Le Pape encourage les prêtres et consacrés du Bangladesh
(RV) Après avoir rencontré les évêques bangladais vendredi, le Pape François avait
rendez-vous ce samedi 2 décembre 2017 dans la matinée avec les prêtres, séminaristes,
religieux et religieuses, novices et personnes consacrées en l’église du Saint-Rosaire,
au centre de Dacca, dans le quartier de Tejgaon.
Il s’agit d’un des plus vieux complexes catholiques de la capitale du Bangladesh
comprenant l’ancienne église, du XVIe et XVIIe siècle, l’un des deux cimetières catholiques
de la ville où sont enterrés de nombreux missionnaires, la maison de Mère Teresa qu’il
a visitée auparavant, et deux écoles préparatoires, ainsi que la nouvelle église en
forme de coquille où s’est déroulée la rencontre.
Le Pape François devait prononcer un discours préparé. Mais craignant d’être «ennuyant»,
il a préféré consigner son texte au cardinal archevêque D’Rozario, et a pris la parole
en espagnol, improvisant ce qui lui venait du cœur. Les précisions de notre envoyé
spécial Xavier Sartre
C’est un Pape heureux, confiant, à l’aise qui s’est présenté aux prêtres, aux séminaristes,
aux religieux et religieuses, dont de nombreuses missionnaires de la Charité, venues
en voisines… il a abordé trois thèmes qui lui sont chers et qui lui paraissent essentiels
pour les différentes communautés ecclésiastiques.
Tout d’abord, il a insisté sur le fait de prendre soin de sa vocation, de cette
graine que Dieu a donné à certains. Il faut en prendre soin comme on prend soin des
enfants, des personnes âgées, et ce grâce à la tendresse, sinon, la jeune pousse qui
a germé ne pourra jamais grandir. «Attention toutefois à l’ennemi qui sème la
mauvaise graine, celle de la zizanie parmi tous les groupes.»
Prendre soin, c’est aussi «discerner, prier et demander à Dieu de nous accorder
cette tendresse indispensable à la croissance de cette pousse».
S’adressant ensuite plus spécifiquement aux communautés religieuses, le Pape a
reconnu que cette vie n’était pas facile. Il faut que chaque groupe sache se défendre
contre tout type de division. Citant le cardinal Tauran, il a rappelé que le Bangladesh
était l’un des meilleurs exemples de dialogue interreligieux. «Le Bangladesh se
doit donc d’être un exemple d’harmonie» a exhorté le Pape, faisant référence
aux communautés religieuses. Or, ces dernières doivent faire face à un ennemi en particulier :
les bavardages, ces médisances qui empoisonnent les relations humaines. «Mieux
vaut se mordre la langue que de dire du mal des autres» prévient le Pape. Ou
mieux vaut dire les choses en face quand cela ne va pas.
Enfin, François a souligné combien il était important d’être habité par l’esprit
de joie pour servir Dieu. Reprenant sa métaphore des visages tristes, celles de ceux
qui ont mangé du vinaigre, le Pape a rappelé combien il était nécessaire de supporter
certaines contrariétés pour se rendre compte des bienfaits que dispense Dieu à notre
égard.
Le Pape a donc donné des conseils bienveillants à une Église qu’il a voulu encourager
dans sa mission auprès de tous.
Texte
du discours remis aux participants:
Voyage
Apostolique de Sa Sainteté le Pape François au Bangladesh
Discours
aux prêtres, aux consacrés, aux séminaristes et aux novices
Dacca, église
du Saint Rosaire
Samedi 2 décembre
2017
Chers frères
et sœurs,
Je suis très
heureux d’être avec vous. Je remercie l’Archevêque Moses Costa pour la salutation
chaleureuse qu’il m’a adressée en votre nom. Je suis spécialement reconnaissant à
ceux qui ont donné leurs témoignages et partagé avec nous leur amour de Dieu. J’exprime
aussi ma gratitude au Père Mintu Palma pour avoir composé la prière à la Vierge que
nous réciterons tout à l’heure. En tant que successeur de Pierre il est de mon devoir
de vous confirmer dans la foi. Mais je voudrais que vous sachiez qu’aujourd’hui, à
travers vos paroles et votre présence, vous aussi vous me confirmez dans la foi et
me donnez une grande joie.
