2017-12-02 08:25:00

Le Pape encourage les prêtres et consacrés du Bangladesh


(RV) Après avoir rencontré les évêques bangladais vendredi, le Pape François avait rendez-vous ce samedi 2 décembre 2017 dans la matinée avec les prêtres, séminaristes, religieux et religieuses, novices et personnes consacrées en l’église du Saint-Rosaire, au centre de Dacca, dans le quartier de Tejgaon.

Il s’agit d’un des plus vieux complexes catholiques de la capitale du Bangladesh comprenant l’ancienne église, du XVIe et XVIIe siècle, l’un des deux cimetières catholiques de la ville où sont enterrés de nombreux missionnaires, la maison de Mère Teresa qu’il a visitée auparavant, et deux écoles préparatoires, ainsi que la nouvelle église en forme de coquille où s’est déroulée la rencontre.

Le Pape François devait prononcer un discours préparé. Mais craignant d’être «ennuyant», il a préféré consigner son texte au cardinal archevêque D’Rozario, et a pris la parole en espagnol, improvisant ce qui lui venait du cœur. Les précisions de notre envoyé spécial Xavier Sartre

C’est un Pape heureux, confiant, à l’aise qui s’est présenté aux prêtres, aux séminaristes, aux religieux et religieuses, dont de nombreuses missionnaires de la Charité, venues en voisines… il a abordé trois thèmes qui lui sont chers et qui lui paraissent essentiels pour les différentes communautés ecclésiastiques.

Tout d’abord, il a insisté sur le fait de prendre soin de sa vocation, de cette graine que Dieu a donné à certains. Il faut en prendre soin comme on prend soin des enfants, des personnes âgées, et ce grâce à la tendresse, sinon, la jeune pousse qui a germé ne pourra jamais grandir. «Attention toutefois à l’ennemi qui sème la mauvaise graine, celle de la zizanie parmi tous les groupes.»

Prendre soin, c’est aussi «discerner, prier et demander à Dieu de nous accorder cette tendresse indispensable à la croissance de cette pousse».

S’adressant ensuite plus spécifiquement aux communautés religieuses, le Pape a reconnu que cette vie n’était pas facile. Il faut que chaque groupe sache se défendre contre tout type de division. Citant le cardinal Tauran, il a rappelé que le Bangladesh était l’un des meilleurs exemples de dialogue interreligieux. «Le Bangladesh se doit donc d’être un exemple d’harmonie» a exhorté le Pape, faisant référence aux communautés religieuses. Or, ces dernières doivent faire face à un ennemi en particulier : les bavardages, ces médisances qui empoisonnent les relations humaines. «Mieux vaut se mordre la langue que de dire du mal des autres» prévient le Pape. Ou mieux vaut dire les choses en face quand cela ne va pas.

Enfin, François a souligné combien il était important d’être habité par l’esprit de joie pour servir Dieu. Reprenant sa métaphore des visages tristes, celles de ceux qui ont mangé du vinaigre, le Pape a rappelé combien il était nécessaire de supporter certaines contrariétés pour se rendre compte des bienfaits que dispense Dieu à notre égard.

Le Pape a donc donné des conseils bienveillants à une Église qu’il a voulu encourager dans sa mission auprès de tous.

