comment entendre si personne ne proclame ?» Voilà une grande
tâche confiée de manière spéciale aux jeunes : être “disciples-missionnaires”, messagers
de la bonne nouvelle de Jésus, surtout pour vos contemporains et vos amis. N’ayez
pas peur de mettre de la pagaille, de poser des questions qui fassent réfléchir les
gens ! Et n’ayez pas peur si parfois vous vous verrez être peu nombreux et éparpillés
ici et là. L’Evangile croît toujours à partir de petites racines. Pour cela, faites-vous
entendre ! Je voudrais vous demander de crier, mais non, non pas avec la voix, je
voudrais que vous criiez par votre vie, par votre cœur, pour être ainsi des signes
d’espérance pour celui qui est découragé, une main tendue pour celui qui est malade,
un sourire accueillant pour celui qui est étranger, un soutien attentif pour celui
qui est seul.
La dernière question
de Paul est : «Comment proclamer sans être envoyé ?» Au terme de la messe,
nous serons tous envoyés prendre les dons que nous avons reçus et les partager avec
les autres. Cela pourrait être un peu décourageant, du moment que nous ne savons pas
toujours où Jésus peut nous envoyer. Mais il ne nous envoie jamais sans marcher en
même temps à nos côtés, et toujours un petit peu devant nous, pour nous introduire
dans de nouvelles et magnifiques parties de son Royaume.
Comment le Seigneur
envoie-il saint André et son frère Simon Pierre dans l’Evangile d’aujourd’hui ? «Suivez-moi»
leur dit-il (cf. Mt 4, 19). Voilà ce que signifie être envoyés : suivre le Christ,
ne pas se précipiter en avant avec ses propres forces ! Le Seigneur invitera certains
d’entre vous à le suivre comme prêtres et à devenir de cette façon “pécheurs d’hommes”.
Il en appellera d’autres à devenir des personnes consacrées. Et d’autres encore il
les appellera au mariage, à être des pères et des mères affectueux. Quelle que soit
votre vocation, je vous exhorte : soyez courageux, soyez généreux et, surtout, soyez
joyeux !
Ici dans cette
belle Cathédrale dédiée à l’Immaculé Conception, je vous encourage à regarder Marie.
Quand elle a dit oui au message de l’ange, elle était jeune comme vous ; mais elle
a eu le courage de faire confiance à la bonne nouvelle qu’elle avait entendue et de
la traduire dans une vie de fidèle dévouement à sa vocation, de total don de soi et
de confiance complète à la tendre prévenance de Dieu. Comme Marie, puissiez-vous être
tous humbles mais courageux pour porter Jésus et son amour aux autres !
Chers jeunes,
avec une grande affection, je vous confie tous ainsi que vos familles à sa maternelle
intercession. Et je vous demande, s’il vous plaît, de vous rappeler de prier pour
moi. Que Dieu bénisse le Myanmar ! [Myanmar pyi ko Payathakin Kaung gi pei pa sei]
(CV)