La Communauté
catholique au Bangladesh est petite. Mais vous êtes comme la graine de moutarde que
Dieu porte à son accomplissement, en son temps. Je me réjouis de voir comment cette
graine est en train de grandir et d’être le témoin direct de la foi profonde que Dieu
vous a donnée (cf. Mt 13, 31-32). Je pense aux dévoués et fidèles missionnaires qui
ont planté et soigné cette graine de foi pendant presque cinq siècles. Tout à l’heure
je visiterai le cimetière et je prierai pour ces hommes et ces femmes qui, avec beaucoup
de générosité, ont servi cette Église locale. Tournant le regard vers vous, je vois
des missionnaires qui poursuivent cette œuvre sainte. Je vois aussi de nombreuses
vocations nées sur cette terre : elles sont un signe des grâces par lesquelles le
Seigneur la bénit. Je suis particulièrement heureux de la présence parmi nous des
sœurs de clôture, et de leurs prières.
Il est beau que
notre rencontre ait lieu dans cette ancienne église du Saint Rosaire. Le Rosaire est
une méditation magnifique sur les mystères de la foi qui sont la sève vitale de l’Eglise,
une prière qui forge la vie spirituelle et le service apostolique. Que nous soyons
prêtres, religieux, personnes consacrées, séminaristes ou novices, la prière du Rosaire
nous stimule à donner complètement nos vies au Christ, en union avec Marie. Elle nous
invite à participer à l’empressement de Marie envers Dieu au moment de l’Annonciation,
à la compassion du Christ pour toute l’humanité lorsqu’il est suspendu à la croix,
et à la joie de l’Eglise quand elle reçoit du Seigneur ressuscité le don de l’Esprit
Saint.
L’empressement
de Marie. Y a-t-il eu, dans toute l’histoire, une personne aussi empressée que Marie
au moment de l’Annonciation ? Dieu l’a préparée pour ce moment et elle a répondu avec
amour et confiance. De même le Seigneur a préparé chacun de nous, et il nous a appelés
par notre nom. Répondre à cet appel est un processus qui dure toute la vie. Chaque
jour nous sommes appelés à apprendre à être plus empressés envers le Seigneur dans
la prière, en méditant ses paroles et en cherchant à discerner sa volonté. Je sais
que le travail pastoral et l’apostolat demandent beaucoup de vous, et que vos journées
sont souvent longues et vous fatiguent. Mais nous ne pouvons pas porter le nom du
Christ ou participer à sa mission sans être avant tout des hommes et des femmes enracinés
dans l’amour, enflammés par l’amour, par la rencontre personnelle avec Jésus dans
l’Eucharistie et dans les paroles de la Sainte Ecriture. Père Abel, tu nous as rappelé
cela quand tu as parlé de l’importance de faire grandir une relation intime avec Jésus,
parce que là nous faisons l’expérience de sa miséricorde et nous puisons une énergie
renouvelée pour servir les autres.
L’empressement
pour le Seigneur nous permet de voir le monde à travers ses yeux et de devenir ainsi
plus sensibles aux nécessités de tous ceux que nous servons. Nous commençons à comprendre
leurs espérances et leurs joies, les peurs et les poids, nous voyons plus clairement
les nombreux talents, charismes et dons qu’ils apportent pour édifier l’Eglise dans
la foi et dans la sainteté. Frère Lawrence, quand tu parlais de ton ermitage, tu nous
as aidé à comprendre l’importance de prendre soin des personnes pour rassasier leur
soif spirituelle. Puissiez-vous tous, dans la grande variété de vos apostolats, être
une source de restauration spirituelle et d’inspiration pour ceux que vous servez,
les rendant capables de partager toujours plus pleinement entre eux leurs dons, faisant
progresser la mission de l’Eglise.