Texte du discours remis aux participants:
Voyage Apostolique de Sa Sainteté le Pape François au Bangladesh
Discours aux prêtres, aux consacrés, aux séminaristes et aux novices
Dacca, église du Saint Rosaire
Samedi 2 décembre 2017
Chers frères et sœurs,
Je suis très heureux d’être avec vous. Je remercie l’Archevêque Moses Costa pour la salutation chaleureuse qu’il m’a adressée en votre nom. Je suis spécialement reconnaissant à ceux qui ont donné leurs témoignages et partagé avec nous leur amour de Dieu. J’exprime aussi ma gratitude au Père Mintu Palma pour avoir composé la prière à la Vierge que nous réciterons tout à l’heure. En tant que successeur de Pierre il est de mon devoir de vous confirmer dans la foi. Mais je voudrais que vous sachiez qu’aujourd’hui, à travers vos paroles et votre présence, vous aussi vous me confirmez dans la foi et me donnez une grande joie.
La Communauté catholique au Bangladesh est petite. Mais vous êtes comme la graine de moutarde que Dieu porte à son accomplissement, en son temps. Je me réjouis de voir comment cette graine est en train de grandir et d’être le témoin direct de la foi profonde que Dieu vous a donnée (cf. Mt 13, 31-32). Je pense aux dévoués et fidèles missionnaires qui ont planté et soigné cette graine de foi pendant presque cinq siècles. Tout à l’heure je visiterai le cimetière et je prierai  pour ces hommes et ces femmes qui, avec beaucoup de générosité, ont servi cette Église locale. Tournant le regard vers vous, je vois des missionnaires qui poursuivent cette œuvre sainte. Je vois aussi de nombreuses vocations nées sur cette terre : elles sont un signe des grâces par lesquelles le Seigneur la bénit. Je suis particulièrement heureux de la présence parmi nous des sœurs de clôture, et de leurs prières.
Il est beau que notre rencontre ait lieu dans cette ancienne église du Saint Rosaire. Le Rosaire est une méditation magnifique sur les mystères de la foi qui sont la sève vitale de l’Eglise, une prière qui forge la vie spirituelle et le service apostolique. Que nous soyons prêtres, religieux, personnes consacrées, séminaristes ou novices, la prière du Rosaire nous stimule à donner complètement nos vies au Christ, en union avec Marie. Elle nous invite à participer à l’empressement de Marie envers Dieu au moment de l’Annonciation, à la compassion du Christ pour toute l’humanité lorsqu’il est suspendu à la croix, et à la joie de l’Eglise quand elle reçoit du Seigneur ressuscité le don de l’Esprit Saint.
L’empressement de Marie. Y a-t-il eu, dans toute l’histoire, une personne aussi empressée que Marie au moment de l’Annonciation ? Dieu l’a préparée pour ce moment et elle a répondu avec amour et confiance. De même le Seigneur a préparé chacun de nous, et il nous a appelés par notre nom. Répondre à cet appel est un processus qui dure toute la vie. Chaque jour nous sommes appelés à apprendre à être plus empressés envers le Seigneur dans la prière, en méditant ses paroles et en cherchant à discerner sa volonté. Je sais que le travail pastoral et l’apostolat demandent beaucoup de vous, et que vos journées sont souvent longues et vous fatiguent. Mais nous ne pouvons pas porter le nom du Christ ou participer à sa mission sans être avant tout des hommes et des femmes enracinés dans l’amour, enflammés par l’amour, par la rencontre personnelle avec Jésus dans l’Eucharistie et dans les paroles de la Sainte Ecriture. Père Abel, tu nous as rappelé cela quand tu as parlé de l’importance de faire grandir une relation intime avec Jésus, parce que là nous faisons l’expérience de sa miséricorde et nous puisons une énergie renouvelée pour servir les autres.
L’empressement pour le Seigneur nous permet  de voir le monde à travers ses yeux et de devenir ainsi plus sensibles aux nécessités de tous ceux que nous servons. Nous commençons à comprendre leurs espérances et leurs joies, les peurs et les poids, nous voyons plus clairement les nombreux talents, charismes et dons qu’ils apportent pour édifier l’Eglise dans la foi et dans la sainteté. Frère Lawrence, quand tu parlais de ton ermitage, tu nous as aidé à comprendre l’importance de prendre soin des personnes pour rassasier leur soif spirituelle. Puissiez-vous tous, dans la grande variété de vos apostolats, être une source de restauration spirituelle et d’inspiration pour ceux que vous servez, les rendant capables de partager toujours plus pleinement entre eux leurs dons, faisant progresser la mission de l’Eglise.