La compassion
du Christ. Le Rosaire nous introduit dans la méditation de la passion et de la mort
de Jésus. En entrant plus profondément dans ces mystères douloureux, nous parvenons
à connaître leur force salvifique et nous sommes confirmés dans l’appel à en être
participants par nos vies, par la compassion et le don de soi. Le sacerdoce et la
vie religieuse ne sont pas des carrières. Ils ne sont pas des véhicules pour avancer.
Ils sont un service, une participation à l’amour du Christ qui se sacrifie pour son
troupeau. En nous configurant chaque jour à Celui que nous aimons, nous parvenons
à apprécier le fait que nos vies ne nous appartiennent pas. Ce n’est plus nous qui
vivons, mais le Christ qui vit en nous (cf. Ga 2, 20).
Nous incarnons
cette compassion quand nous accompagnons les personnes, spécialement dans leurs moments
de souffrance et d’épreuve, en les aidant à trouver Jésus. Père Franco, merci pour
avoir mis cet aspect au premier plan : chacun de nous est appelé à être un missionnaire,
portant l’amour miséricordieux du Christ à tous, surtout à tous ceux qui se trouvent
aux périphéries de nos sociétés. Je suis particulièrement reconnaissant que beaucoup
d’entre vous, de nombreuses manières, soyez engagés dans les domaines du social, de
la santé et de l’éducation, servant aux besoins de vos communautés locales et des
nombreux migrants et réfugiés qui arrivent dans le pays. Votre service à la plus large
communauté humaine, en particulier à ceux qui se trouvent le plus dans le besoin,
est précieux pour construire une culture de la rencontre et de la solidarité.
La joie de l’Eglise.
Enfin, le Rosaire nous remplit de joie par le triomphe du Christ sur la mort, par
son ascension à la droite du Père et par l’effusion de l’Esprit Saint sur le monde.
Tout notre ministère est orienté pour proclamer la joie de l’Evangile. Dans la vie
et dans l’apostolat, nous sommes tous bien conscients des problèmes du monde et des
souffrances de l’humanité, mais nous ne perdons jamais la confiance dans le fait que
la force de l’amour du Christ prévaut sur le mal et sur le Prince du mensonge qui
cherche à nous induire en erreur. Ne vous laissez jamais décourager par vos manquements
ni par les défis du ministère. Si vous demeurez empressés envers le Seigneur dans
la prière et persévérants à offrir la compassion du Christ à vos frères et sœurs,
alors le Seigneur remplira certainement vos cœurs de la réconfortante joie de son
Esprit Saint.
Sœur Mary Chandra,
tu as partagé avec nous la joie qui jaillit de ta vocation religieuse et du charisme
de ta Congrégation. Marcelius, toi aussi, tu nous as parlé de l’amour que toi et tes
compagnons de séminaire avez pour la vocation au sacerdoce. Tous les deux, vous nous
avez rappelé que nous sommes tous appelés, et, chaque jour, à renouveler et à approfondir
notre joie dans le Seigneur en nous efforçant de l’imiter toujours plus pleinement.
Au début, cela peut sembler ardu, mais cela remplit nos cœurs de joie spirituelle.
Car chaque journée devient une occasion de recommencer, de répondre à nouveau au Seigneur.
Ne vous découragez jamais, parce que la patience du Seigneur est notre salut (cf.
2P 3, 15). Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur !
Chers frères
et sœurs, je vous remercie pour votre fidélité dans le service du Christ et de son
Eglise à travers le don de votre vie. Je vous assure tous de ma prière et je vous
la demande pour moi. Tournons-nous vers la Vierge, la Reine du Saint Rosaire, en lui
demandant de nous obtenir à tous la grâce de grandir en sainteté et d’être des témoins
toujours plus joyeux de la force de l’Evangile, afin de porter guérison, réconciliation
et paix à notre monde.