La compassion du Christ. Le Rosaire nous introduit dans la méditation de la passion et de la mort de Jésus. En entrant plus profondément dans ces mystères douloureux, nous parvenons à connaître leur force salvifique et nous sommes confirmés dans l’appel à en être participants par nos vies, par la compassion et le don de soi. Le sacerdoce et la vie religieuse ne sont pas des carrières. Ils ne sont pas des véhicules pour avancer. Ils sont un service, une participation à l’amour du Christ qui se sacrifie pour son troupeau. En nous configurant chaque jour à Celui que nous aimons, nous parvenons à apprécier le fait que nos vies ne nous appartiennent pas. Ce n’est plus nous qui vivons, mais le Christ qui vit en nous (cf. Ga 2, 20).
Nous incarnons cette compassion quand nous accompagnons les personnes, spécialement dans leurs moments de souffrance et d’épreuve, en les aidant à trouver Jésus. Père Franco, merci pour avoir mis cet aspect au premier plan : chacun de nous est appelé à être un missionnaire, portant l’amour miséricordieux du Christ à tous, surtout à tous ceux qui se trouvent aux périphéries de nos sociétés. Je suis particulièrement reconnaissant que beaucoup d’entre vous, de nombreuses manières, soyez engagés dans les domaines du social, de la santé et de l’éducation, servant aux besoins de vos communautés locales et des nombreux migrants et réfugiés qui arrivent dans le pays. Votre service à la plus large communauté humaine, en particulier à ceux qui se trouvent le plus dans le besoin, est précieux pour construire une culture de la rencontre et de la solidarité.
La joie de l’Eglise. Enfin, le Rosaire nous remplit de joie par le triomphe du Christ sur la mort, par son ascension à la droite du Père et par l’effusion de l’Esprit Saint sur le monde. Tout notre ministère est orienté pour proclamer la joie de l’Evangile. Dans la vie et dans l’apostolat, nous sommes tous bien conscients des problèmes du monde et des souffrances de l’humanité, mais nous ne perdons jamais la confiance dans le fait que la force de l’amour du Christ prévaut sur le mal et sur le Prince du mensonge qui cherche à nous induire en erreur. Ne vous laissez jamais décourager par vos manquements ni par les défis du ministère. Si vous demeurez empressés envers le Seigneur dans la prière et persévérants à offrir la compassion du Christ à vos frères et sœurs, alors le Seigneur remplira certainement vos cœurs de la réconfortante joie de son Esprit Saint.
Sœur Mary Chandra, tu as partagé avec nous la joie qui jaillit de ta vocation religieuse et du charisme de ta Congrégation. Marcelius, toi aussi, tu nous as parlé de l’amour que toi et tes compagnons de séminaire avez pour la vocation au sacerdoce. Tous les deux, vous nous avez rappelé que nous sommes tous appelés, et, chaque jour, à renouveler et à approfondir notre joie dans le Seigneur en nous efforçant de l’imiter toujours plus pleinement. Au début, cela peut sembler ardu, mais cela remplit nos cœurs de joie spirituelle. Car chaque journée devient une occasion de recommencer, de répondre à nouveau au Seigneur. Ne vous découragez jamais, parce que la patience du Seigneur est notre salut (cf. 2P 3, 15). Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur !
Chers frères et sœurs, je vous remercie pour votre fidélité dans le service du Christ et de son Eglise à travers le don de votre vie. Je vous assure tous de ma prière et je vous la demande pour moi. Tournons-nous vers la Vierge, la Reine du Saint Rosaire, en lui demandant de nous obtenir à tous la grâce de grandir en sainteté et d’être des témoins toujours plus joyeux de la force de l’Evangile, afin de porter guérison, réconciliation et paix à notre monde.

(CV-XS)

 

 








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